dimanche 20 décembre 2015

suite de la légende

  
                    "A l'aube, et à mi-distance des mers réunies par la masse d'Hercule, la bête s'arrêta.
D'une hauteur ils dominaient le moutonnement des feuillages ; et, là-bas, au levant, là-bas à l'occident, les eaux plates sertissaient les bois d'une frange d'écume et se perdaient dans les confins par le mariage du ciel et de la terre.
Sur la pointe de sa queue, le serpent se mit en giration.
La spire de feu monta jusqu'au Zénith. Cette espèce d'entonnoir spiroïdal tournait à une vitesse folle, couleur de soleil, diffusait des ondes musiciennes, douces et plaintives, comme celle d'une harpe éolienne touchée par le souffle d'un soupir amoureux.
La queue du serpent perçait le mamelon.
A mesure qu'elle s'enfonçait, les feuilles, croyant à l'automne, se détachaient des arbres.
Un maelström à gueule de four, creusait les terres et les roches.
Le cône tourbillonant vitrifiait ses parois.
Lorsque la tête du reptile fut à niveau du sol, ses anneaux dépliés fusèrent vers le ciel, puis disparurent verticalement, au centre de l'abîme.
Au bord du gouffre, maintenent refroidi, Hercule perçut les premières et les dernières paroles de son guide.
- Je vais dit-il, goûter le bon sommeil au fond du lac en fusion qui dort au sein de la terre, car le feu est l'âme des choses et des mondes.
Aussitôt le colossal cratère se combla de sables et de rocailles.
Un simple trou, tapissé de mousses et de roses indiquait sa place.
Hercule comprit : c'était la tombe de Pyrène.
Il l'y déposa.
Des gerbes de fleurs lui firent un linceul.
A la nuit, la lune inonda l'océan noir de la forêt de vagues bleuissantes.
Hercule pleurait.
Sa peine adoucie montait à l'adresse des dieux.
Soudain, le rugissement d'un fauve secoua les rayons de la lune.
Ainsi le vent des hauteurs gonfle et déploie au bord d'un nuage lointain, les rideaux de la pluie.
Alors Hercule, une rage aux dents, saisit sa massue de fer, et, fou, grand, énorme, le torse nu sous la peau du lion de Némée, partit en chasse.
De la mer bleue à la mer verte, les cranes des bêtes féroces éclataient sous les coups de massue.
Le blond colosse allait, couvert de sang, reprenant sans arrêt le même geste de vengeur.
Une averse rouge, partie du sol, jaillissait jusqu'aux cimes des arbres.
Des lambeaux de toisons, où luisaient des cassures d'os, flottaient parmi les branches.
Six fois la lune se leva sur ce carnage.
La septième apparition de l'astre nocturne enveloppa de sommeil la fatigue du fils de Jupiter."............................................................................................


Vous n'en avez pas fini avec le fantastique de ce récit, nous nous acheminons doucement vers l'apothéose ;  vous ne regarderez plus les Pyrénées sans avoir une pensée pour Pyrène.
 à suivre donc, pour le dernier acte.



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