mercredi 31 mars 2021

Desvallières à Londres

  Pas de voyage à Rome pour Desvallières mais un départ pour Londres en 1903,

 il suit ainsi le chemin tracé par Derain, Monet et d'autres et sur les traces de

 Turner. Une occasion de s'affranchir des influences de Moreau mais en suivant ses 

conseils il le dit : "Gustave Moreau, en même temps qu'il m'aidait à pénétrer  les 

maîtres anciens, m'apprenait à aimer Degas le solitaire si critiqué, Lautrec dont

 on refusait hier encore une toile au Luxembourg".

 Il va intensément travailler à Londres faisant de l'éclairage un élément audacieux

 de cette  nouvelle découverte des lumières festives des réunions londoniennes.

 Le souvenir de ces fêtes lui permettront la réalisation d'une grande toile :

                        " Choses vues (souvenirs de Londres)"

149 X 134 cm

 Il va vous falloir  aller au Japon pour la voir car Torajiro Kojima en fait l'acquisition

 en 1920 pour le compte de Magosaburo Ohara et elle repose désormais à

 Kurashiki au Ohara Museum of Art.

                   http://www.ohara.or.jp/en/about/

https://www.youtube.com/watch?v=_IoiRHojtAE

 Les toiles de Desvallières ont beaucoup voyagé !! pour la première exposition de

 la Toison d'or à Moscou en 1908 où vont se confronter les fauves occidentaux à la

 nouvelle peinture russe, Kouznetsov, Larionov, Gontcharova.

 Au Moulin Rouge

 huile sur carton en 1904  Huile sur carton 104 X 72.5 cm
 

Il a donc bien pris le virage de cette nouvelle peinture,  premier vice-président du

 salon d'Automne :  Derain, Matisse ou Marquet,  ne manqueront pas de

l' influencer à leur tour. Il prendra aussi leur défense dans "La grande revue de 

l'Art, en tant qu'éditeur de cette revue, notamment celle de Matisse .

 il en dit : " notre intellience artistique ne saurait être indifférente aux trouvailles

 faites par cet artiste, car grâce à elles, il nous a débarrassés de mille habitudes de

 mains néfastes, il a libéré notre oeil en quelque sorte, il a élargi notre 

compréhension du dessin, et personne ne peut produire sainement aujourd'hui

 sans avoir étudié  ce que cette école nous apporte"

Je crois que le" you tube" que je vous ai proposé  vous permet de prendre 

conscience de la valeur de Desvallières. Bien documenté aussi ce PDF

http://www.museedeseineport.info/Bibliotheque/Duprey/George%20Desvalli%C3%A8res%20par%20Aurore%20Duprey.pdf

" La Frayeur devant les bêtes sauvages "de 1908 est restée à Paris de 1908

 détail de la frise des Bucoliques. Hotel Rouché

            https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Rouch%C3%A9

                                                                                                      à suivre

                                                                                               

samedi 27 mars 2021

Peintre de la guerre et de la foi : George Desvallières

 On le dit "oncle des fauves", mais aussi suiveur de Gustave Moreau 

              https://journals.openedition.org/lisa/4828

 un peintre puissant, une nature forte, et nous ne quittons pas le musée d'Orsay 

 avec ses "Tireur à l'arc" de 1895, un pastel sur papier gris beige

 137,05 X 227,5cm

 

 Il faut posséder toutes les vertus pour s'engager dans la première guerre

mondiale à 53 ans de même qu'une robuste constitution au sein de son régiment

 de chasseurs alpins dans les Vosges: une foi solide pour y laisser son fils  et

 consacrer dorénavant sa peinture au sacré ; loin des des déesses inspirées de

 Gustave Moreau : il faudra être sur place pour la voir au Japon  au musée des

 beaux-Arts de Gifu. (1899) huile sur bois : Flore triomphante.

 


 Le Petit Palais lui consacre une exposition en 2016


Peintre profane à ses débuts placés sous le parrainage de Gustave Moreau, Desvallières manifeste très jeune son indépendance vis-à-vis de l’enseignement académique et une curiosité pour toutes les formes d’art. Son style évolue vers un naturalisme critique qui dépeint les nuits cosmopolites de Londres et de Montmartre. Son engagement dans la fondation du Salon d’automne, inauguré en 1903 au Petit Palais, marque un tournant dans sa carrière. Ce salon y accueillera les avant-gardes du fauvisme puis du cubisme que George Desvallières défendra face au déchainement de la critique.

La maturité venue, l’artiste retrouve la foi et défend avec Georges Rouault un christianisme militant et social étayé par la forte personnalité de Léon Bloy. Chef de bataillon durant la Grande Guerre, il sera l’un des premiers artistes, au retour du front, à mettre en image l’expérience inouïe des combats. Ses quêtes spirituelles attisées par son vécu douloureux de la guerre en font l’un des plus actifs défenseurs du renouveau de l’art sacré, formant aux côtés de Maurice Denis une jeune génération d’artistes chrétiens.

Salué en 1937 à l’exposition des « Maîtres de l’art indépendant » organisée au Petit Palais, l’oeuvre de Desvallières est à nouveau mis en lumière au musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Le parcours de l’exposition suit de manière chronologique l’évolution de son art durant 60 ans. L’originalité de sa peinture s’y révèle par sa constante tension entre le corps et l’esprit, le charnel et le spirituel.

Un dispositif vidéo évoque les grands décors religieux et commémoratifs restés in situ, de Paris à Douaumont.

L’exposition est accompagnée par la publication d’un catalogue qui prolonge la découverte de ce peintre singulier, si influent en son temps.

Isabelle Collet, conservateur en chef au Petit Palais, commissaire

Catherine Ambroselli de Bayser, conseiller scientifique

           La Grèce

 Ne mélangeons pas le profane et le sacré, "l'Enlèvement de Proserpine" nous offre

 un autre regard avec cette gouache sur papier à Autun musée Rolin, toute aussi 

colorée

 


 mais l'on retrouve à nouveau l'inspiration de Gustave Moreau  dans ce Nu sur

 bois de 1901 au musée des beaux-Arts de Reims

 


                                                                                           à suivre

vendredi 26 mars 2021

Le verre américain : suite

  Il est intéressant de noter au travers de ces divers éléments que sont la 

tapisserie ou le vitrail à quel point les innovations,  le désir de modernité, peuvent 

apporter un regard nouveau sur l'art.... mais n'a-t-on pas fait le tour du problème.

 Si l'on crée de nouveaux matériaux, ce sont les plus anciens qui sont toujours

 utilisés, même s'ils sont traités différemment,  les pigments, les argiles, les laines

 le fer  etc..

Les possibilités de matière et de couleur qu'offre cette nouvelle façon de traiter le

 verre reçoivent l'éloge  des contemporains de cette exposition universelle.

Le verre opalescent  est comparé aux plus précieuses pierres, rubis, agate,

 marbre, utilisé en cabochons il donne du relief à toutes les représentations 

animales végétales ou minérales.

Je suis partie à la recherche de ce panneau d'Oudinot pour le pavillon de 

l'Argentine (déjà cité) sans arriver à le retrouver, il faut souligner que ce pavillon a 

été démonté et ses éléments récupérés en plusieurs endroits, dommage  !

  Le verrier Edouard Didron est dithyrambique à son sujet :

"une superbe matière qui apporte au vitrail un élément précieux"

"sur fond blanc et nacré, aux reflets un peu trop bruns, divisé par une mise en

 plomb affectant des formes géométriques, se détache un paon aux brillantes

 couleurs.

 Le corps de l'oiseau est d'un superbe bleu saphir .....aigrette turquoise, oeil 

rouge... éventail de plumes jaunes bleues d'une vigueur de ton saisissante et 

oscellées avec des fragments de verre de plusieurs teintes réunies par le plomb.

  Appert remarque que le verre américain produit un effet magnifique, lui-même

 s'est lancé dans la fabrication des verres opalins réduisant ainsi le coût de

 l'importation et des frais de douane.

 En le fabriquant, il est à même d'en percevoir toute la richesse des tons produits 

par cette fusion.

 http://www.verre-histoire.org/colloques/innovations/pages/p404_01_luneau.html

 https://www.youtube.com/watch?v=77EUuA8qKi0

 https://www.youtube.com/watch?v=8G5GxKT5t0U

 Mais revenons à la fin du XIX ème siècle et consolons-nous  avec ce vitrail "le

 Chemin de vie" de 1895. 305 X 100 cm au musée départemental Maurice Denis


 

 Les verriers voudront toujours respecter  un 

équilibre entre les deux fabrications  : les Nabis

 ne voudront pas abandonner le verre peint.

Maurice Denis reste réticent et attaché aux

 traditions, il travaille avec Henri Carot pour la

 fabrication de ce vitrail où il va privilégier les

 verres d'Appert mais il s'estime" ravi de cet art

 merveilleux".

 Mais au fond ce mélange des deux techniques

 n'est il pas merveilleux ?

 Certains verriers français feront cependant de la

 résistance voulant conserver la tradition sans

 innovation dans leurs oeuvres.

  Henry Coulier animateur d'une association de

 peintres verriers fondée en 1877 est assez

 critique, j'oserais dire violent à l'égard du verre 

américain qui selon lui signerait l'arrêt de mort 

du verre  français .

 Nous pouvons voir son "Allégorie" de 1895 au Musée d'Orsay 

 


  Nous aurions pu voir la tendance actuelle  à la Biennale des verriers de Carmaux

 https://inventaire.poitou-charentes.fr/operations/les-objets/157-decouvertes/357-les-vitraux-au-20e-siecle-quelques-temoignages-de-modernite-en-poitou-charentes

https://www.connaissancedesarts.com/musees/acquisitions/le-musee-dorsay-acquiert-un-rare-vitrail-de-lartiste-preraphaelite-burne-jones-11149891/

 

 Carton de vitrail de Vuillard commandé par Samuel Bing

 pour être réalisé à New-York par Tiffany 'Les marroniers"







jeudi 25 mars 2021

Le verre américain

  C'est une création  des verreries de Brooklyn dans les années 1880 initiée par 

Louis Comfort Tiffany et John Lafarge, avec l'aide des cristaliers de Lorraine.

 A destination des vitraux, une de leur face comporte des reliefs réguliers

ou irréguliers. Leurs couleurs sont aléatoires ces verres en fusion de divers coloris 

 étant coulés ensemble, la feuille de verre est ensuite laminée puis travaillée et 

ensuite recuite. Ils parviendront jusqu'en France dans les années 1889 et 1900, 

présentés à l'Exposition Universelle de 1889 dans les oeuvres des peintres 

verriers américains dont Healy et Millet de Chicago, Walter Greenwood de New-

York. Les stands de producteurs comme celui  d'Edward Henry, les proposent aussi

 et la France  va les adopter dans la composition de certains vitraux dont ceux du 

pavillon de l'Argentine dans l'atelier Gaudin,  pour une oeuvre d'Eugène Oudinot.

 

 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01693889/document

 

Cartons en tapisseries mais aussi cartons pour les verrières : Eugène Grasset

  dessine  un Saint Georges exécuté par Lucien Bégule, dont les bordures seront

en verre américain.

  conservé au Musée des Beaux Arts de Lyon. 200 X 94cm


Nous avons donc en 1889 quatre peintres verriers français qui utilisent le verre 

    américain, dont le Clermontois Félix Gaudin qui a connu ce matériau lors de ses

 voyages aux  Etats-Unis.

 https://books.google.fr/books?id=pKNrA4lMdzMC&pg=PA483&lpg=PA483&dq=vitrail+pavillon+argentine+Oudinot&source=bl&ots=wyppNKIvzm&sig=ACfU3U0x4U6uIS6qLsGRZwf1oAgz55JMHg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjj36-PmMvvAhVzA2MBHRt3DJcQ6AEwAnoECAEQAw#v=onepage&q=vitrail%20pavillon%20argentine%20Oudinot&f=false

  Gaudin surtout qui va en faire la promotion auprès des architectes.

 Le marchand d'art Siegfried Bing commercialisera les vitraux de Louis Comfort 

Tiffany et commande des cartons aux peintres nabis ainsi qu'à Henri de Toulouse 

Lautrec,  il faudra aller après réouverture voir   "Au nouveau cirque  Papa 

chrysanthème" de 1896 au Musée d'Orsay.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  La verrerie Appert prendra très vite le virage du verre américain qui apportait

 plusieurs avantages. 

 http://www.verre-histoire.org/colloques/innovations/pages/p402_01_carre.html

 

  Il va être intéressant de se pencher sur cette fabrication dans son pays d'origine

 avec Tiffany

  https://etheses.whiterose.ac.uk/3991/2/1._Stained_Glassworlds_Text_FINAL_SUBMISSION.pdf

                                  https://www.youtube.com/watch?v=JWJgU7UTy4o

 

Beau panel de vitraux d'Eugène Oudinot qui utilise le verre américain dès

1880 et cède son stock de verres  à Félix  Gaudin

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01693889/file/2016CLF20021_DUNTZE-OUVRY_1_2.pdf

 Vous pourrez  aussi admirer au musée Adrien Dubouché ce splendide 

portrait de Michel- Ange par Eugène Oudinot

 


 


mercredi 24 mars 2021

Renouveau et art nouveau : suite

 Sur ces débats pour renouveler, transformer, que dis-je ! le métier de licier,

 chacun se fera sa propre idée, c'est en tout cas une preuve de modernité et 

d'adaptation que vouloir suivre .. le courant ; faire appel aux peintres du moment 

en est la moindre démarche ! 

 Là où le bas blesse c'est l'introduction de la "restriction" moins de points, moins

 de nuances et moins de liberté pour le licier qui devra s'en tenir aux seules

 indications du carton que l'on va numéroter, pour lequel carton,  le peintre sera

 tenu aussi de réduire la nuance, ce qui fait tout le charme de l'impressionnisme !

 Soyons déjà heureux que ces manufactures existent toujours.

En 1946 une grande exposition au musée d'Art Moderne précisa à l'instigation de 

Jean Cassou et de Jean Lurçat "la renaissance" de cet art.



https://www.google.com/search?channel=fs&sxsrf=ALeKk00P0eTLq-HcMYkAAS6r8xHD1jBB9Q:1616575599145&source=univ&tbm=isch&q=jean+lur%C3%A7at+tapisserie&client=ubuntu&sa=X&


Dans mes archives vous pouvez retrouver les tapisseries de Dom Robert à Sorèze

https://www.google.com/search?q=dom+robert&tbm=isch&client=ubuntu&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiZtKy4xcjvAhUMwIUKHWfhDQ4QrNwCKAJ6BQgBENwB&biw=1845&bih=953

Pour en savoir un peu plus sur Lurçat 

https://www.cite-tapisserie.fr/fr/ressources-th%C3%A9matiques/les-artistes-de-la-tapisserie/jean-lur%C3%A7at-1892-1966

Il faudrait aussi revenir sur ma visite au musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan.

 On peut faire de la résistance en tissant ce que ne manqua pas de faire Lurçat !!

            https://www.panoramadelart.com/Liberte-eluard-lurcat-tapisserie

 

Sur mes cahiers d’écolier 

Sur mon pupitre et les arbres

 Sur le sable sur la neige 

J’écris ton nom

 Sur toutes les pages lues 

Sur toutes les pages blanches

 Pierre sang papier ou cendre 

J’écris ton nom

 Sur les images dorées

 Sur les armes des guerriers

 Sur la couronne des rois

 J’écris ton nom

 Sur la jungle et le désert

 Sur les nids sur les genêts

 Sur l’écho de mon enfance

 J’écris ton nom

 Sur les merveilles des nuits

 Sur le pain blanc des journées 

Sur les saisons fiancées

 J’écris ton nom

 Sur tous mes chiffons d’azur

 Sur l’étang soleil moisi 

Sur le lac lune vivante 

J’écris ton nom

 Sur les champs sur l’horizon

 Sur les ailes des oiseaux 

Et sur le moulin des ombres 

J’écris ton nom

 Sur chaque bouffée d’aurore

 Sur la mer sur les bateaux 

Sur la montagne démente

 J’écris ton nom

 Sur la mousse des nuages

 Sur les sueurs de l’orage

 Sur la pluie épaisse et fade 

J’écris ton nom

 Sur les formes scintillantes 

Sur les cloches des couleurs

 Sur la vérité physique 

J’écris ton nom

 Sur les sentiers éveillés 

Sur les routes déployées

 Sur les places qui débordent

 J’écris ton nom

 Sur la lampe qui s’allume 

Sur la lampe qui s’éteint

 Sur mes maisons réunies

 J’écris ton nom

 Sur le fruit coupé en deux 

Du miroir et de ma chambre

 Sur mon lit coquille vide

 J’écris ton nom

 Sur mon chien gourmand et tendre

 Sur ses oreilles dressées 

Sur sa patte maladroite 

J’écris ton nom

 Sur le tremplin de ma porte 

Sur les objets familiers

 Sur le flot du feu béni

 J’écris ton nom

 Sur toute chair accordée

 Sur le front de mes amis

 Sur chaque main qui se tend 

J’écris ton nom

 Sur la vitre des surprises 

Sur les lèvres attentives 

Bien au-dessus du silence 

J’écris ton nom

 Sur mes refuges détruits

 Sur mes phares écroulés

 Sur les murs de mon ennui

  J’écris ton nom

 Sur l’absence sans désir

 Sur la solitude nue

 Sur les marches de la mort 

J’écris ton nom

 Sur la santé revenue

 Sur le risque disparu 

Sur l’espoir sans souvenir 

J’écris ton nom

 Et par le pouvoir d’un mot 

Je recommence ma vie 

Je suis né pour te connaître

 Pour te nommer

 Liberté.

                 Paul Eluard,Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)

 


                  Et maintenant...

 https://www.mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-decorum-tapis-et-tapisseries-dartistes


 

 

mardi 23 mars 2021

Renouveau ou tatonnements dans l'art de la tapisserie

 Modernisation des mobiliers  dans cet entre-guerre, accueil des artistes

 contemporains avec des hésitations sur le chemin à prendre, voilà à quoi l'on 

assiste dans les années 1920 : et pour le résoudre le nouveau directeur  de la 

manufacture de Beauvais, lance une "Enquête" à la fin de 1922 grâce au Bulletin 

de la vie artistique dont le rédacteur est Guillaume Janneau. Il souhaite accélérer

la production pour obtenir ainsi une addition moins lourde mais accélérer c'est 

simplifier ou réduire les dimensions. Jean Allabert décide de lancer une collection 

de sacs à main ... 

 


               20 exemplaires de ce modèle de Jean Poiret entre 1927 et 1932

......rationaliser la production  et responsabiliser davantage le licier.

 et pour cela utiliser le calque, entre autre. ( Janneau qui deviendra directeur de 

cette manufacture en 1935 faisant alors appel à jean Lurçat). Cet écran de

 tapisserie d'après  "l'Odalisque" de ce dernier tissé entre le 1er avril et le 6 juillet

 1932 exprime bien la simplification à laquelle veulent parvenir ces directeurs.

                                                                        Paris . Mobilier National.

 Dans cette" enquête" les avis sont partagés, à qui faut-il faire appel Maurice 

Denis, Puvis de Chavannes, Jules Flandrin ,Vlaminck, Braque?   le colorisme exalté

 de Matisse semblait bien approprié, mais la majorité opte pour le cubisme, celui-

 ci se rattachant  à l'ordre architectural et décoratif de l'Art Déco. 

 Et pourquoi pas Raoul Dufy  ?  mais celui-ci semble trouver un malin plaisir  à

 répondre à cette invite en prenant le contre-pied de cette  esthétique nouvelle,

 il va créer une merveille sise aussi au Mobilier National qui prendra 9 années de

 tissage du 9 septembre 1924 au 17 juin 1933 . tant de dégradés de tons pour  10

 centimètres carrés par an !! contre  un mètre carré par an pour Aubusson.



 J'aurais bien voulu connaître le nombre de fauteuils mais je n'ai pas eu la patience d'aller jusqu'au bout de ma recherche..

https://collection.mobiliernational.culture.gouv.fr/recherche

 https://collection.mobiliernational.culture.gouv.fr/objet/BV-473-000

  Bien que m'étant baladée au Civil War  Museum de Philadelphie  je n'ai pas

réussi à trouver  la tapisserie de Gustave Jaulmes tissée en 1923 et offerte à cette 

institution

... peut-être en France

 https://www.wto.org/french/res_f/booksp_f/cwr11-3_f.pdf

et bien si !! la voilà 

https://www.photo.rmn.fr/archive/12-546839-2C6NU08744XX.html

                                                                                    à suivre

lundi 22 mars 2021

L' Art Nouveau en tapisserie

  Ne dites pas  "Ah ! l'art nouveau, je n'aime pas", assez "typé" je l'avoue,

 reconnaissable au premier coup d'oeil !

La manufacture de Beauvais a tissé de bien belles choses.  et suivi le fil des

 époques  avec de nouveaux peintres et cartonniers.

 C'est aux Gobelins que voit le jour" la Sirène et le poète" d'après la composition

de Gustave Moreau présentée à l'Exposition Universelle de 1900, 

un exploit des liciers tant l'oeuvre était difficile à restituer dans ses détails.

 Consevée au Mobilier National, tissée de décembre 1895 à avril 1899. C'est une 

haute lisse  de 3 mètres 49 de haut et 2 m 50 de large. On voit enfin apparaître le

 nom des liciers...  Pour celle-ci il s'agit de Justin Cochery en chef de pièce, 9 fils

de chaîne au cm carré, l'emploi d'un point rarement utilisé, le point "crapaud" en

 laine,  soie et or.

                            https://www.youtube.com/watch?v=nGPeEOCwVXI

https://books.openedition.org/mnhn/532?lang=fr

 Dans la période de l'entre- deux guerres, le fils de Camille Pissaro, Georges

 Manzana-Pissarro (nom de sa mère) crée de nombreux objets, tapisseries, tapis

 meubles ou verreries, ainsi que des peintures, gravures ou lithographies dans le

 style Art Nouveau et Art Déco (1925-1930), exposés en 1914 au Musée des Arts

 Décoratifs de Paris. Cette tapisserie de basse lisse, laine et soie 6 fils au cm vers

 1910-1912 s'y trouve d'ailleurs, son titre "Nativité".


 Une autre artiste, Blanche Ory-Robin emploie des matériaux divers : de 1909, 

   la tapisserie "Fontaines jaillantes " est aussi au Musée des Arts décoratifs.

Un peu "précurseur"  dans l'utilisation  de matéraux divers, chanvre, soie verre 

argent ou or ; il faudra cependant attendre les Biennales de  Lausanne pour

 laisser  toute latitude aux liciers de faire de la matière tissée une oeuvre 

tridimensionnelle.

 

Elle est,  avec son feuillage, très "Art Nouveau".

 https://www.letemps.ch/culture/biennales-lausanne-une-histoire-coeur

         https://core.ac.uk/download/pdf/237323972.pdf

 Blanche Ory'Robin (1862-1942) s'exprime dans une revue 'La Douce France" dans

 un article d'octobre 1919 : elle travaillait encore dans son propre atelier à 

Fontenay-aux-Roses "Chaîne et Trame" en 1935.

" C'est le fil qui donne sa valeur à la tapisserie, bien plus que la couleur dont il est 

imprégné. Toute étoffe accroche la lumière par chacun de ses fils ; une texture de 

soie dont les traits sont lancés en des sens différents, une texture de chanvre dont

 les fils forment relief, peuvent, dans la même couleur, donner naissance à des

 nuances infiniment plus variées que le peintre n'en obtient, avec toute la 

virtuosité de ses touches, dans un seul ton de peinture.

 D'où vient cela ?  de ce que la laine, le chanvre, le lin, l'or et l'argent lamé 

possèdent, grâce à leur propre volume, des valeurs qui leur sont propres.

C'est avec l'intelligence de ces valeurs que nous pourrons revivifier l'art de la

 tapisserie" 

      On verra demain une conception plus classique de la tapisserie .

https://sites.google.com/a/du.books-now.com/en59/9782904187308-78norsupGEcenvi45

https://digital.library.unt.edu/ark:/67531/metadc798443/m2/1/high_res_d/1002782295-Taylor.pdf

                        https://www.youtube.com/watch?v=CR88SjtToII


dimanche 21 mars 2021

Le Printemps

 A changement de saison,  changement de siècle  mais pas forcément de matière

juste le temps d'affiner mes recherches.

Pour vous faire patienter, les fleurs de mon jardin, et un petit tour en forêt bien

 d'actualité encore que, à chaque jour qui passe, les fleurs suivent le temps de

leur  floraison.

 C'est déjà la fin des jacinthes,  des jonquilles et les tulipes sont déjà en bouton

 avec le petit coup d'arrêt d'une belle neige ce week-end.

                https://www.youtube.com/watch?v=BYUASTjanyQ


Les butineuses sont de sortie, et s'empressent de cueillir le nectar des muscaris


 























           Mes parterres d'hellébores ont été somptueux



            Le couple de geais ne s'y est pas  trompé, enfin le temps de sortir de la

 forêt pour venir par vagues successives cueillir les cacahuètes mises à leur 

disposition


Les mésanges bleues ou charbonnières trouvent ici leur becquées  en toutes 

saisons et, ont réapparues les mésanges à longue queue, un peu frigorifiées...



 Au bord du sentier de montagne ce petit papillon a dû mettre le coup 

                                                                    d'accélérateur pour éclore


  les violettes aussi peuvent être escaladeuses, en profitant d'un filet du ru qui 

                s'échappe en cascades.





















Les pics ont déjà testé le tronc du vieil arbre


 

Il en aura bientôt d'autres !



perchoir idéal pour des

 rapaces


Pervenches et anémones

 

 sauvages et  timides 

 

s'empressent de tapisser le 

 

sol .










 Plus vives à la maison,  les primevères !




vendredi 19 mars 2021

Les marbres de Coysevox

 Ne quittons pas trop vite le règne de Louis XIV,  entrons dans ce Louvre encore

 clos pour quatre semaines de plus .... en retrouverons-nous un jour l'entrée ?

Antoine Coysevox est le maître incontesté de cette deuxième partie du règne du 

Roi-Soleil surnommé le "Rigaud de la sculpture" il faut dire que cette période a

été riche d'artistes talentueux.

 Hommage à celui qui grâce à la cassette royale a su mettre en oeuvre l'éclosion

 des académies de tous les arts, Colbert. 

                                 Priant de Colbert à l'Eglise St Eustache Paris

                      marbre d'Antoine Coysevox .1685-1687

 On peut déjà admirer la maîtrise de son ciseau. Il avait débuté sa carrière à 

Saverne auprès du cardinal de Furstemberg  entre 1667 et 1671, sans aller jusqu'à

 Rome. Il revient ensuite dans sa ville natale à la fin de ce séjour et n'entame la

 réalisation des décors de l'escalier des Ambassadeurs de Versailles qu'en 1678 :

 l'Académie royale de peinture et de sculpture l'avait déjà admis en son sein 

comme professeur en 1677 il y gravit les échelons pour en devenir chancelier 

perpétuel en 1716. Il vit aux Gobelins possède un atelier à Versailles un 

appartement au Louvre et toute l'attention du roi qui vient lui rendre visite

lorsqu'il travaille à Marly. Ses émoluments se chiffrant en millier de livres lui 

permettent d'acheter une maison à Paris en 1709. Il n'obtint cependant jamais le

 titre de "sculpteur du roi": il faut souligner qu'il travaille avec nombre de

 collaborateurs. C'est le cas de ce priant de Colbert dont il partage l'exécution avec

 Tuby sur un dessin de Charles Le Brun, l'aide de ses élèves n'est pas négligeable, 

il s'agit  de Nicolas et Guillaume Coustou, Jean Joly ou René Frémin, de François 

Coudray, Jean-Louis Lemoyne, Jean Thierry; mais n'est-ce pas aussi le cas des 

grands peintres?

 On le sait affable,  bienveillant  et accommodant avec ses commanditaires 

contrairement à certains de ses contemporains qui refusent une commande, se

 jugeant insuffisamment rétribués,  je pense à Pierre Pujet ou Pierre II Legros qui 

préfère retourner à Rome. Son autoportrait  en marbre de 1702 révèle cette

 "bonhomie" 


On peut y remarquer aussi la dextérité avec laquelle il a restitué les boucles de sa

 perruque.  Il travaille beaucoup, monuments, bustes (une soixantaine) portraits

 du roi, à tous les âges, destinés à la France entière où l'on reconnaît cette

 propension qu'avaient les empereurs romains à diffuser leurs bustes en marbre 

dans tout l'Empire.

 

 

                            Louis XIV marbre Paris Musée Carnavalet

                                                                      1687-1689

 

 Statues équestres, aussi, pour lesquelles il prend soin de faire venir les 

plus beaux chevaux des écuries royales. Son rapport aux oeuvres des Antiques  est

 très personnel, exemple en est donné  avec sa "Vénus accroupie" du musée du

 Louvre  (1686) est-ce parce qu'elle siégeait dans les jardins de Versailles qu'il l'a

 assise sur une tortue.

 


 

 Il perpétue ainsi l'art des sculpteurs de l'Antiquité et nous pouvons  admirer au 

musée du Louvre ses deux chefs-d'oeuvre,

 Mercure sur son cheval ailé,  entre 1698 et 1702, une prouesse tant pour la

 finesse du caducée que la vérité anatomique du cheval, l'expression de noblesse

 et de grâce propres aux Dieux !  comme l'envolée de la queue du cheval saisie en

 plein vol !


                                                                                                                                           et sa non-moins superbe "Renommée"     3,26 de hauteur sur 

2métres 91 de large et 1m 28 de profondeur , au Louvre aussi pour ne citer que

 celles-là .


             La prouesse ici est la finesse de la trompette.

 Vous aurez déjà reconnu le ciseau de Coysevox 

                                      https://www.youtube.com/watch?v=KVEQBcpywJ0                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/amphitrite-et-neptune