jeudi 23 février 2023

Le travail de l'os ou de l'ivoire

                https://journals.openedition.org/archeomed/16249

L'ivoire a toujours fait partie des matières premières prisées pour des oeuvres de

 prestige, à tel point que son commerce en est maintenant interdit. Il subsiste 

toujours des braconniers qui mettent en danger l'existence des éléphants et pour 

d'autres raisons celle des rhinocéros.

 Pour un néophyte il est quelque fois difficile de faire la différence entre une oeuvre

 en os  ou en ivoire. La Chine et le Japon,  peut-on espérer  parler à l'imparfait,

 ont beaucoup utilisé l'ivoire dans leurs représentations artistiques.

 Ils n'ont toutefois pas été les seuls, je veux vous montrer aujourd'hui  en gros plan

un Christ conservé au Real Monasterio de Guadalupe. Cette oeuvre a longtemps

 été attribuée en raison, comme je l'ai évoqué dans un dernier article, de la

 musculature très prononcée de ses  oeuvres sculptées, à Michel Ange.

 L'examen d'une oeuvre offerte en même temps  par Philippe II   est très 

aisément datée par son inscription :" Joanes Giamin Fecit in Roma" 1561, mais

 l'inscription de cet écritoire de donne pas la clé de l'auteur  du Christ faisant partie

 du même envoi.

http://www.ecrandenuit.fr/christs-dexceptions-christ-en-ivoire-vers-1600-attribue-a-giovanni-antonio-gualterio.html

 


 
Toutefois des dessins conservés au Musée du Louvre et au Musée britannique de

 Londres d'un "Christ de l'Expiration" semblent orienter les spécialistes vers

  Buonarroti .

              On va donc conclure pour une signature d'un anonyme italien.

https://collections.louvre.fr/en/ark:/53355/cl020002147

https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01732134/document      p 31 p 82 à 84

    https://collections.louvre.fr/en/ark:/53355/cl020001271 

 Les travaux de la préhistoire

 https://www.academia.edu/7495804/CATTELAIN_P_2012_Les_Parures_au_Pal%C3%A9olithique_et_au_M%C3%A9solithique_coquillages_dents_os_ivoire_et_pierres_In_Cattelain_P_Bozet_N_Di_Stazio_G_La_parure_de_Cro_Magnon_%C3%A0_Clovis_Guides_Arch%C3%A9ologiques_du_Malgr%C3%A9_Tout_Treignes_Ed_du_Cedarc_7_35?email_work_card=view-paper

lundi 20 février 2023

Les Pietà

 Ce thème biblique de la « Vierge douloureuse » (Mater dolorosa ou Pietà), tenant

sur  ses genoux le corps du Christ est très répandu dans l’iconographie chrétienne. 

 Sans aller jusqu'à Rome pour voir ou revoir la Pietà de Michel Ange, nous pourrions

 observer deux interprétations de ce moment où Marie reçoit le corps de son fils sur 

ses genoux.  

https://www.academia.edu/63593912/El_%C3%A9xito_de_un_modelo_la_Virgen_de_las_Angustias_de_Juan_de_Juni?email_work_card=view-paper

              Pour cette première on peut évoquer des sources d'inspiration d'ateliers

 comme celui de Juan de Juni ou de Francisco Rincon  ou plus précisément d'une

 gravure de Hieronymus Wierix issue d'un dessin de Maarten de Vos.

                   Les pietà de Wierix sont très nombreuses.
 

 Gregorio Fernàndez aux alentours de 1620 sculpte  sur bois polychrome cette pietà

 présentant la caractéristique des bras et du regard de Marie levés vers le Ciel. 

L'ensemble dégage une grande charge  expressive et symbolique.

 Vous pourrez comparer cette composition moins frontale avec  la suivante.



Un siècle auparavant Alonso Hipolito en 1559 sculpte cette pietà de 98 X 65 X 55 

cm sur bois,  l'ensemble est plus ramassé, la polychromie plus riche et les jambes 

du Christ sont aussi croisées.

Alonso Hipolito avait pignon sur rue à Plasencia en ce XVI siècle et ses références 

nombreuses. Il met l'accent sur la puissante musculature du Christ à la manière de

 Michel Ange et donne à son visage toute l'expression de la douleur.

 On évoque ici encore l'influence de Juan de Juni qui dote la Collégiale de San

 Antolin( Valladolid ) d'une pietà similaire.

 


                           de Juan de Juni à Medina del Campo

https://www.academia.edu/63593912/El_%C3%A9xito_de_un_modelo_la_Virgen_de_las_Angustias_de_Juan_de_Juni
 

Le maître Michel Ange a sculpté en marbre ce chef d'oeuvre .

https://www.pedagogie.ac-nice.fr/dsden06/eac/wp-content/uploads/sites/5/2018/04/Michel-Ange-Pieta.pdf

https://maravillasdeespana.blogspot.com/2020/03/juan-de-juniel-genio-de-la-escultura.html

                              Autre version peinte  de Bartolomé Bermejo 1490

  Ses premières œuvres conservent le caractère décoratif de la peinture aragonaise,

 puis il montre ensuite l'influence qu'il a reçue des maîtres flamands en particulier  

Van der Weyden et van Eyck.  

Il développe sa maîtrise de la perspective et de la représentation minutieuse des 

détails, comme ici, dans ce paysage.


                Ne quittons pas ce sujet foisonnant sans voir une autre version sculptée

                                            de   Gregorio Fernàndez




dimanche 19 février 2023

Egas Cueman

  Egas Cueman et son frère Hanequin originaires de Bruxelles, travaillent ensemble 

à la réalisation des stalles du chœur de la cathédrale de Cuenca, vers 1454-1456

mais aussi à la réalisation de la nef et de la Porte des Lions de la cathédrale

de Tolède au 3e quart du 15e siècle. 

  Mais je souhaite vous montrer le calvaire qu'il sculpte entre 1469 et 1475,

droit sorti et inspiré de l'oeuvre peinte de Van der Weyden.  

Ce groupe repose au Musée de sculpture et de Peinture du Real Monasterio de

 Santa Maria de Guadalupe ; il est remarquable pour son expressivité, la richesse

de ses drapés et  insiste sur l'aspect dramatique et théâtral de la scène.

 


  Voici la" Descente de croix" peinte par Van der Weyden. Musée du Prado


 Malgré le réalisme de ces sculptures ou de ces peintures destinées  à susciter la

 dévotion,  leur nombre à quelques variantes prés, finit par banaliser  ce supplice.

 Francisco de Zurbaràn  entre 1636 et 1639 moyennant 3.150 ducats s'engage à la

 construction d'un retable à Llerena dont fait partie ce crucifix.

 Après de multiples vicissitudes et sa restauration où il retrouve les dimensions

 dictées par le Concile de Trente. Il y fait preuve de tout son talent sachant jouer

 avec la lumière   et se détournant de la rigidité imposée par le peintre Francisco 

 Pacheco théoricien de l'art et théologien, plus connu pour ses écrits que pour sa

 peinture

 

  Huile sur bois 170 x 150 cm

 Eglise paroissiale de Notre Dame de la Grenade.  Llerena

 

samedi 18 février 2023

Luis de Morales "le Divin"

 " Le Divin" car il se consacra presque exclusivement à la peinture religieuse, les

 évêques de Badajoz, sa ville natale en étant les commanditaires.

 Pendant les années 1555 à 1570, il signa de nombreux retables triptyques ou 

toiles isolées à l'aide de son atelier où travaillaient aussi ses fils Cristobal et 

Jeronimo, et plus tard ses filles.

 Le retable que je vous présente  fut commandité  par Ginez Martinez pour sa

 chapelle funéraire et le contrat signé  en 1565 stipule que les visages et les mains 

devaient être réalisés par Morales lui-même, les paysages architecturaux laissé au 

soin de son atelier.On peut alors parler d'Ecole car son style perdura encore après

  sa mort en 1586. Ce style présente des influences italiennes et flamandes

inspirées des dessins de Shongauer, Berruguete ou Dürer qui circulaient alors.

 Il savait  conjuguer dans sa peinture l'effet de sérénité joint au dramatisme de la

 Passion.

 Après quelques trente années passées à Madrid loin du site initial auquel il était 

destiné il revint à Higuera el Real  sans toutefois retrouver l'emplacement initial.

 


Les deux peintures de droite respectivement "La Madeleine" et "La Chute du Christ 

portant sa croix" ainsi que celle de saint Jean en haut à gauche sont les plus

 significatives du pinceau du maître.

 On retrouve d'ailleurs une oeuvre  similaire sur bois au Couvent des 

Dominicaines de Plasencia.

Ces petits formats  (67 X 55 cm) sont destinés aux dévotions privées  de

ses  clients nombreux comme le roi du Portugal. Repris de nombreuses 

fois  il est inspiré par la composition de Sebastiano del Piombo dans les

 années 1485 à 1547. Le regard n'est pas distrait par un paysage mais se

 concentre uniquement sur l'expression du visage.



Il en est de même pour  le sujet central "une Piété " reprise maintes fois,

  conservées tant au musée du Prado que celui des Beaux Arts de Bilbao et de 

plusieurs cathédrales dont celle de Malaga ou dans des collections privées.

 


 La Contre-réforme ne ménageait pas ses efforts  pour sensibiliser les

 Chrétiens, en portant l'accent sur la recherche de l'émotion.

Voici deux peintures de Sebastiano del Piombo qui sont la source de l'inspiration de Morales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

celle-ci au musée de  l'Ermitage

                                                                              et cette autre au Prado
 

 Vous trouverez le retable de Morales en page 100 de ce document

https://www.cervantesvirtual.com/s3/BVMC_OBRAS/01e/ca3/bc8/2b2/11d/fac/c70/021/85c/e60/64/mimes/01eca3bc-82b2-11df-acc7-002185ce6064.pdf

vendredi 17 février 2023

Doménikos Theotokopoulos

 Autrement dit "El Greco" et c'est par lui que je souhaite  débuter cette petite série

 sur les représentations de la Passion du Christ qui ont donné lieu à des chefs 

d'oeuvre, des plus anciens au plus modernes,  Dali ou Chagall. Il en est de même 

pour la fin d'année avec les Nativités ou Adorations des Mages, le sujet est certes

 plus gracieux mais les oeuvres sont aussi expressives.

 El Greco, comme Le Titien ou Léonard de Vinci ou Le Corrége  donne à son Christ

 Pantocrator, Sauveur du Monde, une composition de style très bysantin.

 Sa formation, en Crète, en est sans doute la raison, sa dimension sur un fond

neutre, l'expressivité des yeux et les gestes des mains sont très proches des icônes

 bysantines.  L'influence de l'école Vénitienne se fait aussi sentir  avec sa gamme

 chromatique de rouges et de bleus, la lumière irréelle qui entoure le visage et le

 corps se détache sur le fond sombre sinon noir de l'oeuvre. 

Il existe des toiles aux versions "en pied" comme celles du Musée du Prado, de la 

cathédrale de Tolède ou de sa Maison Musée.

 La National Gallery d'Edimbourg et la Gallerie Civica Parmeggiani le représentent

en  buste comme celle-ci du Musée de Càceres.

 L'ample chevelure qui entoure le visage est similaire à la toile de la cathédrale de 

Tolède.

 


 

 

 Cette toile a subi des aventures : volée le 21 mai 1979 à l'intérieur même du 

musée (72 X 54 cm), elle est retrouvée grâce à une enquête policière dans une

 consigne de l'aéroport de Madrid  sans son cadre d'origine.

https://www.artefields.net/le-greco-grand-palais-tranfigurations-picturales/