lundi 11 avril 2016

suite et fin de ce chapître

 J'espère qu'il vous est venu quelque intérêt pour cet oiseau chanteur que René Druart étudie sous toutes ses coutures.
 J'imagine le nombre incalculable de documents, livres, qu'il a  consultés, pour nous livrer cette mine d' études  sur le comportement et les moeurs de cet oiseau que les chasseurs doivent adorer... pour les manger au grand dam de ceux qui le protégent pour leur chant.
Une fois sortis "des cuisines"... nous devrions aborder d'autres chapitres sur son caractère, ses domaines, ses heures et ses saisons.
Encore faut-il que vous ayiez quelque affection pour la poésie et dans tous les cas, la nature.
Il n'était pas chasseur mais poète, j'étais trop jeune pour lui poser la question,

Quelles motivations pour se lancer dans une telle anthologie ?

Nature morte au cygne et aux grives .  Jean Weenix. Rijksmuseum Amsterdam.

                          " Dans Pernelle et bigarreaux , Fanchy déclare à peu près en ces termes:
                           Qu'y a pas grand chouz d'sangé
                                Et qu' faut don pas donner congé 
                                Quan rest' l'vin nouveau, marle et grive !
  "Oh ! le salmis autour des grives au genièvre " , s'exclame Emile Henriot à propos de gibier ( Almanach de Cocagne pour 1921) . On comprend que l'épicurien Charles d'Eternod, déclinant, ait écrit dans le Thyrse irrité :
                                   Adieu donc , soles à la crème,
                                   Adieu, souples truites au bleu,
                                   Brochets, bars, dorades et brêmes,
                                   Grives sur coussins moëlleux  !
 Adrien de Prémorel, en confirmant dans :  Des bêtes, des bois, des fleurs, que la mauvis est la plus succulente des grives, termine ainsi son chapitre:
"Vous conviendrez, ami lecteur, qu'auprès d'un flacon de vieux bourgogne, l'apparition d'une casserole de terre cuite où des grives à point chantent leur mélopée d'automne a tout ce qu'il faut pour amener aux lèvres du plus sombre des convives un sourire".
Attention pourtant, gourmets, aux contrefaçons ! Joseph Autran, dans sa Vie Rurale p 217, écrit :
                           Chasseur ouvre la main qu'il vive
                                 N'en déplaise à Toinon qui me le rôtirait
                                 Disant qu'un rossignol chez un homme distrait 
                                 Passe au besoin pour une grive.
Antonio Aparisi-Serres, poète dacquois, conte sur le même thème dans ses Fables et Vérités
 ( Avignon, 1926) la protestation d'un merle blessé par un chasseur :
                            Ceci n'est pas un jeu
                             Je ne suis ni perdreau, ni caille, ni bécasse !
                             - Parbleu, répondit le cruel
                                A cette réflexion naïve,
                                Sache donc qu'il n'est rien de tel
                                Qu'un merle à défaut de grive.
 Plus grossièrement un député goulu se laissa tromper par des farceurs qui avaient introduit dans un plat de grives une chouette qu'il prit pour une grive plus grasse que les autres et qu'il s'adjugea (Gérard de Nerval. Voyage en Orient. Druses et Maronites ; Le pope et sa femme).

 Terminons cette revue culino-littéraire par une recette en vers : 
                               La grive à l'ardennaise
 Dépouillez de son duvet                        A feu lent
        l'oiselet                                        L'oiseau doré se parfume
Mettez à nu la roussette                    Il faut, laissant mijoter,
Et, du petit croupion                                 Ajouter
    Du tendron                                         Sauge, sel poivre à votre aise
Faites aussi la toilette                         Et voilà, dans ce canton,
Troussez-le, n'entamez pas                    Comment on
       Ses appas                                          Fait la grive à l'ardennaise
Dans le beurre chaud qui fume
Sur le lardon pétillant
                                                     Dr Séjournet. Almanach Matot pour 1904

                                                            René Druart

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