jeudi 4 juin 2020

Paul Cézanne : Neige fondue à l'Estaque

   Auriez-vous, d'emblée, attribué cette peinture  à Cézanne ?

Elle se démarque  des autres  toiles  de cet artiste, et c'est bien pour cela que je

l'ai choisie, il y avait un petit quelque chose de van Gogh !....


Je ne resterai pas longtemps sur l'ordi, ce matin,  mon ciel est aussi sombre que

celui de l'Estaque et...... l'Estaque, savez-vous où elle se trouve?

                            https://www.youtube.com/watch?v=uNPY7aesITM

       J'ai vécu quatre années à Marseille et je n'y ai jamais eu la neige !!


                                   Vers 1870 - Toile 73 X 92 cm

                    " Cet original paysage d'hiver qui ressemble à une peinture du

XXème siècle est un exemple remarquable d'espace modelé par des sentiments

intenses, comme chez van Gogh quelque dix ans plus tard. Le premier plan -

l'endroit où l'on regarde - est le flanc abrupt d'une colline qui divise en deux la

toile suivant la diagonale, dans sa descente en avalanche de la gauche vers la

droite en direction du toit rouge incliné, et donne à l'image une force de chute.

 Le spectateur ne peut y poser le pied et à ce terrain instable les arbres

s'agrippent par des troncs tourmentés. A cette pente de la colline s'opposent la

fuite du champ central, avec ses lignes ascendantes er convergentes, et l'immense

balaiement horizontal des nuages gris en suspension.

Du feuillage sombre de l'arbre noir, à gauche, part un autre mouvement d'arbres

descendant vers l'intérieur sur la crête de la colline, et allant se confondre avec

l'horizon lointain en un seul rythme d'amplitude croissante. Les lignes diagonales

raccourcies en profondeur sont parallèles aux profils diagonaux dans le plan de la

toile ; le contour sinueux de la terre - toute la base de la scène - est répété dans le

tronc du grand arbre et dans les surprenants zigzags des toits et des routes à

droite. Par ses parallèles, Cézanne unit, en une forme cohérente, les mouvements

opposés dans les différents plans en profondeur. La couleur, elle aussi, est une

force puissante qui relie et maintient le proche et le lointain. Cela est évident dans

le groupement des toits rouges ; mais Cézanne relie aussi le ciel lointain au

premier plan grâce aux lumières froides qui strient l'horizon -  touches qui sont

adaptées avec art à la silhouette voisine formant un halo en zigzag mineur, qui est

centré sur la pointe d'une colline correspondant au point de vue de l'ensemble de

la scène. Cezanne a découvert le dramatique de l'espace, un effet de mouvements

puissants et d'oppositions brusques. La perspective a une urgence irrésistible

dans l'envol rapide des lignes et le rythme non moins rapide  de changement dans

la taille des choses qui va en diminuant.

La couleur et le jeu de la brosse soutiennent la violence d'ouragan de la scène.

 Une teinte noirâtre pénètre le paysage et mêle la neige qui, traitée en ton  pur

 par endroits, semble une associée du noir.

Peint par contrastes vigoureux, avec une furie dominante et presque monotone -

moins pour surprendre l'essence d'une scène que pour exprimer une humeur

mélancolique et désespérée - ce tableau possède quelques couleurs subtiles : les

différents blancs de la neige et les nombreux gris, y compris les tons chauds du

terrain central, posés entre les toits rouges. le goût pour les noirs, les blancs et les

gris froids paraît naturel à l'humeur de Cézanne ; ce goût présuppose l'art élégant

et impassible de Manet dont les tons et la vision directe ont été utilisés ici de

manière émotionnelle et étrangement transformés."


                        https://www.youtube.com/watch?v=8g9oUJWcE0M







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