Auriez-vous, d'emblée, attribué cette peinture à Cézanne ?
Elle se démarque des autres toiles de cet artiste, et c'est bien pour cela que je
l'ai choisie, il y avait un petit quelque chose de van Gogh !....
Je ne resterai pas longtemps sur l'ordi, ce matin, mon ciel est aussi sombre que
celui de l'Estaque et...... l'Estaque, savez-vous où elle se trouve?
https://www.youtube.com/watch?v=uNPY7aesITM
J'ai vécu quatre années à Marseille et je n'y ai jamais eu la neige !!
Vers 1870 - Toile 73 X 92 cm
" Cet original paysage d'hiver qui ressemble à une peinture du
XXème siècle est un exemple remarquable d'espace modelé par des sentiments
intenses, comme chez van Gogh quelque dix ans plus tard. Le premier plan -
l'endroit où l'on regarde - est le flanc abrupt d'une colline qui divise en deux la
toile suivant la diagonale, dans sa descente en avalanche de la gauche vers la
droite en direction du toit rouge incliné, et donne à l'image une force de chute.
Le spectateur ne peut y poser le pied et à ce terrain instable les arbres
s'agrippent par des troncs tourmentés. A cette pente de la colline s'opposent la
fuite du champ central, avec ses lignes ascendantes er convergentes, et l'immense
balaiement horizontal des nuages gris en suspension.
Du feuillage sombre de l'arbre noir, à gauche, part un autre mouvement d'arbres
descendant vers l'intérieur sur la crête de la colline, et allant se confondre avec
l'horizon lointain en un seul rythme d'amplitude croissante. Les lignes diagonales
raccourcies en profondeur sont parallèles aux profils diagonaux dans le plan de la
toile ; le contour sinueux de la terre - toute la base de la scène - est répété dans le
tronc du grand arbre et dans les surprenants zigzags des toits et des routes à
droite. Par ses parallèles, Cézanne unit, en une forme cohérente, les mouvements
opposés dans les différents plans en profondeur. La couleur, elle aussi, est une
force puissante qui relie et maintient le proche et le lointain. Cela est évident dans
le groupement des toits rouges ; mais Cézanne relie aussi le ciel lointain au
premier plan grâce aux lumières froides qui strient l'horizon - touches qui sont
adaptées avec art à la silhouette voisine formant un halo en zigzag mineur, qui est
centré sur la pointe d'une colline correspondant au point de vue de l'ensemble de
la scène. Cezanne a découvert le dramatique de l'espace, un effet de mouvements
puissants et d'oppositions brusques. La perspective a une urgence irrésistible
dans l'envol rapide des lignes et le rythme non moins rapide de changement dans
la taille des choses qui va en diminuant.
La couleur et le jeu de la brosse soutiennent la violence d'ouragan de la scène.
Une teinte noirâtre pénètre le paysage et mêle la neige qui, traitée en ton pur
par endroits, semble une associée du noir.
Peint par contrastes vigoureux, avec une furie dominante et presque monotone -
moins pour surprendre l'essence d'une scène que pour exprimer une humeur
mélancolique et désespérée - ce tableau possède quelques couleurs subtiles : les
différents blancs de la neige et les nombreux gris, y compris les tons chauds du
terrain central, posés entre les toits rouges. le goût pour les noirs, les blancs et les
gris froids paraît naturel à l'humeur de Cézanne ; ce goût présuppose l'art élégant
et impassible de Manet dont les tons et la vision directe ont été utilisés ici de
manière émotionnelle et étrangement transformés."
https://www.youtube.com/watch?v=8g9oUJWcE0M
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