https://www.youtube.com/watch?v=LjYEajPg34Q&list=PLJZypgi6QlH5m5_PbzFa4yOTn_BtWGc2n&index=3&t=0s
Entre 1885 et 1887 - Toile 67 X 92 cm
" La montagne St Victoire, près d'Aix, attira Cézanne toute sa vie. Il
s'identifia à elle comme les Anciens à une montagne sainte sur laquelle ils
plaçaient la demeure ou le lieu de naissance d'un dieu. Seulement pour Cézanne
c'était un dieu intérieur qu'il concrétisait en ce sommet, son effort, son exaltation
et son désir de repos. Dans le tableau du Metropolitan Museum de New-York, la
montagne vient moins pleinement en vue, sa majesté est amoindrie par les arbres
du premier plan et par la vaste amplitude de la vallée à droite. La toile de
Londres, plus large, rend la grandeur caractéristique du site, mais elle offre aussi
un champ plus vaste à l'artiste observateur et à son humeur turbulente. Cette
montagne tranquille porte la marque du coeur tourmenté de Cézanne, et le pic
même, bien que plus serein, est traversé de formes mouvementées comme le
balaiement des branches dans le ciel. Une passion envahissante agite les lignes
répétées dans chacun d'eux. Même les pentes du viaduc et les lignes horizontales
de la vallée, ainsi que leurs couleurs, sont plus brisées que dans le tableau de
New-York. Le dessin et la touche sont partout plus impulsifs. Pourtant le paysage
lointain résout dans une certaine mesure les efforts du monde du premier plan.
Les versants de la montagne unifient dans une seule forme équilibrée les dualités
distinctes tendues et instables de l'espace de l'observateur ; l'arbre vertical rigide
et ses branches étendues et flexibles, le dialogue des grandes frondaisons
véhémentes qui, bien que voisines, ne peuvent se rejoindre ou les mouvements
divergents dans la vallée au bord inférieur du cadre.
Merveille ! tout semble frémir dans les couleurs changeantes de touche en
touche; cependant que de ce vaste mouvement sans repos émerge un monde
solide à l'étendue sans fin, qui s'élève et s'établit. La grande profondeur est bâtie
sur de larges assises, fixées et croisées de manière serrée, sans plan apparent de
construction. Vers nous, ces bases deviennent de plus en plus diagonales : les
lignes divergentes au premier plan semblent une vague réflexion de la forme de la
montagne. Ces diagonales ne sont pas des lignes en perspective menant au pic,
mais comme dans l'autre tableau, elles nous conduisent au loin, vers les côtés, là
où les pentes de la montagne commencent : elles sont prolongées par une
branche basse tombant de l'arbre.
C'est ce contraste des mouvements des côtés et du centre, de symétrie et de
déséquilibre, qui donne à la scène son aspect de tension dramatique. Pourtant
cette peinture est une harmonie profonde, construite avec une merveilleuse
finesse. Il est étonnant de voir combien Cézanne a orchestré cet ensemble
complexe. Si nous désirons voir sa subtilité à l'oeuvre, considérons seulement la
courbe des arbres qui devient perpendiculaire au versant de la montagne quand
elle atteint l'horizon. Ou encore observons les formes rectangulaires et pointues de
la maison à côté du même arbre. "
https://www.youtube.com/watch?v=7UjDbMdgBXI
Si vous le pouvez allez à Paris visiter le Musée Marmottan jusqu'au 3 janvier "Cézanne et les maîtres, rêve d'Italie".
https://www.youtube.com/watch?v=hku_dNy8EeI
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