mercredi 17 juin 2020

Paul Cézanne ; La Montagne St Victoire au grand pin

                https://www.youtube.com/watch?v=LjYEajPg34Q&list=PLJZypgi6QlH5m5_PbzFa4yOTn_BtWGc2n&index=3&t=0s




                                                Entre 1885 et 1887 - Toile 67 X 92 cm

                " La montagne St Victoire, près d'Aix, attira Cézanne toute sa vie. Il

s'identifia à elle comme les Anciens à une montagne sainte sur laquelle ils

plaçaient la demeure ou le lieu de naissance d'un dieu. Seulement pour Cézanne

c'était un dieu intérieur qu'il concrétisait en ce sommet, son effort, son exaltation

et son désir de repos. Dans le tableau du Metropolitan Museum de New-York, la

montagne vient moins pleinement en vue, sa majesté est amoindrie par les arbres

du premier plan et par la vaste amplitude de la vallée à droite. La toile de

Londres, plus large, rend la grandeur caractéristique du site, mais elle offre aussi

un champ plus vaste à l'artiste observateur et à son humeur turbulente. Cette

montagne tranquille porte la marque du coeur tourmenté de Cézanne, et le pic

même, bien que plus serein, est traversé de formes mouvementées comme le

balaiement des branches dans le ciel. Une passion envahissante agite les lignes

répétées dans chacun d'eux. Même les pentes du viaduc et les lignes horizontales

de la vallée, ainsi que leurs couleurs, sont plus brisées que dans le tableau de

New-York. Le dessin et la touche sont partout plus impulsifs. Pourtant le paysage

lointain résout dans une certaine mesure les efforts du monde du premier plan.

Les versants de la montagne unifient dans une seule forme équilibrée les dualités

distinctes tendues et instables de l'espace de l'observateur ; l'arbre vertical rigide

et ses branches étendues et flexibles, le dialogue des grandes frondaisons

véhémentes qui, bien que voisines, ne peuvent se rejoindre ou les mouvements

divergents dans la vallée au bord inférieur du cadre.

Merveille ! tout semble frémir dans les couleurs changeantes de touche en

touche; cependant que de ce vaste mouvement sans repos émerge un monde

solide à l'étendue sans fin, qui s'élève et s'établit. La grande profondeur est bâtie

sur de larges assises, fixées et croisées de manière serrée, sans plan apparent de

construction. Vers nous, ces bases deviennent de plus en plus diagonales : les

lignes divergentes au premier plan semblent une vague réflexion de la forme de la

montagne. Ces diagonales ne sont pas des lignes en perspective menant au pic,

mais comme dans l'autre tableau, elles nous conduisent au loin, vers les côtés, là

où les pentes de la montagne commencent : elles sont prolongées par une

branche   basse tombant de l'arbre.

 C'est ce contraste des mouvements des côtés et du centre, de symétrie et de

déséquilibre, qui donne à la scène son aspect de tension dramatique. Pourtant

cette peinture est une harmonie profonde, construite avec une merveilleuse

finesse. Il est étonnant de voir combien Cézanne a orchestré cet ensemble

complexe. Si nous désirons voir sa subtilité à l'oeuvre, considérons seulement la

courbe des arbres qui devient perpendiculaire au  versant de la montagne quand  

elle atteint l'horizon. Ou encore observons les formes rectangulaires et pointues de

la maison à côté du même arbre. "


             https://www.youtube.com/watch?v=7UjDbMdgBXI

 Si vous le pouvez allez à Paris visiter le Musée Marmottan jusqu'au 3 janvier "Cézanne et les maîtres, rêve d'Italie".

          https://www.youtube.com/watch?v=hku_dNy8EeI


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