La composition de cette toile me fait penser à "la Promenade en bord de Garonne"
d' Henri Martin.
https://www.youtube.com/watch?v=6bjnaa8ZCo0
" Ici Renoir est revenu à l'un de ses coins favoris sur les bords de Seine pour
y explorer à nouveau les beautés de l'eau miroitante. Suivant la pratique
impressionniste, l'artiste centre son intérêt sur le spectre glorieux de la lumière de
plein air, qui inonde le paysage. Avec une technique à la fois impulsive et
rigoureusement contrôlée il recompose en peinture sa moelleuse vision personnelle
du rayonnement de la nature. Mais il demeure également sensible à la profusion
de textures contrastées qui réjouissent son oeil, ajustant sa touche pour suggérer
non seulement la couleur, mais aussi "la sensation" de l'herbe, de l'eau ou du ciel
plein de nuages et de vent. Qu'il ait accompli cette tache sans sacrifier la
consistance interne de la technique ni perdre son sens primordial de l'individualité
artistique nous montre combien Renoir avait parfaitement plié la méthode
impressionniste à ses buts personnels.
C'est presque en se jouant qu'il saisit la courbe du paysage et la joyeuse
camaraderie du groupe de quatre personnages esquissés en bas à gauche de la
composition. La présence même des rameurs évoque une autre caractéristique de
l'art de Renoir. S'il peint, comme les autres impressionnistes, le paysage pour lui-
même, il aime à inclure ses amis dans ses toiles. Le rapport entre les figures et
leur emplacement est complet. Elles apparaissent au sein même de la nature, sans
être distinctes d'elle. Elles partagent avec elle les mêmes qualités de texture, de
lumière, de couleur et, dans une nonchanlance heureuse, épousent les beautés qui
les entourent. Mais leur fonction est de structure autant que narrative. L'accent du
groupe immobilise la diagonale aiguë du bateau vermillon qui contre-balance à son
tour la fuite du fleuve et de ses rives vers le lointain, en haut à gauche. Les
verticales des figures servent en outre de support et de repère aux éléments des
horizontaux des bateaux et, plus loin, des rives qui délimitent et amplifient à la
fois le flot des eaux, larges et miroitantes. En un seul endroit, peut-être, l'intention
du peintre n'est pas claire : là un lambeau de ciel gris bleu, en bas à gauche,
semble s'avancer agressivement depuis le fond de l'horizon. Partout ailleurs la
conciliation de l'espace et de la surface est extraordinaire - particulièrement dans
les rouges. Leur nette organisation de surface ne menace jamais l'ordre des
relations spatiales, car l'artiste joue sur une gamme allant de l'écarlate aux roses
les plus pâles, à travers le réseau continu des tons contrastés. Le résultat est
visible pour tous ; un monde au coeur léger qu'embrase une chatoyante lumière
d'été."
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