lundi 14 novembre 2016

orfévrerire magique

 Je ne pensais pas que les nefs de la collection Oetker m'entraîneraient dans un sujet aussi vaste que celui de l'orfévrerie et je ne suis encore "calée " que sur les XIV et XV èmes siécles !!!!
 Comme je vous le faisais remarquer, ces marques de prestige sont liées à l'histoire de ceux qui les ont possédés, et voilà une fantastisque perspective de recherches historiques .... et je n'en sors pas ! 

Quelques oeuvres encore de cette époque, la Corne maudite à boire dite d'Oldenbourg en argent émaillé et doré dont voici le dessin : 

 L'histoire est surprenante  ; 
http://www.gazette-drouot.com/static/magazine_ventes_aux_encheres/coup_de_coeur_enchere/280509_corne.html

 Je voudrais revenir sur cet épisode de la guerre de Cent Ans et remarquer avec étonnement ce qui suit : 
" Il ne paraît  pas que les guerres incessantes  qui marquèrent presque toute la durée du règne de Charles VII  aient permis à ce prince de reconstituer, même en partie, le trèsor royal si fâcheusement dilapidé .
(pour rappel appropriation  du Rossel d'or  et autres par la famille d'Isabeau de Bavière à la suite de la folie de Charles VI)
La vie nomade à laquelle les grands seigneurs furent condamnée par les luttes continuelles que nécessita la conquête du royaume de France sur les Anglais ne dut point non plus les porter à réunir dans leurs châteaux, hôtels et manoirs, où ils ne résidaient guère, des collections d'orfévrerie qui pouvaient se trouver à la merci du'un retour offensif, effectué par un ennemi toujours vaincu, mais toutours menaçant.

 https://www.herodote.net/25_fevrier_1429-evenement-14290225.php

Par contre, les seigneurs et le roi lui-même firent, au cours de cette longue campagne, qui dura près de quarante ans (1422-1461) un singulier étalage d'orfèvrerie sur leurs personnes.
Suivant une expression du temps, ils semblaient "parés comme des chasses".
Racontant l'entrée triomphale de Charles VII à Rouen le 10 novembre 1449 la Chronique de Tournai dit
" Auprès du Roy estoit le comte de Saint Pol, armé au blancq, dessupz ung cheval enharnesquié de noir satin, semé de orfaverie, et ses pages le sievans en paraulx habillemens, vestus de vermeil satin, leurs man(h) ces couvertes de blance orfaverie, iceulx portant ses harnas et habillemens de cief couvers de fin or, de diverse oevre de orfaverie et orneéz ede plumes de ostrices de pluiseurs coulleurs."

Plus loin, à propos de son Entrée à Caen, qui eut lieu l'année suivante, la même Chronique ajoute :
" En ceste entrée furent et estoient tous les dessusdits seigneurs  ricement et seignereudement habilliés, tant eulx, comme leurs chevaulx, tant de coie comme de orfaverie, pières précieuses et aultres ricesses dont ci n'est fait mention pour cause de briefté "
Recueil des Chroniques de Flandre. t,III p 443 et 457 

Ajoutons que l'auteur anonyme de cette curieuse chronique n'exagère rien.
Jean Chartier nous apprend, en effet, qu'à cette époque, le comte de Saint Pol dont il vient d'être question "avoit un chanfrain à son cheval d'armes, prisé trente mille escuz"
 Chronique de Charles VII, t II p, 176.

Faut-il dire que sous ce rapport, les dames tenaient à n'être pas inférieures à leurs maris ?
Le même Chartier nous montre à la date du 25 juin 1436, la reine de France, "au matin vestue d'une robbe de velloux pers, toute verte d'orfaverie à grans feuillages, qui estoient moult belles et moult riches "
Ibid, t. er p. 231
A la cour de Philippe le Bon, on était tout aussi luxueux.
Olivier de Marche, en ses Mémoires  nous montre
 "Jehan , Monsieur de Clèves et son mignon Jacques de Lalain"..." fort en point d'orfaverie et de campanes."
Lorsque le bâtard de Bourgogne alla faire "des armes"   en Angleterre, il emmena avec lui douze chevaux "couverts les uns de drap d'or, les autres d'orfaverie".
Olivier de la Marche: Mem relatives à l'hist de France t.VIII p 93  et T . IX p 107.

Enfin, il n'était pas jusqu'aux simples hommes d'armes et  aux archers, enrichis par le pillage de l'ennemi qui ne se distinguassent par un déploiement inconnu jusque- là d'affiquets, d'enseignes et de plaques ciselées, que Jean de Troye dans sa Chronique scandaleuse, compare plaisamment à des "tranchouers d'argent".
On voit que l'auteur du "Roman de Jehan de Paris" reste dans les bornes de l'exacte réalité quand, dépeignant le cortège de son héros, il écrit;

"Tantost arrivèrent six clérons moult bien empoint qui sonnoient si mélodieusement que c'estoit une belle chose à ouyr ; puis venoit un homme d'armes sur un grand coursier bardé saillant qui portoit l'enseigne et après luy venoit  deux mille archiers bien empoint et avoient tous des hocquetons d'orfaverie qui reluisoient contre le soleil qui fort beau estoit."
 C'est à propos de ces guerriers si somptueusement harnachés que Philippe de Comines devait inventer ce joli néologisme , orfaverisé, qui s'applique aux archers d'ordonnance du roi, conduits par Poncet de Rivière.
(Mem, liv.1er chap III ).
On peut donc présumer hautement de ces exhibitions d'argenterie que les orfèvres attitrés de Charles VII, Lubin de Queux établi à Chinon: Chenu, orfèvre à Bourges ; Guillaume Chanson orfèvre parisien, élevé par ce prince à la dignité de valet de chambre ; André Mignon qui fut garde de l'orfèvrerie en 1433, 1438,1443,1445 et 1446 ; Renault Pijart, qui appartenait à une des plus anciennes familles d'orfèvres parisiens; Guillaume Barbedor et quelques autres encore s'occupèrent plus de lui fournir des joyaux et des bijoux que des orfèvreries de service ou de décoration.

  Pour terminer, à titre d'exemple, voici le dessin du casque de Charles le Téméraire en orfèvrerie rehaussée de perles et de pierres précieuses d'après un dessin conservé à la bibliothèque de l'Arsenal.

       
           Sa reconstitution conservée au Château de Grandson

 http://www.chateau-grandson.ch/butin.html



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