samedi 12 novembre 2016

Orfévreries célèbres, suite

La recherche de ces biens précieux,  m'entraîne toujours un peu plus  en arrière  mais  quand je veux faire l'économie de ces descriptions,  j'y renonce, me devant à plus d'intégrité dans le rendu de cette lecture.
 Je voulais vous parler de deux joyaux, en premier lieu celui qui se trouve encore à Altoetting en Bavière le Rossel d'or et la Rose de Bâle au Musée de Cluny ..... mais pour cela je reprend ma lecture plus en amont car il y est fait mention de nombre d'orfèvres et je veux en arriver là, vous parler de cette corporation.
Ce que j'avais prévu pour aujourd'hui, le vestiaire somptueux de tous ces rois et reines viendra pour demain ou plus car entre-temps il y a la balade du week-end avec des surprises.


" On trouvera peut-être que nous nous sommes longuement étendu sur ces orfévreries offertes aux souverains, à leur entrée solennelle ; nous l'avons fait pour deux motifs ; le premier, c'est qu'il nous a semblé que les oeuvres présentées aux princes dans des occasions aussi particulières devaient marquer le point de perfection auquel étaient parvenus l'art et l'industrie locale ; le second, c'est que le désir de plaire au monarque, le besin de se concilier la haute bienveillance, devaient porter les magistrats aussi bien que les artistes à se conformer aux idées en faveur, à s'inspirer de ce qu' alors l'on considérait comme le bon goût  et que ces ouvrages par conséquent, nous fournissent un indice certain des évolutions subies par ce bon goût, un spécimen exact des tendances dominantes, au moment où ils furent exécutés.
................................................................................................
Il nous faut donc faire un long retour en arrière et étudier autrement que dans les présents royaux, la production de ce bel art, durant ces deux cent années.
Nous avons dit que les calamités dont furent marqués les commencements du XV ème siècle devinrent finalement funestes aux grandes réunions de chefs-d'oeuvre doublement précieux, dont nous avons passé une rapide revue.
Le trésor de Louis d'Anjou, que nous avons pris pour type d'une collection princière d'orfévrerie, à cette époque, fut absorbé par la conquête du royaume de Sicile.
Celui de Charles V fut entamé par les prêts consentis à l'aventureux Louis d'Anjou, et plus tard mis au pillage par ceux qui s'étaient attribués le gouvernement du royaume.
Il est encore facile de retrouver dans les Inventaires du Louvre , du château de Vincennes, de l'Hotel Saint Pol et de la Bastille St Antoine, dressés de 1418 à 1420, un certain nombre d'objets ayant figuré dans le merveilleux récolement opéré au lendemain de la mort de Charles V.
Mais dès que le malheureux fils de ce prince fut passé de vie à trépas, les Anglais, au nom de Henri VI, n'hésitèrent pas à s'emparer, non seulement de la Couronne mais encore de tous les trésors   qui en étaient l'apanage et c'est ainsi que tous les ingénieux et remarquables ouvrages de Jehan de Lille, de Jehan le Braalier, de Guillaume Vandethar, de Jehan de Montreux, de Claux de Fribourg, de Hennequin du Vivier, de Jehan de Fleury, de Pierre Chapelu, de Guillaume Gargoulle, de Jehan de Picquigny, de Pierre des Barres, de vingt autres grands orfèvres et grands artistes de cette période, fournisseurs attitrés deu roi Jean, de Charles V et de Charles VI, furent dérobés dispersés, ou détruits.
De tout cet amas invraisemblable de pièces hors ligne, c'est à peine s'il nous est  demeuré quatre ou cinq spécimens.
Une statuette de la Vierge ayant appartenu à Jeanne d'Evreux et que possède le Musée du Louvre

 http://aart.online.fr/Jeanne.htm


 peut donner une faible idée des merveilles de l'orfévreris française, en ces temps lointains.
La Rose d'or envoyée par le pape Clément V au prince évêque de Bâle aujourd'hui au Musée de Cluny et dont nous donnons ici une reproduction, ainsi qu'une troisième oeuvre plus intéressante encore au dire de M.Labarte (Histoire des Arts industriels au Moyen Age t. II p 53), le Rossel d'or conservé dans l'église d'Altoetting en Bavière sont à peu près tout ce qui nous reste de ce capital.

 Le Rossel d'or, ce dernier monument car c'en est un de 58 cm de haut, mérite d'être décrit.
Son étage inférieur, fait en argent doré, représente un portique à jour porté par quatre colonnes, soutenant une plate -forme à laquelle aboutissent deux escaliers latéraux.
Sous le portique, un jeune écuyer tient par la bride un cheval richement harnaché.
Sur la plate-forme, se dresse l'étage supérieur tout en or et qui consiste en une estrade surmontée d'un berceau fait de feuillages et de fleurs.
Ce berceau abrite la Vierge assise entre St Jean Baptiste et saint Jean l'Evangéliste, avec le petit Jésus sur ses genoux.
Le divin enfant offre un anneau à Sainte Catherine ; et au pied de l'estrade, on voit le roi Charles VI à genoux, armé de toute pièces et portant par-dessus ses armes un surcot fleurdelisé.
En face et de l'autre côté de la Vierge un écuyer à genoux tient le haume du roi.

Tous les personnages de cette belle pièce sont exécutés en ronde bosse.
Sa description figure dans un Inventaire manuscrit des joyaux de Charles VI, dressé à la fin de 1405 et appartenant à la Bibliothèque nationale.
Elle fut offerte à ce roi  par Isabeau de Bavière, pour le jour de l'an de 1404.
En 1413, elle fut enlevée au trésor Royal par Louis de Bavière, frère de la reine Isabeau et emportée en Allemagne.
Et c'est ainsi qu'après avoir été légué à l'église d'Ingolstadt, le Rossel d'or, passa en 1509 dans l'église d'Altoetting à laquelle il fut cédé.


                                                                                       à suivre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire