vendredi 4 novembre 2016

l' Orfèvrerie des origines


Orfévrerie est le titre du document que je viens de taper à votre intention.
Le temps est à la pluie et la neige, il était donc tout indiqué que je me mette au travail; puisque je vais aussi rechercher quelques photos prises au British Museum et qui vont somptueusement ouvrir cet article.
L’orfèvrerie est, de tous les arts somptuaires, le plus précieux et peut-être le plus ancien.
Dès qu’on sut fondre les métaux, elle prit naissance.
Elle eut pour mère la vanité des hommes et la coquetterie des femmes ; c’est assez dire qu’elle remonte aux premiers âges du monde.
Toutes les civilisations digne de ce nom ont eu une orfèvrerie plus ou moins compliquée, plus ou moins riche, plus ou moins brillante.
Les deux livres les plus anciens que nous possédions, la Bible et l’Iliade ne laissent aucun doute sur l’estime à laquelle on tenait, dès les premiers temps historiques, le travail de l’or et de l’argent.
La Genèse, atteste que le traitement des métaux précieux et leur transformation en vases d’utilité ou en objets de parure étaient connus même des patriarches.
C’est par un présent d’orfèvrerie qu’Eliezer se concilia la bienveillance de Rébecca, et Thamar, avant de s’abandonner à Juda, exigea de lui qu’il lui donnât l’anneau dont son doigt était orné.
Plis tard l’Exode nous apprendra que les Hébreux avaient non seulement emporté d’Egypte une énorme quantité d’ustensiles d’or et d’argent, d’anneaux et de bracelets, mais encore qu’ils avaient la connaissance des procédés d’orfèvrerie, usités dans leur pays de captivité ; car, au milieu du désert et sans recourir à des artisans étrangers, les Juifs fabriquèrent les vases sacrés et fondirent le fameux veau d’or, premier symbole de l’amour du luxe.
Chez les grecs, comme chez les Hébreux, les plus anciens monuments de la littérature attestent le haut degré de perfection auquel, dès les temps préhistoriques, la mise en œuvre de l’or et de l’argent, était parvenue.




(Nous, Pyrénéens, en savons quelque chose puisque les Romains en avaient tant trouvé dans nos Pyrénées qu’ils l’employaient même au façonnage des ancres de leurs navires).
Même en tenant compte de la part qui revient, dans ces longs récits, à l’imagination du poète, on en peut conclure que les Grecs étaient déjà familiarisés avec les ouvrages d’orfèvrerie les plus complexes.
Les admirables découvertes de l’érudition moderne sont venues, depuis peu, démontrer la relative exactitude de ces descriptions dithyrambiques.
Enfin, les inscriptions cunéiformes de l’Assyrie dont nos savants ont, les premiers, pénétré le mystérieux langage, en constatant l’étonnante quantité de meubles et de bijoux que le roi Sargon rapporta comme butin de ses nombreuses conquêtes, nous dévoilent assez que le travail des métaux précieux avait atteint chez les peuples orientaux un développement considérable.
Il ne faut donc pas s’étonner qu’après les guerres médiques, les artistes grecs aient pu entreprendre et mener à bien la confection de ces énormes ouvrages en or et en argent que décrivent les historiens et dont la prodigieuse richesse n’a pas cessé d’être pour nous un sujet d’admiration et de surprise.
Il appartenait, au surplus, au génie de cette admirable nation de porter l’orfèvrerie à un point de perfection qui n’a guère été dépassé depuis.
Ses plus grands hommes furent si sensibles aux charmes de la belle orfèvrerie que, si nous en croyons l’auteur des Vies des hommes illustres, Démosthène lui-même se serait laissé émouvoir par la contemplation d’une coupe qu’Harpalus lui fit soupeser dans une intention qu’on devine.
A Rome, où la passion de l’argenterie fut encore plus développée qu’à Athènes ; à Rome, où l’on vit, au dire de Plutarque, des palais entiers uniquement garnis de meubles d’argent et d’or, les personnages les plus illustres et hiérarchiquement les plus élevés, non seulement mettaient un grand amour propre à la possession de vases en métal précieux, mais en encore attachaient une sorte de gloire à faire servir sur leurs tables des coupes des oenochoés, des patères de vieille orfèvrerie, dont on attribuait la paternité aux grands artistes de l’ancienne Grèce.
(Il me faudrait plonger dans mes tiroirs pour retrouver un dossier que j’avais élaboré sur les rhytons, ce que je ne manquerai pas de faire).




Tout le monde a lu, dans Plutarque, le récit du cadeau dont le fils d’Antoine gratifia Philotas, puis de l’offre qu’il lui fit d’échanger cette belle argenterie contre de l’argent comptant « pour ce que son père pourroit à l’adventure demander quelqu’un de ces vases faicts à l’antique » et qu’il estimait particulièrement pour l’excellence de l’ouvrage

On sait également que Caligula se vantait de boire journellement dans la coupe dont Alexandre le Grand avait fait usage. Pline parle de vases que les amateurs de son temps achetaient jusqu-à cinq et six milles sesterces la livre ; et Martial se plaint d’être obligé, au cours des longs repas, d’entendre ressasser la généalogie de coupes et de bassins dont on fait remonter l’origine au temps de Nestor et d’Achille.
Un certain nombre de pièces qui nous ont été conservées de la belle époque romaine démontrent, au reste que l’admiration des ancies pour leur orfèvrerie était largement justifiée »
La superbe patère en or, trouvée à Rennes, les soixante objets, vases, disques, spatules, ustensiles de tout genre, groupes et statuettes qui furent mis au jour auprès de Bernay ; le grand et précieux disque péché dans le Rhône il y a près de deux siècles et connu sous le nom de bouclier de Scipion, tous ces superbes objets ; pieusement conservés au Cabinet des médailles, viennent, avec la magnifique réunion de pièces de décoration et de service découvertes près d’Hildesheim (Hanovre) avec les nombreux monuments composant le trésor de Notre-Dame d’Alençon (Eure et Loire) que l’on voit au Louvre dans la Salle des Bijoux et avec quantité d’autres ouvrages qui sont l’ornement des musées européens, attester l’incomparable perfection à laquelle l’orfèvrerie romaine était parvenue aux premiers temps de l’Empire.


 Pour le bouclier de Scipion ouvrir ce lien ;

https://inha.revues.org/2781?lang=en


pour le trèsor d'Hildesheim:

http://www.peplums.info/pep42.03.htm

 http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/anse-de-plat?sous_dept=1

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