mercredi 24 juin 2020

Portraits de Victor Chocquet et de Paul Durand-Ruel et ses fils : Renoir

Peut-être moins attractifs que des paysages ou des bouquets mais très

représentatifs de la grande histoire de l'impressionisme, acteurs majeurs de la  

découverte de ses artistes, de leur valorisation, grâce à leurs collections privées

et à l'ouverture commerciale vers le monde  dont ils furent les acteurs.

 On voit cela de plus près :


                                            Portrait de Victor Chocquet

                                                                 vers 1876 - Huile, 46 X 36 cm


                " Une sorte de célébrité enveloppe cet homme, par ailleurs obscur

employé des douanes ; il était l'ami et le modèle de quelques uns des plus grands

artistes de son temps. Amateur passionné de l'art d'avant-garde, Chocquet

découvrit l'oeuvre de Renoir à la vente historique des impressionnistes, en 1875, à

l'Hôtel Drouot. Il lui écrivit immédiatement, lui demandant de faire le portrait de

Mme Chocquet avec dans le fond, un tableau de Delacroix : " Je vous veux tous les

deux, vous et Delacroix."Le peintre fit ensuite deux portraits de Chocquet. Exécuté

à un moment de sa vie où Renoir, assailli de problèmes financiers, avait

douloureusement besoin d'un amateur, ce portrait affectueux montre avec

évidence combien l'artiste fut touché par l'enthousiasme, la sensibilité, la

gentillesse du modèle.

La tonalité délicate, lumineuse, la légéreté de la touche révèlent le style

 authentique de Renoir à cette époque, différent du traitement plus compassé de

ses portraits bourgeois de commande. L'alliance merveilleuse d'une compréhension

pleine de sympathie de la personnalité de Chocquet et d'une élégante maîtrise

technique convient parfaitement à ce portrait détendu.

Cézanne aussi a peint Chocquet. Dans sa version, on est immédiatement frappé

par sa facture rude, presque brutale, sa préoccupation de la structure, les os sous

la chair. Renoir, captivé par la personnalité du sujet, montre combien compte

davantage pour lui le rayonnement spirituel de l'homme ( en dernière analyse les

portraitistes, au meilleur de leur inspiration, se peignent eux-mêmes autant que

leurs modèles).

Dans le rendu spontané, presque négligé, de la chemise et de la chevelure, cet

amour du naturel, inhérent à la plupart des portraits intimes de Renoir, se voit

mieux encore. L'exécution libre et délicate des doigts, dont les contours sont

inexacts, révèle beaucoup d'instinct et une grande part d'essai ; c'est vers ce qui

est éprouvé, ressenti, que se porte l'inérêt de Renoir.

 Sur ses maigres ressorces, Chocquet acheta des toiles à Renoir, à Cézanne et aux

autres impressionnistes avant qu'ils fussent appréciés du grand public. Il

combattit acvec zèle pour faire reconnaître les jeunes peintres et constitua une

éblouissante collection de leurs oeuvres qui fut dispersée après sa mort."


                                           Paul Durand-Ruel

      1910 Huile, 65 X 54 cm

                             " Il y a cent ans il n'existait pas à Paris de galeries d'art

comme aujourd'hui, avec leurs expositions constamment renouvelées, leurs

publications, leurs "écuries" d'artistes ; il y avait seulement quelques boutiques

 où l'on pouvait voir de la peinture. Les artistes ne devaient compter, pour vivre de

leur profession, que sur des ventes problématiques, l'espoir des commandes

publiques, des postes d'enseignement et la chance. Pour les peintres d'avant-garde

la route était dure.

Peu après l'Exposition Universelle de Paris en 1855, Paul Durand-Ruel, marchand

de tableaux, ouvrit une boutique rue de la Paix. Il avait combattu pour faire

reconnaître les peintres de Barbizon, dont les paysages paraissent maintenant  si

arcadiens dans leur paix et leur intimité: et il devait bientôt livrer les plus âpres

batailles :il se fit le champion des impressionnistes. Il commença d'acquérir leurs

oeuvres vers 1870 et, dès lors, son destin et celui des impressionnistes furent

étroitemen liés.

En 1886, toujours attaqué par les critiques, il prit conseil d'un ami américain et

exposa aux Etats-Unis un choix de peintures. Comme il le rappelle dans ses

Mémoires : "L'exposition eut un immense succès de curiosité et, à l'inverse de ce

qui s'était passé à Paris, elle ne provoqua ni tapage, ni stupides remarques et ne

souleva aucune protestation. La presse fut unanimement favorable et de nombreux

articles élogieux parurent dans les journaux de New-York et de toutes les grandes

villes des Etats-Unis."

Le résusltat de cet accueil (en réalité moins unanime qu'il ne l'évoque) fut

l'ouverture de la Galerie Durand-Ruel à New-York.

C'est en grande partie aux efforts de cet homme que les problèmes financiers de

Renoir - et ceux des autres impressionnistes - furent résolus. Et c'est ainsi qu'il se

tailla pour lui-même une place dans l'histoire de la peinture moderne."



                                     Charles et Georges Durand-Ruel


                                                                    1892 - Huile, 64 X 81 cm

                        " Dans ce portrait direct, Renoir nous donne l'image de deux des

fils du célèbre marchand qui, de bonne heure, encouragea les impressionnistes.
 
Il y a dans la composition une certaine maladresse  (pas tant que cela, je trouve )

quelque chose de posé qui n'existe pas dans les oeuvres mieux réussies du

peintre. Cependant dans cette toile, l'exécution des accessoires est superbe. Le

vêtement plus clair de l'homme à gauche offre un excellent exemple de la façon

dont Renoir recherche les multiples variations d'une seule couleur de base , et le

costume sombre, plus largement traité, présente une belle richesse de valeurs. Le

feuillage arrière, quoique librement brossé, donne une sensation d'exubérance et

de profondeur. Cette peinture est la dernière exécutée selon le style

impressionniste des débuts."

                   https://www.youtube.com/watch?v=W9SdbAVzWEI

https://www.youtube.com/watch?v=QF4Q437x33A



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire