vendredi 5 juin 2020

Paul Cézanne : Marronniers au Jas de Bouffan

 Cézanne a résidé dans  plusieurs domiciles, chez Renoir, chez Zola ou à Pontoise

chez Pissarro, mais le Jas de Bouffan, est la propriété familliale acquise  en 1860

par son banquier de père, elle  sera vendue quelques années après le décès de sa

mère.

 C'est pour cela qu'il s'installe à Aix en 1899.

            https://www.aixenprovencetourism.com/fr/fiche/18278/

                            Entre 1885 et 1887 - Toile 73X 92 cm


                                    https://www.youtube.com/watch?v=AaNR-OA8s4w


                   "Un effet de calme noble ne requiert pas chez Cézanne la dominance

marquée d'horizontales ou de formes géométriques et nues. Une qualité semblable

se trouve dans cette toile aux nombreuses verticales répétées et aux lignes

entrelacées des branches. Son repos résulte de rapports plus délicats dans les

couleurs et dans les formes. Ce qu'il y a d'architectural dans la conception nous

rappelle l'architecture médiévale plus que la classique, malgré sa tranquillité. De

toute façon, Cézanne a choisi un point de vue qui offre le minimum de jeu à la

perspective et qui réduit donc la tension de la profondeur. Le mur latéral de la

maison à gauche semble nous faire front comme la façade. Le pic de la montagne

lointaine qui pourrait être le point de convergence de la scène est caché par deux

arbres. Cézanne se place assez loin vers la gauche, mais il voit deux rangées

d'arbres comme un écran parallèle au plan de la toile, de même que le mur de

pierre et l'horizon bas. L'isolement des objets, leur alignement simple dans

l'espace, avec seulement de légers mouvements obliques en profondeur, ajoutent

au calme dominant. Les troncs des arbres agréablement variés dans leur

épaisseur, leur inclinaison, leurs branchages, leur écartement et leur éclairage sont

 des formes organiques individualisées ; elles sont fermes mais n'ont pas la rigidité

ni la tension qu'aurait pu leur donner la forme pure d'une colonnade. La force vers

le haut des lignes verticales se dessine graduellement dans le ciel vaporeux. Ces

formes gracieuses des branchages sont d'un beau dessin sans aucune répétition

ennuyeuse. Leurs mouvements en diagonale sont parallèles aux versants du pic

assourdi de la montagne.

Bien que dans cette oeuvre les éléments horizontaux soient peu nombreux et

brisés par des formes verticales plus fortes, nous ne devons pas en négliger

l'importance. A la base il y a une large bande de vert : tapis subtilement peint dont

les nombreux tons s'opposent au violet grisé et au brun des arbres verticaux -

contraste de couleurs qui renforce le contraste des formes supportées et de celles

qui supportent, accusé encore par la différence du jeu du pinceau sur le sol et dans

les arbres. Derrière, des bandes alternées de jaune et de vert plus clair, suivies par

le mur de pierre et la maison qui à deux renouvellent l'alternance des tons

lumineux et sombres dans les arbres. La succession d'étages de couleurs et de

touches variées, avec un allégement progressif de l'un et de l'autre, crée dans la

moitié inférieure de l'espace un galbe de lignes horizontaless et verticales qui se

transforme graduellement en réseau diagonal dans le haut par les formes des toits,

du flanc de la colline et du pic lointain."



        Et pourquoi pas quelques pommes à croquer pour le week-end ?



                                                                    Pommes et Oranges
        Entre 1895 et 1900 - Toile 74 X 93 cm

                        " Un autre aspect de Cézanne se révèle ici. Cette nature morte du

Louvre est d'une somptuosité impériale. Nous sentons dans toute l'oeuvre la joie

du peintre pour la luxuriance et l'abondance des choses colorées ; il est dégagé de

sa manière grave. L'ancienne construction, stable et détachée - le cadre

  rectangulaire de la table et le plan évident du mur - a disparu. A présent, l'espace

est partout richement drapé ou brisé , la différence entre la profondeur et la

surface, le plan horizontal et le vertical est dissimulée. Tout vient en avant ,

pourtant, il y a aussi une profondeur sensible, comme dans la succession des fruits

sur la gauche. Cela nous rappelle l'espace de la carrière et de la montagne dans le

tableau de la "Montagne Sainte Victoire vue de Bibemus.. Cézanne cherche ici une

continuité d'éléments plus complète que dans ses oeuvres antérieures. Le

compotier surgit de la magnifique nappe blanche, et la cruche déccorée semble

être la fusion de cette nappe avec les pommes, les oranges et la draperie

ornementée derrière elle. L'effet est dense et même surchargé, comme dans ses

paysages boisés et rocheux, il est extrèmement riche en formes inattendues et en

accords de couleur, presque jusqu'à un point d'étouffement. Ce n'est pas du tout

une nature morte "naturelle" - quelque chose que nous pourrions trouver dans un

intérieur - mais un entassement fantastique dans lequel nous discernons

néammoins un contrôle évident du goût. La complexité de cette oeuvre appartient

à la fois à l'orgueil d'un talent bien exercé et à la jouissance des sens. Nous

sommes impressionnés, plus que dans la plupart des natures mortes de Cézanne,

par son caractère orchestral, à cause de l'abondance des groupes d'éléments

articulés et distincts répandus sur toute la surface de la toile. La nappe blanche est

superbe avec ses lignes courbes, la multitude de ses sens contrastés, sa noble

montée, sa chute et le spectre de couleurs qui teinte légèrement sa brillante

surface blanche. En opposition avec cette complexité des blancs et avec les

accents atténués de draperies bigarrées, jouent les notes pures et riches des

fruits. Ils sont groupés simplement en rythmes variés et disposés de manière telle

que tous ensemble ils forment une nature morte sur un axe horizontal. La

décoration de la cruche avec des fleurs rouges et jaunes ressemblant aux fruits

voisins est une délicieuse invention qui fait métaphore : c'est un lien entre les

fruits et les draperies ornementées, dont les motifs, brisés par les plis, font une

riche vibration de tons contrastés moins intense.

Dans la grande composition, un des thèmes caractéristiques est une forme

sèchement pointée qui apparaît en de nombreux endroits dans la silhouette de la

nappe blanche, dans les angles qu'elle fait avec la table et les bords de la toile,

dans le pli aigu et élevé de la draperie en haut à gauche."



           https://www.youtube.com/watch?v=0I0dr71BKx0               






































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