mardi 20 décembre 2016

Le rococo


 C'est avec l'avénement de Louis XV que s'impose le "rococo" ; la mode vestimentaire évolue avec les perruques poudrées, les "mouches" sur les visages féminins, les jabots de dentelles et les culottes collantes pour les messieurs et si l'on peut dire, une démocratisation des bijoux qui ne sont plus l'apanage des classes privilégiées de la société.
Les réunions dans les salons de l'époque donnent naissance à l'éclosion d'une grande diversité de bijoux qui ne sont pas les mêmes le soir que dans la journée.
Leur "design" est plus léger  et  les diamants sont toujours à la mode,  surtout le soir où, à la lumière des chandelles, ils brillent de tous leurs feux.
Tout était fait pour "luire" mais, de cette époque, peu de bijoux subsistent et c'est une fois de plus,  par les portraits que nous les connaissons.
 Jusqu'en 1740, le thème du "neud" est toujours d'actualité, même pour les bagues:

                                                                                rubis et diamants
 mais ce sont les émaux qui décorent en majorité les tabatières, les petites boîtes miniatures, les montres et les "châtelaines" .
 Mais qu'est ce donc qu'une "châtelaine" ? c'est un bijou aussi bien féminin que masculin accroché à la taille ou au gousset pour y accrocher la montre et la petite clé destinée à  remonter le mécanisme .
Cette fonction "pratique",  très répandue, a donné naissance à des châtelaines plus ordinaires, plusieurs d'entre elles  sont parvenues jusqu'à nous.
Vous pouvez en trouver une au Musée des Arts décoratifs à Paris, celle-ci décorée d'émaux et de perles fines.

 Il faut le préciser, car la multiplication des bijoux a donné lieu à l'emploi de fausses perles ou de faux diamants.
  C'est au travers de cette différenciation des matériaux utilisés que les classes sociales se distinguent.
 Nicolas Beets dans sa "Camera Obscura"raconte, parlant de deux voyageurs:

Tandis que le premier avait des lunettes rondes en argent, une boîte à cigares en argent, un crayon en argent, une montre en argent, une broche en argent
 et naturellement des boucles en argent sur les chaussures, d'après quoi je déduisis qu'il devait s'agir d'un argentier, l'autre portait une broche en cuivre sur son foulard, une tabatière en cuivre, une chaîne en cuivre pour sa montre autour de la taille, ce dont je pus facilement déduire qu'il devait être au moins chef boulanger".
Exemple de broche florale où les pierres  sont .... "précieuses "
 C'est toutefois dès le siècle précédent que les pierres précieuses artificielles ont existé grâce à un chimiste britannique, George Ravenscroft.
En 1676 il découvre un nouveau type de verre à base d'oxyde de plomb (glass of lead) qui permet une taille en "brillant", bientôt rejoint par Joseph Strasser qui crée un cristal de plomb très lumineux que l'on baptisa" Strass" du nom de son inventeur.
On raconte que dans les années 1767, à Paris, trois cent quatorze artisans fabriquaient des bijoux en pierres  fausses.... même les maisons royales en possédaient ! comme en témoignent les joaillers de la cour d'Angleterre, Wickes et Netherton .



Les marcassites et les pyrites, les fragments de cristal de roche étaient taillés à facette comme les diamants : mais leur base pouvait être aussi faite d'acier ou d'un alliage de 17% de zinc et de 83% de cuivre, inventé par un autre anglais, Christopher Pinchbech.
Mais revenons aux bijoux qui font réver et ce sont dans leur majorité des bijoux Russes ou Espagnols.
La cour de Russie en 1762 devient le centre le plus important de Joaillerie avec des tailleurs venant de toute l'Europe.     Catherine  II la Grande  fit exécuter par un artiste suisse, Pauzier, qui vivait à St Pétersbourg, une de ses couronnes qui servit pour le sacre de ses successeurs.
On trouve au Victoria and Albert Museum, une "rivière" russe de douze émeraudes avec ses boucles d'oreilles assorties.


C'est une forme de collier caractéristique où le chaînon est aussi incrusté de petits diamants avec une sertissure  à jour sur griffes en forme de croix.
 Ce qui m'amène à vous conter une autre histoire qui a déffrayé la chronique et qui a valu à Marie- Antoinette, pourtant innocente dans cette affaire, une détestation plus grande encore : ce collier étant aussi une "rivière".
 Goethe ira jusqu'à dire, "l'affaire du collier a ouvert la préface de la Révolution française"
 L'affaire du collier de la reine:
 Commandé par Louis XV pour sa favorite "la du Barry" (par ailleurs  épouse du comte du Barry, gentilhomme Toulousain) à Boehmer et Bassenge,  joaillers de la cour, ce collier était constitué  de dix sept diamants gros comme des noisettes pour le premier rang suivi de trois festons ornés de pendentifs en diamants taillés en forme de poire et d'étoiles multiples qui retiennent deux triples rangs qui se nouent et s'unissent pour retomber sur la nuque et le décolleté du dos.
Description très succinte qui ne donne qu'une vague idée de ce bijou extravagant  et somptueux, mais Louis XV décède et les joaillers qui n'allaient pas le " garder sur les bras"  le proposent à Louis XVI qui juge le prix exhorbitant (un million six cent mille livres) et le refuse.
 C'est alors que la femme d'un officier Jeanne de la Motte monte une histoire ingénieuse pour se l'approprier.
Elle se présente aux joaillers avec en main des lettres du Cardinal de Rohan, stipulant que la reine voulait acheter ce collier à l'insu du roi.
Le cardinal acheta le collier à crédit et le  confia à madame de la Motte pour le remettre à la Reine; mais le cardinal de Rohan n'était qu'un "intermédiaire" et n'ayant ni l'intention ni les moyens de l'acquérir,  les joaillers présentent alors la facture à la reine qui "tombe de son haut" n'ayant jamais entendu parler de cette commande.
L'affaire fait grand bruit le cardinal de Rohan et les époux de la Motte sont emprisonnés.  L'histoire ne dit pas comment les joailliers furent remboursés ou en eurent pour leur frais.
Mais le collier avait déjà disparu, envoyé en Angleterre par Madame de la Motte dès qu'elle l'avait eu en main, démonté et vendu en pièces détachées.

Un autre collier n'eut pas eu plus de chance ; expédié par Marie-Antoinette en Belgique pour le sauvegarder, il fut récupéré par la duchesse d'Angoulème en 1798, passa par les mains de la princesse Massimo puis vendu à Londres en 1937 à un Anglais qui l'emporte en Inde où il disparaît.
On aurait presque envie de conseiller de ne pas  s'intéresser aux bijoux !!


peut-être à ces boucles d'oreilles hispano-portugaises du milieu du XVIII ème. girandolles, or ajouré , émeraudes et pendentifs en goutte, modèle "à la mode" dans presque toute l'Europe... ?
 et pour les boucles des chaussures qui avaient remplacé à cette époque les rubans, n'hésitons pas, prenons  de l'argent ( 1770).


Il me faut partir à la recherche de quelques tableaux, on verra la suite demain !!



                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire