samedi 16 janvier 2021

Johann Walter : chroniqueur et ornithologue

 

 Johann Walter. Gustave-Adolphe, Roi de Suède à la Bataille de Breitenfelf (1632)

                                            conservé à Strasbourg au Musée Historique

 Walter n'est en effet pas connu comme peintre, mai aussi chroniqueur. Il a laissé 

une chronique relatant l'histoire de sa ville natale, des origines à son temps, dont 

la bibliothèque de Strasbourg possède deux manuscrits. Cette chronique nous

 montre un homme honnête, d'une innocence candide, qui "copiait" aveuglément

 les autres historiens, commençant son récit par le Déluge et attribuant la 

fondation de Strasbourg aux Assyriens, très précisément à Trébéta, beau-fils de la

 reine Sémiramis en l'an 2683, avec trois-cent cinquante ans d'antériorité par 

rpport à Rome!

C'est un peu la loi de ce genre de chronique : les temps les plus proches du

 narrateur sont seuls utiles et même précieux pour le XVII ème siècle.

Il apparaît comme un homme sincère, de bon sens, bien informé. Sa chronique est

 intéressante pour la guerre de Trente Ans mais pour la lente décadence de sa ville

 natale (1649-1676) et la montée du pouvor absolu de Louis XIV.  Son témoignage

 est précieux du point de vue économique,  politique et religieux. Mais ce brave

 bourgeois, protestant zélé, est aussi crédule (il croit aux 'Poltergeyst, esprits 

 frappeurs et autres phénomènes) que cancanier. Il rapporte avec les mêmes 

frissons les faits d'armes de son pays et les exécutions de femme convaincues

 d'adultère. Il fustige le dévergondage des moeurs, et relate avec une feinte 

épouvante dissimulant mal une certaine satisfaction, le châtiments des coureuses

 de foire.

 Sa vie ne dut pas être de tout repos, car on le voit parcourir  des contrées

 dangereuses : ainsi raconte-t-il revenir d'Ilstein alors que les armées impériales

 font diversion au roi de France aux environs de Francfort et comment il passe le 7

 octobre 1672 avec cinq compagnons en voyage au milieu de deux armées ;

 quelques jours plus tard on le voit assurer le tour de garde avec sa compagnie 

alors qu'il est presque septuagénaire. Sa haine des Français éclate partout, 

pourtant il truffe son texte d'expressions françaises.

Walter dont le style est si serein et si pur, qui est attaché à peindre les merveilles 

de la nature a donc vécu dans une période les plus terribles de l'histoire 

européenne. Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648) l'Alsace servit de

 champ de bataille. Les armées impériales suédoises, françaises la parcoururent 

en tous sens. Massacres et famines décimèrent les populations, et ce fut une 

Alsace misérable que le traité de Westphalie céda finalement à la France.

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 C'est surtout pour ses peintures sur vélin que Walter est passé à la postérité. Son

 oeuvre la plus célèbre est" l'Ornithographia" que conserve aujourd'hui l'Albertina 

de Vienne. C'est un sublime recueil d'une centaine de dessins aquarellés d'oiseaux 

de toutes sortes dont beaucoup d'exotiques. Le margrave de Bade-Durlach lui 

envoya des spécimens rares, sachant qu'il les recherchait.

 Outre du Florilège c'est d'un autre volume que peut s'enorgueillir le

 Département des Estampes de la Bibliothèque nationale, un sublime recueil

 attribué de nos jours à Georges Hoefnagel, attribution flatteuse s'il en est mais

 erronée, bien qu'elle ait été toujours considérée comme intangible, en raison

 d'une mention manuscrite sur la page de titre. Ce volume relié par Derôme le

 Jeune, comporte quarante et une planches de la main de Walter. Le Cabinet des 

Estampes de Strasbourg possède de son côté vingt planches qui pourraient bien

 avoir initialement appartenu au même recueil. Au début du XVIII ème siècle,

 Claude Aubriet, peintre attaché au jardin du roi, possédait en effet une 

Ornithologie due au pinceau de Johann Walter.

 

 'Picus maximus niger, vulgo "Ein Trâbe Pfecht" 17 octobre 1646 

                                                                         grand pic noir. 

 Les légendes sont en latin et en allemand. La valeur scientifique est très grande, 

car Walter peignait avec une exactitude scrupuleuse. Il a en outre noté les 

passages d'oiseaux en Alsace. L'album comporte des indications biographiques.

 C'est ainsi que sur la légende d'un oiseau, il explique avoir vu l'animal à Chantilly 

: pour tel autre il précise que ce spécimen lui a été envoyé par le margrave de 

Bade-Durlach.


                                                               "Pica Marina" (Planche 19)



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