vendredi 23 novembre 2018

Gustave Courbet en Allemagne

De ce séjour dans les forêts allemandes, Courbet sort renforcé  dans son étude

  non plus des chevreuils car il chasse lui-même, mais aussi des cerfs.

 Il écrit à Francis Wey " Ce Rut de Printemps ou Combat de cerfs est une chose

 que je suis allé étudier en Allemagne. j'ai vu ces combats dans les parcs

 réservés de Hambourg et de Wiesbaden.

J'ai suivi les chasses allemandes à Francfort ; six mois, tout un hiver, jusqu'à ce

 que j'ai tué un cerf qui m'a servi pour ce tableau ainsi que ceux que mes amis

tuaient. Je suis exactement sûr de cet action.

Chez les animaux, il n'y a aucun muscle apparent : le combat est froid, la rage

 profonde, les coups sont terribles et ils n'ont pas l'air d'y toucher ; ça se 

conçoit facilement quand on voit leur ramure formidable. Du reste ils ont le

 sang noir comme de l'encre et leur force musculaire fait qu'ils franchissent

 trente pieds d'un saut, sans effort, ce que j'ai vu de mes yeux."

Il y a toutefois quelque chose qui me surprend pour ne pas dire qui me choque

 comment pourrait-il se faire que les cerfs allemands différent des lois de la

 nature qui font que le rut a lieu dès la mi-septembre et peut durer jusqu'en

 octobre suivant les régions ?

Examinons "La Remise des chevreuils au ruisseau de Plaisir-Fontaine" il n'a

 jamais planté son chevalet devant les cerfs en mouvement mais exploité leur

 observation pour les placer au centre de la nature,  ce tableau date de 1866.

 Il les aimait mais les chassait quand-même....




En tout cas période prospère, ici pas de refus, ni de censure mais l'admiration

 du roi de Bavière qui le décore de la Croix de première classe du mérite de

 Saint Michel et le fait baron en 1869.

 Ce style de tableau connaît de nombreuses versions,  ce qui fait dire à Albert

 Schug que nous pouvons admirer une "Trilogie du cerf" ; le Combat de cerfs au

 Louvre, Le cerf forcé au Musée des Beaux-Arts de Marseille et l'Hallali du cerf

 épisode de chasse à courre sur un terrain de neige, suspendu au Musée des

 Beaux Arts de Besançon. Tous de dimensions exceptionnelles de 3 m 50 à 5

 mètres pour ce dernier.


                         https://www.youtube.com/watch?v=w8nO6eApz2U

 lors de la lecture de ce youtube vous pouvez apercevoir quelques images de "l'Atelier" et "l'Enterrement à Ornans". 

 On raconte qu'en cette période faste, il prenait part aux concours de buveurs

 de bière et  allait jussqu'à peindre d'après photographie, en public, un grand

 nu, toile disparue, "La Dame de Munich". 

 Il boudera sa nomination de Chevalier de la Légion d'Honneur,  en France

 donnant les raisons de ce refus dans une lettre au ministre de l'époque.

Lisez-la :
 
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5110
   
https://books.google.fr/books?id=RTwTVc-w4VsC&pg=PA198&lpg=PA198&dq=Courbet+et+Louis+2+de+bavi%C3%A8re&source=bl&ots=E9DiMC9d_i&sig=AXivUMIggq0NHDto54Pl3StLAUM&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjU_vPsq-reAhUSzoUKHT3KAmgQ6AEwD3oECAAQAQ#v=onepage&q=Courbet%20et%20Louis%202%20de%20bavi%C3%A8re&f=false

Ne quittons pas cette période faste sans revoir le récit autobiographique d'une

 des chasses de Courbet :

"Une aventure superbe. J'ai tué à la chasse dans les montagnes d'Allemagne

un cerf énorme, un douze cors, c'est-à-dire un cerf  de treize ans. C'est le plus

 grand qu'on ait tué en Allemagne depuis vingt cinq ans. Il pesait corps vidé,

 274 livres : en saison d'été, vivant il aurait pesé plus de 400 livres.

(ce qui laisse à penser qu'il a dû le tuer au moment du rut, pratique courante ici aussi en France de nos jours où il est plus facile de tuer un cerf affaibli par le rut et qui se met à découvert sur les places de brame)

Cette aventure a suscité la jalousie de toute l'Allemagne. Le grand duc de

Darmstadt disait que pour mille florins, il voudrait que cela ne fut pas.
 
On m'a fait cadeau d'une photographie représentant ce cerf mort, avec mes

 coups de fusil. J'avais dans le coup droit une balle et cinq chevrotines ; et

quelques plombs de double zéro.

Le coup est entré de flanc, au défaut de l'épaule et ma balle est ressortie de

l'autre côté. Comme il ne tombait pas, je l'ai redoublé de cinq chevrotines ; et

 quelques plombs  double zéro dans le derrière, sur la cuisse gauche.

Ce sont les deux plus beaux coups de fusil que je tirerai bien certainement de ma

 vie. A la suite de cela, il y a eu un chasseur qui a offert un diner où l'on a bu

 700  verres de bière de Bavière .  

(et pour y avoir goûté lors d'un voyage à Munich, je peux vous dire qu'elle est délicieuse)

On est resté à table jusqu'au matin."

                                                                                         à suivre

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