samedi 13 février 2016

Quand les Pyrénées perdent pied

 Quand les Pyrénées, à l'ouest, perdent pied dans l'Océan, les Labourdins, les Basques se tournent vers la mer et savent en retirer les bénéfices.
Bayonne, St Jean de Luz, Capbreton...
 Dans "Us et coustumes de la mer" vous pouvez lire:

 "les Basques de Biarris, Gatiari, Sainct Jean de Luz, Ciboure, les pescheurs de Capbreton du Pech ou Boucau Vielh, et autre pescheurs de Guyenne, lesquels vont hardiment et par grande adresse harponner et blesser à mort les baleines en pleine mer"



 Etonnant ? non? et pourtant ce ne sont plus les pêcheurs de baleine qui se jettent dans leurs embarcations au premier signal du "souffle" de la baleine, mais les surfeurs qui guettent le pipe.
C'est même jusque dans les eaux de Terre-neuve qu'ils allaient pêcher la morue.
Deux siècles de "bonne fortune" XVI ème et XVII ème puis peu à peu du plus gros au plus petit, les Pyrénéens n'eurent plus à pêcher que la sardine......
Si l'on peut dire  !  car nous allons toujours sur le port de Capbreton à l'arrivée des chaluts; les étals juste au-dessus des bateaux sur le quai proposent,  colins, thons et bonites, chipirons, soles, baudroies,  maquereaux etc.

Un épisode ne devait pas manquer de sel.....; les cascarotes, vendeuses de poisson réputées, d'origine bohémienne calaient leurs paniers sur la tête et partaient en courant vers Bayonne:

" Dés que les chaloupes sont à cent mètres du rivage, raconte Lomet en 1788
 elles se mettent toutes nues, dansent et folâtrent puis se jettent ensemble à la nage, à la rencontre des bateaux.
Celle qui arrive la première s'assied sur le banc et fait le prix avec le patron pour toute la pêche du jour.
Dès que le prix est fait, le bateau  aborde et le prix est payé.
Les femmes se distribuent le poisson, s'habillent et font la course pour aller le vendre"
Lorsque la raréfaction du poisson, ( déjà ) se fait sentir ces hommes ne manquent pas de ressources, ils arment et convertissent leurs navires en corsaires (autre forme de banditisme sur mer cette fois) ...

                                         Le port de Bayonne Joseph Vernet 1760
 
Dès le Moyen Age, les ports basques étaient catalogués comme des nids de pirates, avec la bénédiction du pouvoir royal qui couvrait de son autorité tout arraisonnement de navire de commerce ennemi.
Soulet nous dit que les prises furent innombrables, tant pendant les guerres du règne de Louis XIV que durant celle de Sept ans et de l'Indépendance américaine.
Des noms basques ou gascons brillent au firmament des corsaires, à côté des Jean Bart, des Dugay-Trouin ou des Forbin.
Harismendy, Saint-Martin, Dolabaratz courent sus aux navires ennemis jusqu"au Groënland.
Johannes de Suhigaraychipi trouve la mort près de Terre-Neuve.
Duconte de St Jean de Luz, ramène onze prises en une seule sortie.
Jean Peritz de Haranader, autre Luzien qui servit de modèle à André Lichtenberger pour son Gorri le forban aurait amassé une fortune de 2.000000, de livres.
Même si l'essentiel des prises était monopolisé par les armateurs et les capitaines, il parait indubitable que la course et la pêche hauturière, qui, à l'époque de Louis XIV, intéressèrent peut-être la moitié de la population du Labourd, sauvèrent de la misère des milliers de Pyrénéens et empêchèrent ou retardèrent leur exode.
 Que revoyait, ou voyait Maurice Ravel, natif de Ciboure, lorsqu'il composa ce Concerto en sol majeur ?

https://www.youtube.com/watch?v=Ro7ApxqouJ0

 http://o-s-b.fr/IMG/pdf/Ravel_-_Concerto_pour_piano_no3.pdf

https://www.youtube.com/watch?v=LrVIEYPHfw4

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k959800.r=Les+us+et+coutumes+de+la+mer.langFR

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