vendredi 12 février 2016

échanges trans-frontaliers

Je suis très hésitante ce matin sur la teneur de mon article.....poursuivre les investigations sur ces coutumes ou bien passer à autre chose ?

 Les transgressions ayant toujours un petit côté attractif, pourquoi ne pas vous parler de cette contrebande trans-pyrénéenne, dont "j'ai eu vent" dans ma jeunesse, en Andorre.
On n'y montait pas sans jauger les dénivelés que l'on savait franchis de nuit par les contrebandiers.
Soulet nous dit  que jusqu'au XIX ème la population fermait les yeux sur ces trafics et ne dénonçait jamais ces passeurs.
Lesquels passeurs du XX ème siècle ont mis à profit leur connaissance du terrain pour permettre les évasions  de tous les individus fuyant la France de la guerre 39-45 et souvent au péril de leur vie.
Ce sont les fameux "Chemins de liberté" que j'ai déjà évoqué dans des articles précédents.
 Vincent Chausenque en 1810 raconte qu'il a été témoin du passage nocturne de l'un de ces convois : cet épisode se situe dans la  haute vallée d'Aspe.

"Vers le haut de la vallée, un large cordon de feux, souvent cachés dans les bois ou par les plis du terrain, descendait en serpentant.
Bientôt toute la caravane se déploya sur la route et vint défiler ...
En tête marchait un groupe d'hommes armés de carabines, et à leur suite les conducteurs de mulets, portant des torches, et en menant chacun six ou sept à la file. Un autre peloton faisait l'arrière-garde.
Nous comptâmes plus de trente torches, environ deux cents mulets, et une cinquantaine d'hommes d'escorte.
Une contre-bande ainsi armée se faisait respecter".

 http://www.pyrenees-passion.info/vincent_chausenque.php

Endurance, souplesse, robustesse permettaient à ces montagnards de passer, armés de leur long coutelas à la ceinture, des charges de soixante livres sur le dos, appuyés sur leur gourdin de néflier, sur des distances qui les faisaient marcher toute la nuit.

                                             le Contrebandier.
                                                                     A. Pingret
D'autes franchissaient aussi les Pyrénées pour des travaux saisonniers et cet exil donnaient à tous ces montagnards jusqu'au Piémont la possibilité de subvenir aux besoins de leur famille; ils se louaient pour les moissons, les vendanges et en hiver pour le pressage des olives dans les provinces frontalières mais jusqu'à la plus lointaine Andalousie.
Ceci à grande échelle puisque le canton d'Aspet, dans une enquête de 1804, perdait mille cinq cents habitants, les vallées d'Ourle et du Louron trois mille personnes.
Louis de Froidour écrit:
"Ils vont travailler en Espagne à la culture des terres, des jardins et des vergers ; ils y fauchent les prez, font les récoltes des bleds, des vins et des huiles ; surtout ils sont excellens ouvriers pour bûcher et remuer la terre et ils s'y occupent aussi à faire ou à réparer les fossez que l'on fait ordinairement pour la clôture des terres.

                                                           La forge. Francisco Goya

Du pays de Foix partait vers novembre et jusqu'en mai, un nombre élevé de bûcherons, de charbonniers et de forgeurs. Le Pays Basque, à cette époque, fournissait d'excellents tuiliers, briquetiers et tanneurs ; le Comminges, des chaudronniers qui allaient jusqu'à Madrid ; le Saint-Gaudinois des raccommodeurs d'ustensiles, des affûteurs et le Rémouleur


                                                      Le Rémouleur Francisco Goya

 Plus tard, le courant s'inversa, ce sont les saisonniers espagnols qui traversèrent les Pyrénées pour venir travailler en France.

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