jeudi 11 février 2016

Western Pyrénéen



Il serait fallacieux de vous laisser imaginer que les Pyrénées n'étaient qu'un vaste lieu d'échanges paisibles; si cela vous intéresse je pourrais vous parler des "miquelets", "bandouliers" puis contrebandiers ?
  Ce ne sont pas des attaques de diligences qui ne pouvaient emprunter des routes qui n'existaient pas mais des attaques de villages ou de voyageurs, à pied ou à cheval,  muletiers aussi,  tout ce qui transitait au travers de ces montagnes.

                                      Attaque de voleurs. Francisco Goya

 Ces brigands ou bandits de grand chemin se transformaient quelque fois en contrebandiers mais ils étaient alors considérés avec plus d'indulgence, la contrebande devenait un métier .....
 Plusieurs chefs de bande s'illustrèrent, en majorité espagnols.

 

..................."Parmi les multiples personnages qui, hiver comme été, hantaient routes et sentiers, le brigand occupe une place de choix.
S'il attendit le XIX ème siècle pour devenir un héros de la grande et petite littérature pyrénéenne, il fut l'un des familiers de la montagne dés l'époque moderne.
Il fut le seul, en effet, à profiter du climat d'insécurité qu'engendrèrent les troubles religieux et les différends franco-espagnols, deux siècles durant.
Déjà "la passerie" d'Arrens dénonçait ces "vagabonds, coureurs de grands chemins et autres malfaiteurs" qui volaient les troupeaux, détroussaient les marchands, incendiaient, assassinaient, bref, semaient l'épouvante dans les vallées.
Le nom par lequel on les désignait alors, "les miquelets", emprunté à leur redoutable chef Miquelot de Prats, devint très vite synonyme de terreur.
 (On appelle aussi miquelets,des miliciens, des mercenaires ou des soldats auxiliaires d'origine cévenole ou catalane).
Forts de la curieuse protection de Saint Michel, qui, disait-on assurait leur invulnérabilité, parfaitement au fait des méthodes de la guérilla, ils attaquaient en petites bandes et par surprise.
Ramassis d'irréguliers de toutes sortes, de déserteurs et de désoeuvrés, d'origine en grande partie espagnole, ila avaient leur base sur le versant sud, dans les vallées isolées de l'Aragon.
Revêtus d'une veste rouge et d'une culotte, chaussés d'espadrilles, bardés d'épées et de dagues, de mousquetons et de trois ou quatre pistolets, ils visitèrent, une fois ou l'autre, à peu près toutes les communautés des vallées et du piémont..
Dans l'espace de quatre ans entre 1708 et 1711, on relève leurs méfaits (vols, incendies,et meurtres dans les vallées de Luchon, de Barèges, d'Aure, d'Aspe et d'Ossau.
C'est dire combien leur champ d'activités était vaste.
Redoutable et insaisissable, le miquelet devait fixer toute l'hostilité que les Pyrénéens français n'avaient pas manqué d'accumuler, en raison de leur vie commune, à l'encontre des Espagnols.
Ainsi, éclipsa-t-il presque totalement l'autre figure du banditisme pyrénéen de cette époque que fut le "bandolier".
Voici en quels termes nuancés ce dernier nous est dépeint par le géographe Pierre Davity vers 1665:
"Les habitants de Foix sont adonnés au travail, supportent toutes sorte d'incommodités.
Ils sont aussi remplis de courage.
Mais il y a un mal en ce pays qui est que plusieurs ne pouvant vivre au plus mauvais pays, s'adonnent à demander la gracieuseté avec un poictrinal (pistolet) en bandolier.
Toutefois ils ont un bon naturel pour la plupart, que si vous les contentez volontairement, ils ne vous font nul mal et mesmes quelquefois les premiers que vous rencontrez vous mettent ou font mettre hors de tous dangers et de tous mauvais passages.
Quelquefois aussi, ces bandoliers vous laissent en blanc (dévalisé) ainsi que vous passez d'Espagne en France ou de France en Espagne"




Dans le premier quart du XVIII ème siècle, presque tous les habitants du Bosc "tenaient" la haute vallée de la Barguillère et faisaient preuve d'une étonnante  solidarité.
( Lorsque nous allons passer par là prochainement avec Frisco, nous apprécierons la sécurité que nous y rencontrons ).

Si l'un d'entre eux était arrêté, les autres s'attroupaient et le délivraient.
Certains seigneurs ne dédaignaient pas ce genre d'activité et le château d'Urs (Les Cabannes) demeura longtemps le principal repaire des "bandoliers" de la région axoise.
Le terrain de prédilection de ces bandes était constitué par les zones les plus isolées.
Les vastes landes du plateau de Lannemezan n'étaient pas seulement le lieu de rendez-vous des sorciers de Gascogne, venus, selon la tradition, participer à d'extraordinaires sabbats.
Elles servaient aussi d'asile à des troupes de" gens sans aveu", aussi bien organisées qu'audacieuses.
Ne fallut-il pas en 1708, faire appel à trois régiments pour venir à bout de la bande de malfaiteurs commandée par le célèbre Loubayssin ?  ( voir le lien, book, plus bas,  chapitre, Dissidence et révolte dans une région frontière).
Pareille notoriété donna même l'idée à Daniel Defoe de situer le retour de Robinson Crusoé dans cette région où, parmi les voyageurs, les animaux les plus sauvages demeuraient, selon lui, les "bêtes à deux jambes" .
Malheur aussi au voyageur qui s'aventurait seul sur la route de Tarascon à Quillan (je peux vous dire que lorsque nous rentrons seules avec une de mes filles par cette route quand nous rentrons d'Andorre à la nuit tombée il n'y a pas "âme qui vive ou voiture qui roule" mais pas de bandit à l'horizon)
 ou sur celle d'Ax au Puymorens ! il risquait fort, au passage du col de Marmare ou du territoire de Mérens, d'y laisser sa bourse, si ce n'est sa vie même."




                                                                  photos isarde
https://books.google.fr/books?id=0iNXpKxdtFUC&pg=PA62&lpg=PA62&dq=bandit+Loubayssin&source=bl&ots=lPlxwyS-KU&sig=Tu_0379MESvejnLd8UXVHkpJlVY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiZmqHsnO_KAhUCtRoKHZc3CHYQ6AEIIzAA#v=onepage&q=bandit%20Loubayssin&f=false


http://donquijotedelamancha.free.fr/Bandolerismo.pdf

                                                Asalto de coche. Francisco Goya

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire