Si je choisis cette toile ce matin c'est justement pour que vous fassiez la différence
entre les deux techniques employées par cet artiste.
" Ce tableau fut exécuté à Pontoise, derrière la petite maison du
quai de Pothuis où l'artiste s'était installé après avoir quitté le quartier de
l'Hermitage.
Le motif, demeuré presque intact jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, séduisit
également Cézanne qui, à cette époque, se trouvait en visite chez son ami après
avoir travaillé auparavant en sa compagnie en 1874 - 1875. Cézanne fit apparaître
cette colline entourée de maisons dans plusieurs paysages. ; il la peignit
notamment sous le même angle que Pissarro, ayant probablement planté son
chevalet à côté de celui de son ancien mentor. A plusieurs reprises, les deux amis
ont choisi des sujets identiques ; mais il semble que l'accord de leurs vues ait
rarement été plus étroit que face à ce jardin et à ces arbres en fleurs.
https://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/aux-musees/presentation-detaillee/page/6/article/cezanne-et-pissarro-1865-1885-4243.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=649&cHash=ce0d1f09f4
Le tableau de Cézanne a dû rester inachevé (les pétales étaient sans doute tombés
avant qu'il terminât son travail) tandis que Pissarro réussit à capter la fragile
beauté des branches couvertes de leur neigeux fardeau.
Contrairement aux toiles anciennes, faites de coups de pinceau assez larges, et
aux plus récentes, exécutées au couteau à palette, Pissarro utilise ici un mélange
de petites taches et de hachures qui donnent une texture vivante, particulièrement
adaptée au sujet. Pourtant, même avec une exécution convenant à la nature du
motif, que d'efforts sont nécessaires et combien d'angoisse s'y mêle quand la
réussite d'une oeuvre dépend d'une gelée tardive, d'une averse inopportune ou
d'un coup de vent trop violent ! Mais grâce à l'habileté avec laquelle il peignait,
l'artiste surmonta les obstacles et réussit à retenir l'exquise fraîcheur du motif.
S'il a rencontré ici des difficultés, il savait leur faire face au point qu'on n'en
trouve pas trace dans cet éclatant poème au printemps. Ce fut, cependant, avec
une certaine résignation que, quelques années plus tard, lorsque son fils aîné se
tourna vers la peinture, Pissarro lui donna ce conseil : "Je te recommande une
chose, c'est de faire toujours son possible de pousser jusqu'au bout ce que l'on a
commencé. Cependant je constate par moi-même... la difficulté ou plutôt les
difficultés toujours inattendues qui viennent vous assaillir en plein air."
Cézanne quand il peignait aux côtés de Pissarro, a dû profiter de conseils
semblables, sinon plus spécifiques encore, car il dit plus tard : " Pissarro fut un
père pour moi. C'est un homme à consulter et quelque chose comme le Bon Dieu."
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