mardi 7 juillet 2020

Neige à Louveciennes : Pissarro

    Petite leçon de peinture, comment traiter les blancs ?!!!!



              1872 - Huile sur toile , 45,7 X 56 cm

           " L'analyse de l'ombre dont il s'était préoccupé pendant son séjour en

Angleterre était un problème important pour Pissarro et ses amis. Aussi ces

peintres étaient-ils particulièrement attirés par les paysages de neige qui leur

permettaient d'observer des surfaces privées de lumière directe et d'étudier la

réflexion. Il se révélait indiscutable qu'une ombre sur la neige ne pouvait, comme

l'affirmait la tradition académique, avoir un caractère bitumeux, et que, dans les

zones d'ombre, au lieu du blanc originel, apparaissaient des couleurs imposées

par l'atmosphère aussi bien que par l'objet qui cachait le soleil. Ainsi, il devenait

clair que les régions exposées à la lumière influençaient la coloration de celles

restées dans l'ombre.

Comme Renoir devait l'énoncer à la fin de sa vie :

" Le blanc n'existe pas dans la nature...Il y a un ciel au-dessus de la neige. le ciel

est bleu. Ce bleu doit apparaître sur la neige. Le matin, il y a du vert et du jaune

dans le ciel. Ces couleurs doivent également apparaître dans la neige si le tableau

est peint le matin. S'il est peint le soir, du rouge et du jaune devraient se montrer

sur la neige. Quant aux ombres,... un arbre, par exemple, a la même couleur

locale du côté où il reçoit la lumière que du côté où il est dans l'ombre. La couleur

de l'objet est la même, mais recouverte d'un voile. Parfois le voile est fin, parfois il

est épais, mais ce n'est qu'un voile. Aucune ombre n'est noire, elle a toujours une

couleur. La nature ne connaît que de la couleur. Le blanc et le noir ne sont pas des

couleurs".

                 (c'est bien cela qu'a compris Soulages dans son outre-noir)
 
                             https://www.rtbf.be/culture/arts/artistes/detail_soulages-et-les-mysteres-de-l-outrenoir?id=10383710

" Ainsi, les ombres pouvaient évidemment jouer un rôle d'unité dans une

composition plutôt que de la diviser brutalement en zones sombres et claires. Et

c'est de cette façon que Pissarro les utilisa dans la scène de neige peinte à

Louveciennes où les tons bleutés dominent tout le paysage. La coloration vert-bleu

du ciel uniforme est reflétée sur l'ensemble. Un soleil d'hiver, quelque part vers la 

droite, presque à l'horizon, est suggéré par des ombres diagonales et par quelques

taches de lumière dispersées ça et là. Les nombreux accents des troncs d'arbres et

des branches nues constituent un tissu d'arabesques contre la tonalité bleue

prépondérante. Le soleil se trouvant derrière les troncs d'arbres, ils sont tous dans

l'ombre ; cependant ils ne sont pas noirs, leur teinte brunâtre bénéficiant de la

réflexion de la neige. Ainsi se trouve recréé, avec une échelle de couleurs réduite,

le jeu intime de l'ombre et de la lumière sur les formes solides des troncs et le sol

couvert de neige."

          https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1987_num_76_1_347631

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