Quand on aime la nature, les arbres sont un sujet de prédilection : j'entame donc
une petite série que j'intitule "Portraits d'arbres", car ils sont vivants ;
nous avons vu les cyprès de van Gogh , les pins de Cézanne, voici les châtaigniers
de Pissarro, il me restera à rechercher ceux de Monet :
1872 - Huile sur toile : 41 X 54 cm
"Courbet dit une fois en plaisantant que son âne décidait du choix de ses
paysages. Au cours de leurs promenades, il installait son chevalet et
commençait à peindre là où l'animal s'arrêtait. Malgré l'évidente exagération de
cette saillie, il est vrai que les paysagistes français de la seconde moitié du dix -
neuvième siècle approchaient leurs motifs avec une attitude radicalement opposée
à celle de leurs prédécesseurs. Non seulement ils découvraient beauté et
pittoresque à des vues qui jusque-là n'avaient pas été trouvées attrayantes, mais
en fait, ils s'écartaient de tout ce qui aurait pu paraître trop plaisant ou artificiel.
Cela ne veut pas dire, cependant, qu'ils choisissaient leurs sujets avec indifférence
ou sans égard à leur qualité d'harmonie ( en dépit de ce que Théodore Duret avait
pu en penser).
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k856763v/f267.image
Les paysages de de Pissarro se distinguent justement par le charme d'une
composition sans artifice. Ne se permettant pas d'altérer le spectacle que lui
présentait la nature, le peintre avait le don particulier de choisir des mortifs offrant
des attraits pittoresques et des éléments structurels d'une éloquente beauté, dont
il savait exploiter tous les aspects.
Equilibrant les formes plus instinctivement que méthodiquement, opposant des
surfaces uniformes à des plans très détaillés, accordant les couleurs ou les
contrastant, créant des accents, déplaçant l'intérêt du premier plan au plan médian
selon les exigences du sujet, adoptant les lignes symétriques ou, au contraire,
soulignant soit la gauche, soit la droite, abandonnant au ciel une grande partie de
la toile ou bien peuplant sa composition au point où le ciel est à peine visible, il
réussissait toujours à rendre par la composition, aussi bien que par la conception,
ses impressions intimement liées à la saison et à l'heure du jour.
Dans ce groupe d'arbres dépouillés, observés au printemps, la singulière
diagonale d'un tronc foudroyé rompt brutalement les verticales et les arabesques
irrégulières des autres arbres. Les ombres fortement marquées zébrent le sol,
accentuant son importance par rapport au ciel sans nuage. Ces ombres et les
lignes divergentes des deux arbres du centre écartent de ce paysage sans
prétention tout danger de monotonie; elles rehaussent au contraire d'un élément
inattendu la simplicité du site."
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