dimanche 19 avril 2020

L'espace optique de Munch

Mais encore un exemple de ses "reprises :

"Je n'ai jamais fait de copies de mes tableaux. Quand j'ai utiisé le même

 motif c'est uniquement pour des raisons artistiques et pour approfondir

 le motif" (1935

 Les Jeunes Filles sur le pont. 1927


                                   
                                                      Les Jeunes Filles sur le pont. 1901

"La nature n'est pas seulement ce qui est visible à l'oeil. Elle comporte

 aussi les images internes de l'âme - les images imprimées sur la rétine"

 (1928)

La composition  et l'organisation trés particulière de l'espace dans la peinture de

 Munch des années 1880-1890 sont marquées par l'impressionnisme, mais

aussi le japonisme et la vision offerte par l'optique instrumentale. Munch eut 

sans doute recours pour certaines de ses études à la "camera obscura" ou à la

 "camera lucida" et pratiqua lui-même la photographie à partir de 1902. 

L'engouement de l'époque pour la photographie stéréostopique, c'est-à-dire en 

relief, explique lui aussi nombre des caractéristiques de sa composition. Les 

perspectives sont accélérées, les lignes de force très obliques. Le premier plan 

proéminent, souvent coupé par le cadre du tableau, renforce la profondeur. 

Vers  1900, ces effets optiques vont en s'accentuant. Les corps sont 

représentés en raccourci, le point de vue est surplombant. Les personnages, qui

 jusqu'alors apparaissaient dans des postures figées, pétrifiées, sont désormais 

peints en mouvement ; ils semblent avancer droit sur nous en nous fixant.

 Outre la photographie, c'est au cinéma que renvoie la composition de Munch,

 en créant l'illusion d'une image "projetée", dont les protagonistes entrent dans 

l'espace du spectateur.



 "J'ai peint tableau après tableau d'après les impressions saisies par 

mon oeil durant des instants d'émotion. J'ai peint les lignes et les

 couleurs laissées sur ma rétine- je n'ai alors peint que ce dont je me

 souvenais - sans rien ajouter - sans les détails que je ne voyais plus -

 en résulte la simplicité de ces tableaux - leur vide apparent". (1928)




                                                     La Vigne vierge rouge. 1898-1900



                Neige fraîche sur l'avenue. 1906



Ces deux toiles sont très représentatives des compositions de Munch.

Un paradoxe réside dans le malaise qui naît de l'usage simultané d'un effet de

 mouvement et d'un arrêt sur image . Les personnages du premier plan sont 

projetés vers l'avant et coupés par le cadre ce qui crée un éloignemnt de

 l'arrière plan, relayé par la double ligne de force diagonale créée par le chemin.

Dans "Neige fraîche sur l'avenue", les deux silhouettes surgissent de façon

 théatrale devant le spectateur tandis que le ciel semble reculer derrière les 

rangées d'arbres ondoyantes. L'organisation des  formes et des couleurs

 témoigne ici de l'influence réciproque des Fauves, aux côtés desquels Munch

 exposa la même année au Salon des indépendants. Le protagoniste de" La 

 Vigne vierge rouge" dégage, comme souvent chez Munch lorsqu'il peint les 

visages en vert, un sentiment de tristesse et de désarroi. L'arbre sans feuilles

 accentue la morbidité de l'atmosphère. La vigne vierge elle, semble mue d'une 

force propre ; nappe sanglante, elle engloutit la maison.


                Sur le même principe "Meurtre sur la route. 1919 


 beaucoup de fuites sur cette toile : la ligne de fuite du chemin,  la fuite de la

 meurtrière ou d'une passante effrayée ; l'essence des arbres est plus définie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire