lundi 20 avril 2020

En scène

 Quand Max Reinhadrt, fondateur des Berliner Kammerspiele en 1906, inaugure

 son théatre en montant "les Revenants" d'Henrik Ibsen, c'est tout 

naturellement  à Munch qu'il fait appel. Les "études d'atmosphère" que le 

peintre réalise pour ses décors s'inscrivent en effet dans la continuité de son 

travail.

Les dramaturges, à l'instar d'Auguste Strindberg, s'orientent alors de plus en

 plus vers une esthétique de l'intime : la personnalité et l'univers intérieur des 

personnages se retrouvent au centre du drame, et l'espace qu'ils occupent

porte la marque de leurs tourments. Qui mieux que Munch pouvait faire jouer

ce rôle dramatique aux objets, aux meubles ? cette collaboration signe une

évolution dans sa peinture. Il représente alors davantage de personnages figés

dans cet espace clos, dont l'étroitesse renforce une sensation d'étouffement, qui

 gagne certes le spectateur, mais qui semble aussi paralyser les personnages

hiératiques. On y retrouve un paradoxe propre au théatre intimiste de

 Reinhardt : le spectateur se sent introduit dans l'espace des personnages et

donc dans leur intimité ; cependant, l'attitude crispée et distante de ceux-ci

tend à montrer qu'ils cherchent à repousser cette intrusion.


                                                           " A la douce jeune fille". 1907

 "la mort est amoureuse de la vie et la douleur est l'amie de la joie"
                                                                                      vers 1915-1930

Dans la série intitulée  "La Chambre verte" Munch donne à voir une nouvelle 

interprétation des thèmes amoureux plus amère encore que dans "La Frise de la

 vie". Une pièce au papier peint vert et aux motifs entêtants, dont le plafond

 sombre et bas, supplante les paysages élégiaques. Le traitemennt de la 

perspective renforce encore l'ambiance oppressante et claustrophobique qui

 règne dans ces toiles : il n'est jamais possible de sortir de ces espaces dont

 l'unique porte est soit fermée soit occupée par des personnages. une table

 ronde au premier plan, souligne le procédé quasi photographique de grand 

angle qui alimente le malaise ressenti : le spectateur participe de la scène

 comme s'il était assis à celle même table. Ces tableaux témoignent de l'art

 introverti d'un Munch toujours à la recherche d'une transcription de ses états

 d'âme. Dans cette série qu'il peint au moment où il recontre des difficultés

dans sa relation avec Tulla Larsen, ses amours malheureuses tiennent le 

premier rôle.


" Jalousie" 1907


En 1908, mal remis de ses déboires amoureux avec Tulla larsen, affaibli par ses 
 
incessants voyages et ses abus d'alcool, Munch traverse une crise profonde qui 

le contraint à se faire hospitaliser dans la clinique psychiatrique du Dr Daniel 

Jacobson. Cet épisode semble constituer un véritable tournant dans son

 existence.  


                                                                   "La Meurtrière" 1907

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire