jeudi 15 octobre 2015

Un culte immortel

  Je poursuis cette lecture du temps de Toussaint tout en écoutant sur France Musique une émission vouée à Marc Chagall mettant en évidence une exposition qui lui est consacrée  à la Philarmonie de Paris.


 Comme plupart des fêtes calendaires de la montagne gasconne, celle de la  Toussaint est l'habituel et inévitable amalgame entre vieux fonds "païen" et liturgie chrétienne.
La tentative que fit Louis le Pieux, en 835, de remplacer la célébration des morts par celle de tous les saints, fut un échec.
 Ainsi, à Malvezie, j'ai à peine prononcé le mot "Toussaint"  que Lucie Boué (née en 1871) s'exclame:
Oh! les morts, on les respectait plus que maintenant ! Eh ! Vous badinez ! 
La religion, plus que maintenant ! (1972)
On ne peut mieux exprimer cette constante cultuelle de la religion populaire, présente, d'ailleurs, dans tout l'Occident chrétien : à la fin du XXème siècle, pour Lucie Boué comme pour des millions d'autres avant elle, ce sont les honneurs rendus aux morts le Premier novembre qui constituent l'acte religieux.
Comme les autres axes cardinaux de l'année solaire, le temps pascal de l'équinoxe ou la Saint Jean solsticiale par exemple, la célébration des morts de Premier novembre, était trop authentiquement une composante première des comportements religieux pré-chrétiens, pour être extirpée par un décret, fut-il toyal.
Ce fut aussi le cas, nous l'avons vu, pour tous les autres repères au rythme quarantenaire qui découlent de la scansion solsticiale de l'année.



Ne parvenant pas à substituer le culte des saints à celui des morts, l'Eglise se résolut à les faire cohabiter en instituant, au lendemain de la Toussaint, une fête des morts : vers l'an 1000, Odilon, troisième abbé de Cluny, ordonna que fut célébrée le 2 novembre, une messe pout tous les morts qui dorment en Christ.
Mais le peuple continua à honorer pareillement les morts le Premier novembre, faisant du jour de tous les Saints ce qu'il avait toujours été, à savoir celui de tous les Ancêtres.
                                                                                                                                                            Au point que de nos jours, dans le calendrier civil, c'est le Premier novembre qui est férié et consacré au souvenir des morts, et non le deux, pourtant dit "le jour des morts".

 C'est pour le Premier novembre que les cimetières se remplissent des vivants venus fleurir les tombes.
On les fleurit avec d'autant plus de soin, ces demeures des morts honorés, qu'elles sont ressenties comme un prolongement  de la demeure des vivants : le rectangle tombal s'inscrit dans l'aire domestique.
Jusqu'en 1940, à l'église, dés le début de la messe de la Toussaint, chaque maison allumait son "plec" (nous avons vu précédemment comment il était confectionné
la Chandeleur) édifié avec la fine chandelle de cire que l'on avait fait bénir à la Chandeleur et le laissait brûler pendant toute la cérémonie.
En cette descente vers l'ombre de l'hiver et du domaine des morts, la flamme symbolique qui est à la fois le soleil et la vie, compense et exorcise ses contraires."



http://philharmoniedeparis.fr/fr/musee-expositions/expositions/expositions-venir

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