dimanche 28 février 2021

Les gauchos de la Pampa

 Je ne pensais pas traverser les océans aussi vite, mais nous reviendrons en 

Europe, en effet en citant les csikos de la Puszta cela m'a fait penser aux gauchos 

argentins.

Pas d'envahisseurs lointains dans ces vastes espaces, ce sont eux les envahisseurs 

chez les peuples premiers. Pedro de Mendoza avait traversé l'Atlantique et parvenu

 sur ces rives en 1536, son prédécesseur Diaz de Solis pensait atteindre le

 Pacifique mais ce sont les amérindiens qui l'ont accueilli sur leur rivage aves leurs 

flèches. Le sort en était jeté 76 chevaux et autant de juments furent débarqués et

 ne subirent pas celui de ces premiers arrivants qui n'ont pas survécu, ce sont

 désormais des hordes  de chevaux  sauvages qui peuplent la pampa. 

En 1580 les européens ne vont pas abandonner si vite" l'eldorado " et il faut

 encore autant de montures  mais aussi de troupeux de bovins le Portugais Goez y 

avait abandonné sept vaches et un taureau, Goray en introduit 500 et 1.000

 chevaux et en 1587 Torres de Vera Aragon rajoute 500 chevaux 4.000 brebis et

 5.00 chèvres.


 

 C'en était fait !! ce n'était pas d'arbres que la pampa était peuplée  !! mais de 

chevaux et de bestiaux à tel point qu'au XVII ème il était possible de s'emparer

du nombre de chevaux que l'on pouvait attraper et dresser et de se les attribuer  

sans permis. Si l'Argentine est devenue célèbre pour sa viande, à l'époque sans

 moyens de conservation, c'est le commerce des cuirs qui était florissant et très 

florissant... vu le nombre faramineux de bêtes abattues à cet effet.

 Il fallait pour cela des hommes employés à les rabattre, le gaucho était né,

 solitaire ou à deux, de provenances diverses,  métissé de sang indien ou

 espagnols tout  juste débarqués . Ce n'est pas Attila qui leur a appris à mettre

 leur biftech entre la selle et le dos du cheval,  il n'y a pas dans la pampa d'arbres 

pour faire du feu. Ils sont à ce moment-là maîtres d'eux-mémes avec pour seul 

danger les bêtes sauvages et les Indiens Pehuelches, Araucans ou Guaranis qui

  n'ont pas dit leur dernier mot. La Pampa et leur cheval sont leur propriété et ils 

ont du mal à "rentrer dans le rang" si je puis dire. Au XVII ème  une série de

 décrets tend à légiférer sur ce qu'il est possible de faire ou de ne pas faire et au

 XIX ème c'en sera fini d'une liberté sans contraintes, il faudra produire une 

attestation  de travail dans une estancia. Tout contrevenant se verra expédié dans

 un fortin reculé exposé aux attaques des Indiens. Il est libre et ne souhaite

 travailler que lorsque cela est nésessaire ; le regroupement de bêtes n'est pas une

 mince affaire car elles se comptent par miliers. Leur adresse et celle de leur

 monture, ou une fois de plus nous constatons qu'il ne font qu'un, était très

 prisées.

 Il peut aussi être empoyé à chasser les jaguar et les puma qu'ils capturaient à 

l'aide des "boleadoras" (trois pierres rondes reliées par des cordes) qu'ils 

lancaient dans les pattes arrières du fauve puis sautaient à bas de leur cheval pour

 leur porter le coup de grâce, avec le "facon" qui ne quitte jamais sa ceinture  

Le poète José Hernadez  a chanté sa fierté d'être libre  dans


"Martin Fierro"

"Ma gloire est de rester libre

Comme un oiseau dans les airs" ..


                       https://www.youtube.com/watch?v=i964wwYfmvo
 

Une épopée que celle de ces premiers gauchos ! qui trouvera son aboutissement

 au moment de la guerre d'Indépendance où ils deviendront les héros dont les 

chroniqueurs  militaires ennemis citeront les  exploits.

 Les choses ont bien changé, s'il existe encore des gauchos ce ne sont plus des

 indépendants, des hors la loi, des vagabonds  mais de fiers cavaliers dont l'art

 équestre sera un mix entre l'école espagnole et les nécessités d'un terrain 

particulier où souplesse et équilibre naturel sont essentiels.

 Malgré les déplacements par train, ils guident encore les troupeaux lors de

 longues et épuisantes tranhumances où tous les 10 à 20 kilomètres ils changent

 de monture. Il est toujours possible de se lancer à la poursuite des hordes de 

chevaux sauvages les "cimarrones", il faudra alors les dompter.

 Leur plaisir ? le maté, les cartes, et le jeu du pato un mix de boskachi et de

 basket- ball, il faudra tenir à bout de bras la dépouille d'un canard (remplacée par

 un ballon avec poignées)  et le jeter dans un panier, par équipes de quatre où là 

aussi tous les coups ne sont plus permis.

 Ils sont toujours les cavaliers de jadis appliquant sur leurs mollets les bottes de 

cuir de poulain  encore chaudes, la ceinture porte-monnaie à la taille et le rêve

 d'espaces infinis et libres !! à parcourir .

 


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