mardi 31 janvier 2017

L'art d'Owo

Cet art mérite que nous lisions encore ses aventures  :  l'art d'Owo est intermédiaire entre celui d'Ifé dont il s'inspire et celui de Bénin qui tenta de s'approprier ses terres en brisant nombre de ses oeuvres d'art.

 
 60 - Tête de personnage XV ème siècle environ
                             Igbo'Laja, Owo. National Museum Lagos
Owo est une ville-Etat presque à mi-chemin entre Ifé et Bénin et dont l'art participe des deux cultures.
Cette tête apaisée et sereine dans la tradition artistique d'Ifé a probablement été exécutée à Owo.
 L'oeuvre présente plusieurs caractéristiques d'Ifé telles que les stries parallèles sur le visage, la paupière supérieure  qui recouvre le coin de la paupière inférieure, le bord de la paupière supérieure souligné par une incision, les commissures marquées en creux et les lèvres entourées d'une ligne en relief.
 Les arcades sourcillères sont plus proéminentes que sur les terres cuites d'Ifé.

    " Owo, autre cité yoruba, est située à cent trente kilomètres environ au sud-est d'Ifé, elle aurait été fondée selon la tradition orale par Ojugbelu, le plus jeune fils d' Oduduwa qui fut lui-même le fondateur d'Ifé.
 On raconte qu'à l'époque où il vivait encore à Ifé, rentrant un jour d'une expédition de chasse, Ojugbelu découvrit que son père avait réparti toutes ses possessions entre ses autres enfants.
Sous le coup de la fureur, il décida d'émigrer et partit avec plusieurs chefs qui l'aimaient bien.
Après avoir erré, ils s'installèrent au sommet de la colline d'Okitisegbo qui domine encore de nos jours la cité d'Owo.
Nous ignorons la date exacte de cette émigration, mais des oeuvres qui remontent probablement au XV ème siècle, mises à jour a Owo, présentent des affinités évidentes avec l'art d'Ifé.
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On a retrouvé des fragments d'une même sculpture très loin les uns des autres ; il semble donc que cette hutte a été détruite avec violence.
 On a retrouvé, notamment, les fragments d'une même tête (n° 60 ci-dessus) éparpillés sur quatre mètres, ce qui laisse supposer que l'oeuvre a e été fracassée.
Tout le tombeau a peut-être fait l'objet d'actes de vandalisme entre Bénin et le peuple d'Owo, qui aurait pu se dérouler au XV ème siècle, quand Bénin tentait d'assujettir Owo.
Les fouilles d'Owo ont produit des oeuvres d'art qui présentaient des affinités non seulement avec l'art d'Ifé mais aussi avec celui du Bénin.


  63. Tête de personnage barbu XV ème environ Igbo'Laja. Owo. N M L.

 Avec son front coupé de rides profondes, ses globes oculaires prononcés, ses narines dilatées et sa bouche volontaire, cet homme renfrogné est un portrait très original et expressif.
La manière dont il porte son bonnet est aussi originale.
La barbe, les favoris et l'oreille sont soigneusement représentés sur le côté droit du visage  tandis qu'à gauche il n'y a pas de barbe et l'oreille est grossièrement modelée.
 Cela indique qu'il ne s'agissait pas d'une pièce isolée, mais d'une partie d'une sculpture plus grande, constituant peut-être une scène. 
 
    "Si nous ne pouvons situer avec précision la date de l'émigration du peuple d'Owo venu d'Ifé, nous savons néammoins qu'il commença à subir l'influence de Bénin, situé à cent dix kilomêtres environ au sud-est, vers le milieu du XV ème.
Même si le peuple d'Owo soutint n'avoir jamais été conquis  par Bénin, l'influence de ce royaume ne peut être niée.
Quand on sait l'expansion que prit au XV ème siècle l'empire de Bénin, notamment sous le régne d'Ewuare, dit Ewuare le Grand, on doute qu'Owo n'ait pas été intégrée dans cette hégémonie qui repoussa les limites du royaume jusqu'à la frontière de l'actuelle République du Bénin, ex Dahomey."

  65. Buste même descriptif 
Le modelé soigné du visage contrastant avec le traitement plus grossier du corps est typique des sculptures trouvées à Qwo.
Ce personnage porte une collerette insolite de perles et de glands et un rang de perles à la taille, où commence le costume qui couvre le bas de corps.
La position des avant-bras ornés de perles et la bouche expressive lui donnent un air vivant peu courant, même si la tête repose disgracieusement sur le buste.


 67. Bras tenant une tête d'animal :  même descriptif

Il est impossible d'identifier avec certitude l'animal ainsi présenté pour le sacrifice par deux avant-bras chargés de perles.
Il peut s'agir d'un bélier ou d'un éléphant.
 Bien que la décoration qui recouvre toute la surface de l'animal rappelle les oeuvres d'Ifé, celui-ci est beaucoup plus stylisé notamment en ce qui concerne les oreilles en forme de disques ornés de triangles gravés en creux. Le personnage qui fait l'offrande devait être de rang royal, à en juger d'après les bras lourdement ornés, même si aucune des têtes trouvées sur le site ne porte de couronne.

 Voici une série de mains qui vont intéresser les naturalistes : ce sont les numéros 70 - 71 - 72  toutes provenent des fouille d'Owo de la même époque et conservées au Musée de Lagos.

 
 Main tenant un bouquet de feuilles d'Akoko.
Certains arbres, leurs feuilles et leurs branches sont sacrés dans la culture Yoruba.
Ainsi les arbres peregun
 (Cracaena fragans) sont-ils généralement plantés autour des lieux sacrés pour indiquer au public leur nature, tandis que les feuilles de l'arbre akoko sont spécialement utilisées lors des cérémonies d'intronisation des chefs et des rois.
 Les arbres akoko sont également plantés dans les lieux sacrés.
Leur pied devient souvent un autel à ciel ouvert où l'on s'adonne à des sacrifices et à des prières.
Ici, une branche feuillue couvre presque entièrement la main qui la tient, dont le pouce avec son ongle triangulaire caractéristique, est cependant clairement visible.

Ce fragment de statue représente une paire de cornes, sans doute de buffle ou d'antilope, tenue par deux mains dont une seule a subsisté.
Les cornes sont souvent utilisées comme récipients pour des substances magiques, soit seules soit par paire.


 Même origine et date pour ces fragments de poteries rituelles.
73 - 74.- 75.
La signification précise de ce motif (un visage avec des serpents sortant des narines), s'est perdue dans la nuit des temps mais on peut supposer que les serpents avaient un rapport avec le souffle que  l'on identifie à l'âme dans de nombreuses régions du monde.


Ce fragment qui devait appartenir à une poterie, représente un poisson de vase (ou un poisson-chat) tenant une queue de crevette ou de langouste dans la bouche.




Ce petit fragment constitue une pièce de grande valeur à cause des quatre petites marques qui figurent au-dessus de chaque oeil et qui sont incontestablement des marques sacrificatoires de Bénin
prouvant qu'il existait un rapport entre ces deux cultures.





" On peut supposer que cet art a pris fin et que les sculpures  ont été réutilisées ultérieurement dans un contexte second ou moderne..............................
Cette hypothèse est étayée par une autre découverte fascinante : au milieu du principal ensemble, on a trouvé un morceau de bois carbonisé sur un trou contenant deux fragments de sculpture en terre cuite portant des traces de cuisson
Or la matière carbonisée extraite de ce trou, qui peut être une fosse est datée du XVII ème siècle.
 Les gens d'Owo découvrirent sans doute les fragments de sculpture en creusant le sol et les réutilisérent dans un contexte moderne.
Ils les enterrèrent ensuite à nouveau dans cette fosse sans savoir ce qu'elle contenait d'autre, et marquèrent l'emplacement avec du bois carbonisé. 


                                      69 - Coq - Owo. XV ème s NML

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