dimanche 29 janvier 2017

L'art d'Ifé

 Nous avons vu les poteries de Nok, les bronzes de Igbo-Ukwu et nous passons maintenant aux magnifiques têtes en laiton ou en cuivre d'Ifé.



 41.  Masque qui représenterait l'Oni Obalufon. XII è - XV ème siècle.
Cuivre  : (près de 6 kg) h 29,5 cm Palais de l'Oni. Ifé. Museum of Ifé Antiquities
 Malgré son poids ce masque avec des fentes sous les yeux était clairement destiné à être porté. C'est une oeuvre remarquable en cuivre pur, métal particulièrement difficile à fondre  quand il n'est pas mélangé avec d'autres métaux. Pour obtenir une fonte aussi parfaite, on a dû fixer le moule sur le creuset contenant le métal afin que celui-ci puisse s'écouler en ayant le moins de contact possible avec l'air. Selon la yrdition, ce masque représenterait l'Oni Obalufon qui aurait introduit l'art de la fonte à Ifé.


   "Ifé ou plus excactement Ilé-Ifé est depuis des siècles une cité importante pour le peuple Yoruba.
Selon leur tradition d'origine, le grand Dieu Olodumare envoya sur terre seize dieux mineurs pour y amener la vie, dont Oduduwa, qui fonda Ifé et devint son premier roi ou "Oni".
On ne sait pas exactement quand  ce que nous appelons l'art d'Ifé  a commencé à se développer mais la datation par le carbone 14 fixe entre le XI ème et le XV ème siècle le plein essor de cet art.
Il est intéressant de noter qu'on a aussi trouvé sur les sites qui ont permis d'obtenir ces dates des pavés en tessons.
Selon la tradition, une femme Oni nommée Oluwo sortant avec tout ses joyaux pour se promener par un jour pluvieux fut aspergée de boue.
Cela la rendit tellement furieuse qu'elle donna l'ordre de paver de tessons tous les hauts lieux publics et religieux.
On trouve effectivement des pavés à travers tout Ifé.
On en a mis à jour en plusieurs endroits, notamment à Ita Yemoo, Lagofido, dans le pays Olabara et à Woye Asiri.
Il semble cependant qu'ils ne proviennent pas de rues mais plutôt de cours intérieures et de corridors 
Nous ignorons quand a été découverte le tête d'ifé qui se trouve actuellement au Brooklyn Museum.
Tout ce que nous savons, c'est que le British Museum en a reçu le moulage en plâtre en 1910.




                                  copie de la tête d'Olokun

L'histoire de ses pérégrinations entre Ifé et l'Amérique en passant par Londres reste mystérieuse.
Celui que l'on peut l'inventeur de l'art d'Ifé est Léo Frobenius, ethnologue allemand qui dirigera une série d'expéditions en Afrique au début du siècle.
Il avait entendu parler d'une cité ancienne où l'on vénérait la déesse de la mer
.


39.  Tête d'un Oni
Laiton à teneur en zinc Wunmonije Compound Ifé Museum of Ife Antiquities
Etant très féru de la Grèce, où existe le dieu de la mer, Poséidon, et de Rome, où il s'intéressa   donc à cette divinité africaine appelée Olikun.
Il arriva à Ifé en novembre 1910 pour se mettre à la recherche de cette fameuse tête d'Olokun.
La population d'Ifé lui apprit que les têtes sculptées étaient enterrées au pied d'arbres géants d'où on les exhumait quand on  en avait  besoin pour les rites.
Il passa un arrangement avec eux pour se rendre sur palce et faire des fouilles.
Dès qu'il vit la tête en bronze d'Olokun, il proposa de l'acheter pour six livres sterling plus une bouteille de Scotch et un verre. Ce haut fait parvint aux orilles de l'administrateur du district, Charles partridge, qui se rendit à ifé pour l'empêcher de sortir l'oeuvre du pays.
Frobenius la restitua à ses propriétaires et récupéra ses six livres (nul ne se souvient de ce qu'il advint du Scotch et du verre).
Il réussit quand même à quitter le Nigeria vec une quantité de têtes en terre cuite qui appartiennent désormais au für Völkerkunde de Berlin, en République fédérale d'Allemagne.




  40. Tête d'un Oni XIIè XV ème siècle
                                            Laiton à teneur en zinc h.29,5 cm
              Wunmonije Compound. Ifé Museum of Ifé Antiquities
 Ces têtes étaient utilisées lors des cérémonies de la seconde inhumation peu de temps après l'enterrement du roi.
Cette tête portait la couronne du roi défunt et était fixée sur un corps en bois par deux trous pratiqués  sous le cou. Le ruruel était destiné à montrer que, même si le roi était mort, le pouvoir continuait.
Après les avoir utilisées, on les ramenait sur un autel à l'intérieur du palais.
Au début du XIX ème siècle, le palais fut réduit et un complexe qui porte le nom de l'oni Wunmonije fut édifié sur le site.
 
Mais la tête d'Olokun décrite par Frobenius n'est plus représentée que par une copie.
Nul ne sait où se trouve l'original.
Il est possible qu'il se soit arrangé ultérieurement pour la faire remplacer par une copie."

                                                 à suivre
       
http://www.ankhonline.com/ankh_num_18_19_20/ankh_18_19_20_t_obenga_leo%20frobenius%20et%20l'afrique.pdf


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