dimanche 17 février 2019

Porcelaine dure

Je crois qu'il est temps de parler de la porcelaine dure en France : et c'est en

 étudiant plus particulièrement la porcelaine de Strasbourg, que nous y arrivons

 tout naturellement. Strasbourg avait des précédents, je vais vous le raconter.

 Vous souvenez-vous de l'histoire du poudrage de la perruque et de l'Electeur

 de Saxe  ? en France c'est une histoire de lessive à St Yriex près de Limoges

et de Turgot de l'Aulne intendant de la Généralité de Limoges. (1768)

Il faut transposer à cette" industrie" naissante de la porcelaine, les mêmes 

luttes d'influence, les mêmes stratégies commerciales que celles de notre 

époque.

Etant donné que  l'origine  et la découverte  du kaolin étaient limougeaudes

  la faïencerie déjà existante exploitée par Massié aurait dû en tirer tout le

 bénéfice, ce n'est pas le cas ... elle s'est faite "doubler" par la Manufacture

 Royale de Sévres: celle-ci refusait d'acheter sa production à Limoges, pis

 encore, Sévres faisait fabriquer ses pièces de porcelaine en blanc à Limoges et

 les décorait chez elle !!

 Mais revenons à la première statuette en porcelaine dure de Strasbourg et 

pourquoi ? Elle se trouve au Musée des Beaux Arts de Strasbourg.


 https://www.musees.strasbourg.eu/collection-musee-des-arts-decoratifs/-/entity/id/318047?_eu_strasbourg_portlet_entity_detail_EntityDetailPortlet_returnURL=https%3A%2F%2Fwww.musees.strasbourg.eu%2Fcollection-musee-des-arts-decoratifs%3Fp_p_id%3Dcom_liferay_asset_publisher_web_portlet_AssetPublisherPortlet_INSTANCE_WELOTkEpAKzE%26p_p_lifecycle%3D0%26p_p_state%3Dnormal%26p_p_mode%3Dview%26p_p_auth%3DX2UubR4C


Oeuvre du sculpteur Lanz elle ne bénéficie pas de toute la grâce que l'on

 attendrait de cette Flore, autrement dit elle est un peu lourde...

 La création de la faïencerie est le résultat d'une association, celle de Charles-

Antoine Hannong d'origine hollandaise et du peintre Henri Wachenfeld suivis 

par Paul-Antoine et Balthazar Hannong fils.

Intervient aussi la capacité de chacun à rester à la tête d'une entreprise, à en

 tenir les rênes, à savoir s'entourer des meilleurs collaborateurs : c'est le cas

 de Paul-Antoine qui fait appel au chimiste Ringler, au peintre Roth et au 

sculpteur Lanz, originaires de la fabrique de Meissen et la pâte dure n'avait plus

 de secrets pour eux.

Il rencontre toutefois des difficultés commerciales et ne pouvant commercer

 avec la fabrique de Vincennes il part s'intaller à Franckenthal. 

On passe à la génération suivante avec Pierre (moins doué pour le commerce)

  qui malgré la création de plusieurs usines, finit comme ouvrier à Sévres.

Survient Joseph son frère, capitaine d'industrie : a-t-il négocié avec Sèvres

 l'abandon par cette manufacture royale de certains privilèges afin de ne pas

 asphyxier les manufactures privées ? (1766). 

Mais les ennuis commencent avec une fiscalité démesurée  les "Fermiers

 Généraux ont peu de considération pour l'Alsace, Joseph le déplore :

"le manufacturier de Kingh-Tshing, qui habite sous un autre ciel, est bien mieux

 traité que le citoyen de l'Alsace" .

 La suite n'est pas drôle, bénéficiant de l'aide financière du cardinal de Rohan-

Saverne, à la mort de celui-ci ses héritiers entendent recouvrer les sommes

 allouées à la fabrique, Joseph est emprisonné et réussit à se faire libérer mais

 mis en faillite il s'enfuir à Munich où il mourut au tout début du XIXème siècle.

Le nom des Hannong ne va pas s'éteindre comme cela,  un Pierre-François est

 à Paris et de porcelaine en porcelaine  en 1771 de Vincennes au faubourg

 Saint-Denis c'est le patronage du duc de Chartes qui maintient cette fabrication

 jusqu'en 1783.

 On revient sur une autre fabrication de Joseph Hannong avec un grand bas-

relief  en biscuit. 


                                                    Musée des Beaux-Arts de Strasbourg

https://www.youtube.com/watch?v=RWErCbVYl14

 https://www.youtube.com/watch?v=UtIOE_ZeL4g

samedi 16 février 2019

Porcelaine de Mennecy

 François Barbin, est ici aux commandes d'une des meilleures fabriques ; je 

vous en ai donné un exemple dès le premier article sur ce sujet.

 Celle-ci suit le même shéma que les précédentes, un soutien de la noblesse;

j'aimerais savoir si celle-ci investissait et finançait en vue de bénéfices ultérieurs

 ou simplement pour l'amour de l'art  ? 

de la même façon, une filiation, des décés et une reprise par des collègues 

venus d'autres fabriques.

 L'émail de François Barbin est plus brillant mais ses sujets  un temps sous 

influence des précédentes manufactures vont  s'en affranchir pour créer un 

style très personnel. Ses marques : en bleu ou en creux  D.V  pour son

 protecteur le duc de Villeroy, quelque fois B.R  car la fabrique a déménagé à

 Bourg la Reine.

 C'est d'ailleurs là que  Symphorien Jacques et Joseph Jullien qui ont pris la

 suite des Barbins père et fils vont continuer à fabriquer leurs modèles.

  Arrive ensuite le déclin , auparavant il faut souligner les productions du 

sculpteur François Gaumon  dont le célébre "Dieu du Fleuve". 


 Jacques et Jullien travaillaient auparavant à Sceaux: ils cédent cette fabrique à

 Richard Glot en 1772. C'était une fabrique qui n'avait pas reçu de lettres

 patentes mais travaillait sous la protection de la duchesse du Maine suivie du 

duc de Penthièvre. On va donc retrpouver  un S. P  dans ses marques ainsi

 qu'une ancre marine.


Eh bien !! il y a de quoi faire !!

http://catalogue.drouot.com/ref-drouot/fiches-ventes-aux-encheres-drouot.jsp?id=18486

http://catalogue.gazette-drouot.com/pdf/mathias/ceramique/Mathias_06112009_BD.pdf?id=5457&cp=74

                             Pour en savoir plus :

https://docplayer.fr/76327123-L-eveil-de-la-porcelaine-a-paris.html

vendredi 15 février 2019

Porcelaine tendre

Restons encore sur ces premiers temps de la porcelaine  : comme je le 

soulignais la Manufacture de Vincennes avait eu des précédents, à Rouen, 

précisément. Il est remarquable de s'apercevoir que dans ce domaine, les

 idées, les hommes voyagent, comme les sculpteurs, les peintres et bien

 encore les littéraires !!!

 A Rouen,  en 1673,  venant de Champagne arrivent les Poterat : ils sont de

 "bonne famille" comme on dit,  et portent déjà sur leur blason la devise

" Prosperat tute". C'est d'abpord une faïencerie qui voit le jour mais Louis 

semble être pionnier en la matière en créant une fabrique de porcelaines dont

 il emporters les secrets dans sa tombe en 1696.

 J'étais assez dubitative sur ce petit pot, que j'avais classé dans les faîences

 mais le fait de l'exposer par hasard à contre-jour et de trouver un A  sous la 

soucoupe ???, une certaine transparence, des godrons en relief, il pourrait bien

 être représentatif de cette période. Il faut toutefois rester prudent comme je 

vous l'ai indiqué.



C'est la Manufacture de Saint-Cloud qui prend le relais, probablement avec un

 transfuge de chez les Poterat, un dénommé Chicanneau ; ces fabriques 

travaillaient toujours sous la protection d'un "puissant", tout d'abord, Monsieur

 le frère du Roi puis,  Madame Chicanneau ayant perdu son époux et s'étant 

remariée avec Henri-Charles Trou, protégé du duc d'orléans, ce sont ses fils

 Henri et Gabriel qui recoivent de nouvelles lettres patentes en 1722. De père

 en fils, beau-fils ou belle-fille, la manufacture perdure jusqu'en  1766.

 On considère  le vrai Saint Cloud comme la plus belle des porcelaines 

françaices : elle a su évoluer de son style initial de Rouen, vers d'autres styles,

 d'abord typiquement français puis avec l'inspiration des décors japonais ou

 chinois. la marque du St Cloud est un soleil rayonnant en bleu, en rouge ou en

 creux.. On va aussi parler des décors "à la Bérain".


 Commence la chasse à l'exemple : on en parle mais on ne les montre pas 

https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/expositions/expositions-terminees/porcelaines-de-saint-cloud-en-bleu-531/

               ouf !! en voilà !!

http://collections.lesartsdecoratifs.fr/pot-couvert-6

http://collections.lesartsdecoratifs.fr/tasse-trembleuse-et-soucoupe-5

https://www.lesechos.fr/02/05/1997/LesEchos/17388-133-ECH_saint-cloud---une-porcelaine-sous-evaluee.htm




Je vais continuer à vous faire voyager, dans le temps et la France:

 à Lille, 1711, Barthélémy se lance avec Pélissier comme associé, les fils Dorez

 prennent la suite  jusqu'en 1730, mais le "Lille" ne trouvera sa consécration

 qu'avec les pâtes dures j'y reviendrai donc plus tard.


 On retrouve à Chantilly en 1725 un autre ouvrier expatrié de chez les 

Chicanneau-Moreau, Sicaire Cirou, sous la bénédiction du Prince de Condé.
 
 C'est une imbrication totale que cette fabrication de porcelaines tendres, ils 

viennent d'une fabrique, en fondent une autre, puis la suivante, sur ces bases 

reprend le relais. Cirou s'entoure des frères Dubois qui un peu plus tard vont

 fonder la manufacture de Vincennes en faisant suivre aussi Louis Fournier.

 Dans ma volonté de vous simplifier les choses, disons que la première usine de

 Chantilly fut le fleuron de l'art de la pâte tendre.

Ce qui ne l'empêche pas de s'inspirer de Meissen.

 On parle beaucoup de la Corée, actuellement , le style "Kakiemon" était aussi

 largement copié, et ce n'est pas mon préféré.




 Buquet de Montvallier prit la succession de Cirou en apportant une certaine

 translucidité à cette porcelaine grâce à une couverte à base d'étain alors que 

la pâte initiale est faite à base de marne trouvée sur olace mélangée avec du 

sable blanc et de la potasse. Chantilly rayonna pendant un demi-siècle : il est à

 l'origine d'un décor spécifique  le décor dit "à la barbeau" semis de fleurettes

 légéres.


                   Rassurez-vous je n'y bois paa mon thé tous les jours

            c'est une copie plus tardive, en porcelaine dure.



   
           La marque de la fabrication de la pâte tendre de Chantilly



 

jeudi 14 février 2019

Le Biscuit

 Quel nom charmant !! et quels objets non moins charmants à contempler sans

 les déguster.. j'ai envie de m'attarder sur cette fabrication, nous aurons des

biscuits en pâte tendre et des biscuits en pâte dure.

 C'est aussi ajouter une part de statuaire.



      Biscuit de Sèvres  "Chasseur au fusil" Modèle de Blondeau d'après Oudry

Le sculpteur que ce soit pour des bustes ou des groupes de personnages sculpte

d'abord  l'objet soit en cire soit en plâtre puis intervient la réalisation du moule

 de l'objet par estampage ou par coulage, le moule définitif sera en bois pour

 l'estampage sinon en plâtre aussi pour le coulage, Avant la cuisson le mouleur

 veillera à la perfection  de ses visages, rajoutera membres ou détails, toutes

 opérations plus aisées avec la pâte tendre. En France c'est la Manufacture de

Vincennes qui fabrique les premiers "biscuits".  Il lui faut faire face à la

 concurrence allemande qui déjà maîtrisait les couleurs raffinées et les émaux

, mieux vaut alors se concentrer sur une "spécialisation" ; Bachelier directeur

des ateliers de décoration, choisit de laisser les oeuves en blanc en soignant

particulièrement la qualité de la pâte et la finesse d'exécution.

 Lorsqu'il y eut fusion entre Vincennes et Sévres, Jacques Bachelier, donna

libre cours à son talent, voici ce que l'on peut lire dans son" Mémoire historique"

" Dans l'origine de la manufacture, la sculpture n'avait, ainsi que la peinture,

 d'autre objectif que l'imitation de l'Extrême- Orient. Jusqu'en 1749, la sculpture

 était luisante et colorée. L'impossiblité d'approcher lezsfigures de Saxe, par 

l'égalité de l'emploi et l'éclat des couleurs allait faire renoncer à cette partie

 quand le sieur Bachelier proposa d'essayer la sculpture sans couverte, c'est à

 dire le biscuit ; mais il n'y avait pas d'exemple de ce genre, aussi fut-il rejeté

 comme impraticable et ridicule. Inutilement il cita le marbre statuaire, qui n'est

 ni luisant ni coloré et qui a cependant des charmes ; ce ne fut qu'en 1750 que

 le ministre exigea que l'on en fit l'expérience.
 
 Le sieur Bachelier pensa que rien ne serait plus agréable au public et de plus

 facile exécution, pour l'espèce d'ouvriers qu'il avait alors sous la main, que de 

traduire en porcelaine plusieurs idées pastorales de M. Boucher. ce genre eut 

le plus grand succès jusqu'à ce que M. Falconet, chargé en 1757 de conduire la

 sculpture, y portât un genre plus noble d'un goût plus général et moins sujet 

aux évolutions de la mode"

 Le sculpteur-ciseleur du roi, Duplessis vient bientôt renforcer les rangs de cette

 équipe : trois autres artistes unissent leur talent, Falconet avec Fervex et Duru.

 Mais ils ne sont pas les seuls, Le Riche oriente la production vers une statuaire 

de plus grande taille avec Taraval et Suzanne. 

 Leurs marques :

il faut toutefois remarquer qu'il peut exister des copies et même la marque


 peut être sujette à caution ;




Nous verrons plus tard la fabrication des pâtes dures.

Il faut souligner qu'il n'y a pas eu que Vincennes-Sèvres qui a fabriqué des 

biscuits en France, nous verrons cela.





                    "Pygmalion" Biscuit de Sèvres. Modèle de Falconnet

https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/collections/departements/xviie-xviiie-siecles/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/parcours/xviie-xviiie-siecles/le-retour-aux-sources-classiques/pygmalion-et-galatee

 https://www.anticstore.com/antiquites/porcelaine-18e-siecle

mercredi 13 février 2019

Origines de la porcelaine

 Les rapides aperçus de la fabrication de la porcelaine n'ont été que pour nous

 faire reconnaître sa préciosité et tout l'art nécessaire à sa réalisation.

Quand notre porcelaine sort du four nous avons un "biscuit" qui va alors être

l'objet de nouvelles manipulations, la glaçure et les couvertes, qu'il faudra à

nouveau recuire : ensuite interviendront les peintres et les doreurs ces derniers

 seulement, à cette époque, dans les manufactures royales. S'ils copient souvent

 des peintres, ils peuvent mettre  aussi  en scène des sujets de leur invention

 avecc des mélanges de pigments dont ils choisissent la composition : ces enduits

 sont vitrifiables  en raison de leur mélange avec des oxydes métalliques  et ils

 vont passer à nouveau par le four. C'est  un oeil averti qui peut faire la

 différence avec les décors modernes, obtenus avec la chromo-lithographie,

décalcomanies vitrifiables, elles aussi.



                     Biscuit de Sévres : Modèle de Blondeau d'après Oudry


Mais nous n'avons rien inventé, la porcelaine vient de loin  ! en Chine au VI 

éme siècle, dragons sacrés, effigies religieuses étaient confectionnés dans cet

 argile "felspathique"; qui a donné lieu au premier espionnage industriel.....
 
le Père Entrecolle en 1712, en rapporte un échantillon, de là faut-il imaginer

 que l'on a mis les géologues français sur la piste pour trouver l'équivalent de

 ce "kao-ling".

De son côté le géographe Edrissi, rapporte dans ses écrits en 1153 que "Sousse

 est une ville où on fabrique le "ghazar" chinois qui est une porcelaine dont rien

 n'égale la beauté".

 De son côté Ibn Batoutah en 1356 rapporte qu'on fabrique de la porcelaine à 

Lei-Toum et Sin-Caha.. Tous les voyageurs qui avaient parcouru le Moyen-Orient

 ou l'Egypte avaient eu connaissance de l'existence de la porcelaine citée dans

 des inventaires royaux ou des relations de voyage.

Les navigateurs portugais en furent les premiers importateurs depuis leurs

 comptoirs en Extrême-Orient, auxquels succédérent la Compagnie des Indes

 néerlandaises qui faisait fabriquer sur place des objets inspirés de modèles

 occidentaux .... délocalisation ?. C'est notre grand Colbert en 1650 qui 

concurrence alors avec notre belle flotte, la Compagnie hollandaise : il crée la

   la Compagnie des Indes orientales ; on va donc importer de la porcelaine 

d'Extrême-Orient qu'on appellera porcelaines "Compagnie des Indes".

 Combien de cargaisons de porcelaines dorment au fond des océans? 

 on en trouve quelque fois.

Les Toscans, avec leurs beaux vases "Médicis", avaient bien tenté aussi de

 composer une porcelaine. Celle-ci envahit les tables de luxe au XVII ème siècle

 en remplacement des orfévreries fondues pour financer les guerres.

 Tous veulent alors concurrencer ces marchandises qu'il faut importer ; les 

chimistes italiens avaient bien tenté aussi de s'approcher des qualités que

 représentait la porcelaine chinoise mais la découverte du kaolin se faisait 

toujours attendre. En Allemagne  c'est une affaire de poudrage de perruque 

qui va mettre Böttger et Tchirnhausen sur la voie.... une longueur d'avance !!!

l'Electeur de Saxe en 1709 mis au courant, va au plus vite attribuer le 

gisement  kaolithique à la manufacture de Meissen.  L'espionnage industriel est 

alors à son comble. 

Encore quelques années, quelques analyses chimiques ... on va y arriver !!!

 Encore quelques pâtes tendres.


   
                 Biscuit de Sévres. Buste de Molière. Modèle de Houdon

                                                                     à suivre

mardi 12 février 2019

l'Art de la porcelaine suite

 Je me suis un peu perdue hier dans les méandres de cette fabrication au point 

de n'en rester qu'au stade du brouillon......

 En effet, parmi vous tous je ne sais si, en savoir plus sur cet art, relève de 

l'amateur d'art, du novice ...intéressé, du collectionneur déjà avéré ?,

il me faut par conséquent mentionner les bases,  tout de même,  sans trop 

m'y attarder. 

Je vous parlais hier de la grande découverte du kaolin en France, qui va enfin

 permettre de fabriquer des porcelaines dignes de la fabrication chinoise que

 les amateurs d'art admirent tant grâce à la Compagnie des Indes.

Au mélange des pâtes tendres on va donc ajouter au kaolin, du felspath 

quartz blanc) et des gypses, certains mêmes y ajoutent de la poudre très fine

 de porcelaines cassées et broyées.. Cet affinage, si je puis dire, se confortait

 d'une fermentation  et comme pour le vin foulé aux pieds dans les cuves , on 

procédait avec les moyens du bord .... au "marchage" de la pâte que l'on avait

 étendue sur une épaisseur d'une trentaine de centimêtres, les ouvriers 

marchaient dessus en spirale de l'intérieur vers l'extérieur et inversement puis

 formaient un pain d'une vingtaine de kilogrammes.. Venait le temps du

 tournage ou bien de la fabrication du moule, on obtient donc des porcelaines 

tournées moulées ou coulées; intervient alors la confection détaillée de l'objet 

les anses, les  becs, les fleurs qui vont couronner le couvercle etc, et qui vont

 être fixées grâce à la pâte liquide dite barbotine qui va durcir à la cuisson ; il 

faudra laisser sécher tout cela avant de les enfourner. Pensez bien que tout ceci

 se fait maintenant grâce à un outillage mécanique,

  (même le boulanger ne pétrit plus à la force des bras)

 Passons à la cuisson, ces pièces "crues" vont être placées dans des "gazettes"

pour les isoler des flammes.


                                        Diverses formes de "gazettes"

 Puis placées dans le four en briques réfractaires :

à la base on sortira les porcelaines de "grand feu"  (1300 °à 1500 °) et celles 

situées au plus haut du four bénéficiant d'uns chaleur moindre  "le petit feu". 

Ensuite pour la surveillance tout est affaire de "flair", de "métier".


 Voici donc un rapide aperçu des premières étapes de la fabrication ancienne 

 des porcelaines et pour le plaisir :



          Porcelaine tendre de Sèvres  du milieu du XVIII ème siècle

L'Art de la Porcelaine

Vaste sujet aussi qu'il me semble n'avoir pas traité pendant ces cinq dernières

 années, si vaste d'ailleurs que nous n'allons nous pencher que sur la porcelaine

 française (j'ai quand même un doute), tellement cette production m'est

 familière. Sans oublier les porcelaines de toute l'Europe jusqu'à la Russie et 

l'Extrème Orient, les Wedjwood anglais, les Capodimonte italiens,  les Saxe ou 

Essen allemands, les   Suédois  de Gustavsberg ou  les Royal Copenhague

 danois, les Lomonosov russes, les Compagnies des Indes pour n'en citer au

 hasard que quelques unes.

Objet "de luxe", fragile, fonctions décoratives ou utilitaires aux décors inspirés

 du classicisme ou de la nature, oiseaux, bouquets; 

 Comme en orfévrerie une marque de maîtrise permet d'identifier l'ouvrier

 tourneur ou le peintre décorateur, chiffre ou lettre ; j'en ai d'ailleurs une sous

 la main, unique survivante d'un service qui est passé dans quelles mains?

Il s'agit de la fabrique de Jacob Petit du début du XIXème,( je trouvais cette 

soucoupe digne de la superbe orchidée offerte ce week-end).



on dit de Jacob Petit qu'il sut rompre

 avec le classicisme de la période

 empire et qu'il fut le roi du bibelot,

 verts acides, bleus pastels, roses 

bonbon ou violet profond

celle-ci, orpheline aussi, je l'aime beaucoup pour son décor champêtre : son

 chiffre est énigmatique, une flèche avec un point, au fur et à mesure de mes 

investigations, trouverons nous peut-être son origine..







 Il faudrait aller plonger dans les archives de  Sévres ou de Chantilly, pour 

 connaître leur nom  : en tout les cas le Musée des Arts décoratifs de Paris offre

 des collections admirables.

Il y a des dizaines de fabriques en France ; je vais en tout cas essayer de 

simplifier cette approche : il va falloir distinguer les porcelaines tendres( les 

premières) connaître leur composition, des porcelaines dures  ; vous expliquer 

(si vous ne le savez déjà), toutes ces fabications que l'on pourrait résumer par 

"Art céramique"

Tout est affaire de "pâte", c'est par là qu'il faut commencer avant d'en arriver

  au tournage, à la cuisson, à l'émaillage et le décor. Toutes ces productions

 anciennes en tout cas ne "passent pas à la machine à laver  !!!

 De ses premiers débuts en 1568 à Florence avec la porcelaine de Bernardo 

Buentalenti,  en passant par les porcelaines tendres des frères Edme et Louis 

Poterat, à Rouen, en 1664  la grande aventure de la Compagnie des Indes de

 Colbert en 1664 aussi : nous allons voyager dans cet artisanat qui verra sa fin

 au XIX ème siècle pour une production plus industrielle.

Me vient à l'esprit cette citation 
 
" objets inanimés aves-vous une âme ?" ..

En tout cas pétris dans des argiles sableuses et riches en calcaire pour les 

porcelaines tendres contrairement aux pâtes dures faites avec de l'argile 

siliceux. La grande découverte du kaolin fera la différence.

Alumine et silice dans les argiles plastique, argiles figuline à laquelle se mêle 
 
un peu d'oxyde de fer et de calcaire, marne argileuse, magnésite, giobertite 

 que l'artisan pétri avec des nitres, des sels marins, des aluns, des soudes des

 gypses, des sables, autant de mixtures savamment gardées en secret..

La composition de la porcelaine est plus variée que celle du verre.

  Exemple de pâte tendre: Musée Adrien Dubouché. Limoges

Mennecy-Villeroy 1735 

leurs marques