Je crois qu'il est temps de parler de la porcelaine dure en France : et c'est en
étudiant plus particulièrement la porcelaine de Strasbourg, que nous y arrivons
tout naturellement. Strasbourg avait des précédents, je vais vous le raconter.
Vous souvenez-vous de l'histoire du poudrage de la perruque et de l'Electeur
de Saxe ? en France c'est une histoire de lessive à St Yriex près de Limoges
et de Turgot de l'Aulne intendant de la Généralité de Limoges. (1768)
Il faut transposer à cette" industrie" naissante de la porcelaine, les mêmes
luttes d'influence, les mêmes stratégies commerciales que celles de notre
époque.
Etant donné que l'origine et la découverte du kaolin étaient limougeaudes
la faïencerie déjà existante exploitée par Massié aurait dû en tirer tout le
bénéfice, ce n'est pas le cas ... elle s'est faite "doubler" par la Manufacture
Royale de Sévres: celle-ci refusait d'acheter sa production à Limoges, pis
encore, Sévres faisait fabriquer ses pièces de porcelaine en blanc à Limoges et
les décorait chez elle !!
Mais revenons à la première statuette en porcelaine dure de Strasbourg et
pourquoi ? Elle se trouve au Musée des Beaux Arts de Strasbourg.
https://www.musees.strasbourg.eu/collection-musee-des-arts-decoratifs/-/entity/id/318047?_eu_strasbourg_portlet_entity_detail_EntityDetailPortlet_returnURL=https%3A%2F%2Fwww.musees.strasbourg.eu%2Fcollection-musee-des-arts-decoratifs%3Fp_p_id%3Dcom_liferay_asset_publisher_web_portlet_AssetPublisherPortlet_INSTANCE_WELOTkEpAKzE%26p_p_lifecycle%3D0%26p_p_state%3Dnormal%26p_p_mode%3Dview%26p_p_auth%3DX2UubR4C
Oeuvre du sculpteur Lanz elle ne bénéficie pas de toute la grâce que l'on
attendrait de cette Flore, autrement dit elle est un peu lourde...
La création de la faïencerie est le résultat d'une association, celle de Charles-
Antoine Hannong d'origine hollandaise et du peintre Henri Wachenfeld suivis
par Paul-Antoine et Balthazar Hannong fils.
Intervient aussi la capacité de chacun à rester à la tête d'une entreprise, à en
tenir les rênes, à savoir s'entourer des meilleurs collaborateurs : c'est le cas
de Paul-Antoine qui fait appel au chimiste Ringler, au peintre Roth et au
sculpteur Lanz, originaires de la fabrique de Meissen et la pâte dure n'avait plus
de secrets pour eux.
Il rencontre toutefois des difficultés commerciales et ne pouvant commercer
avec la fabrique de Vincennes il part s'intaller à Franckenthal.
On passe à la génération suivante avec Pierre (moins doué pour le commerce)
qui malgré la création de plusieurs usines, finit comme ouvrier à Sévres.
Survient Joseph son frère, capitaine d'industrie : a-t-il négocié avec Sèvres
l'abandon par cette manufacture royale de certains privilèges afin de ne pas
asphyxier les manufactures privées ? (1766).
Mais les ennuis commencent avec une fiscalité démesurée les "Fermiers
Généraux ont peu de considération pour l'Alsace, Joseph le déplore :
"le manufacturier de Kingh-Tshing, qui habite sous un autre ciel, est bien mieux
traité que le citoyen de l'Alsace" .
La suite n'est pas drôle, bénéficiant de l'aide financière du cardinal de Rohan-
Saverne, à la mort de celui-ci ses héritiers entendent recouvrer les sommes
allouées à la fabrique, Joseph est emprisonné et réussit à se faire libérer mais
mis en faillite il s'enfuir à Munich où il mourut au tout début du XIXème siècle.
Le nom des Hannong ne va pas s'éteindre comme cela, un Pierre-François est
à Paris et de porcelaine en porcelaine en 1771 de Vincennes au faubourg
Saint-Denis c'est le patronage du duc de Chartes qui maintient cette fabrication
jusqu'en 1783.
On revient sur une autre fabrication de Joseph Hannong avec un grand bas-
relief en biscuit.
Musée des Beaux-Arts de Strasbourg
https://www.youtube.com/watch?v=RWErCbVYl14
https://www.youtube.com/watch?v=UtIOE_ZeL4g
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