Les rapides aperçus de la fabrication de la porcelaine n'ont été que pour nous
faire reconnaître sa préciosité et tout l'art nécessaire à sa réalisation.
Quand notre porcelaine sort du four nous avons un "biscuit" qui va alors être
l'objet de nouvelles manipulations, la glaçure et les couvertes, qu'il faudra à
nouveau recuire : ensuite interviendront les peintres et les doreurs ces derniers
seulement, à cette époque, dans les manufactures royales. S'ils copient souvent
des peintres, ils peuvent mettre aussi en scène des sujets de leur invention
avecc des mélanges de pigments dont ils choisissent la composition : ces enduits
sont vitrifiables en raison de leur mélange avec des oxydes métalliques et ils
vont passer à nouveau par le four. C'est un oeil averti qui peut faire la
différence avec les décors modernes, obtenus avec la chromo-lithographie,
décalcomanies vitrifiables, elles aussi.
Biscuit de Sévres : Modèle de Blondeau d'après Oudry
Mais nous n'avons rien inventé, la porcelaine vient de loin ! en Chine au VI
éme siècle, dragons sacrés, effigies religieuses étaient confectionnés dans cet
argile "felspathique"; qui a donné lieu au premier espionnage industriel.....
le Père Entrecolle en 1712, en rapporte un échantillon, de là faut-il imaginer
que l'on a mis les géologues français sur la piste pour trouver l'équivalent de
ce "kao-ling".
De son côté le géographe Edrissi, rapporte dans ses écrits en 1153 que "Sousse
est une ville où on fabrique le "ghazar" chinois qui est une porcelaine dont rien
n'égale la beauté".
De son côté Ibn Batoutah en 1356 rapporte qu'on fabrique de la porcelaine à
Lei-Toum et Sin-Caha.. Tous les voyageurs qui avaient parcouru le Moyen-Orient
ou l'Egypte avaient eu connaissance de l'existence de la porcelaine citée dans
des inventaires royaux ou des relations de voyage.
Les navigateurs portugais en furent les premiers importateurs depuis leurs
comptoirs en Extrême-Orient, auxquels succédérent la Compagnie des Indes
néerlandaises qui faisait fabriquer sur place des objets inspirés de modèles
occidentaux .... délocalisation ?. C'est notre grand Colbert en 1650 qui
concurrence alors avec notre belle flotte, la Compagnie hollandaise : il crée la
la Compagnie des Indes orientales ; on va donc importer de la porcelaine
d'Extrême-Orient qu'on appellera porcelaines "Compagnie des Indes".
Combien de cargaisons de porcelaines dorment au fond des océans?
on en trouve quelque fois.
Les Toscans, avec leurs beaux vases "Médicis", avaient bien tenté aussi de
composer une porcelaine. Celle-ci envahit les tables de luxe au XVII ème siècle
en remplacement des orfévreries fondues pour financer les guerres.
Tous veulent alors concurrencer ces marchandises qu'il faut importer ; les
chimistes italiens avaient bien tenté aussi de s'approcher des qualités que
représentait la porcelaine chinoise mais la découverte du kaolin se faisait
toujours attendre. En Allemagne c'est une affaire de poudrage de perruque
qui va mettre Böttger et Tchirnhausen sur la voie.... une longueur d'avance !!!
l'Electeur de Saxe en 1709 mis au courant, va au plus vite attribuer le
gisement kaolithique à la manufacture de Meissen. L'espionnage industriel est
alors à son comble.
Encore quelques années, quelques analyses chimiques ... on va y arriver !!!
Encore quelques pâtes tendres.
Biscuit de Sévres. Buste de Molière. Modèle de Houdon
à suivre
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