Pensez-vous que nous allons pouvoir à nouveau parcourir librement les forêts
et les plages ? dans l'expectative, rêvons encore un peu avec ce sous-bois
dans ce format rectangulaire que j'aime tant.
Sous-Bois ; Juin 1890, Auvers Huile sur toile 50X 100 cm
" Cette paisible peinture des bois, avec un homme et une femme marchant
dans l'épais fourré, est une grande surprise au milieu des oeuvres extrêmement
tendues de la période finale. Elle est exceptionnelle non seulement par
l'harmonie calme des blancs, des jaunes, des verts mouchetés et des lilas, mais
aussi par la prédominance des lignes verticales. Celles-ci donnent une
impression non pas architecturale - faute d'horizontales accentuées qui les
équilibrent - mais lyrique, une communauté d'amicales présences silhouettées.
comme les figures en marche, sur la douceur accueillante du sol avec des
touches parsemées de fleurs jaunes et blanches. C'est comme si toutes les
formes enroulées s'étaient redressées les réseaux, entrecroisés, dénoués, pour
ne laisser qu'une simple succession de lignes verticales et un sol détendu.
Pas complètement dénoués, toutefois, car il y a toujours une trace de la
perspective dramatique de ses oeuvres les plus passionnées dans les trouées
divergentes à travers le bois, qui partent de l'arbre central au premier plan,
mais la poussée du chemin ouvert en diagonale sur la gauche n'est pas
contrebalancée ailleurs par des échappées semblables. Sur la droite, la forêt
sans fin s'affirme et s'étend dans toutes les directions, sans chemins ni accents
impulsifs"
https://www.youtube.com/watch?v=kmypSuL0A78
( Retour en arrière à Saint Rémy en Juin-Juillet 1889. Rien qu'à voir ce paysage avec des oliviers on sait déjà qu'il est signé Van Gogh, ce qui n'est pas le cas du sous-bois)
Lettre à Théo (19 septembre 1889)
" "Les Oliviers" avec un nuage blanc et fond de montagnes, ainsi que le " Lever de Lune" et l'effet de nuit ce sont des exagérations au point de vue de l'arrangement, les lignes en sont contournées comme celle des bois anciens. Les oliviers sont davantage dans le caractère, ainsi que dans l'autre étude et j'ai cherché à rendre l'heure où on voit voler dans la chaleur les cétoines vertes et les cigales"
" La passion de van Gogh emplit le paysage entier - sol, arbres, montagnes,
nuages - d'un mouvement tumultueux et palpitant. Il y a plus de puissance et
d'imagination que dans une autre forme de l'art expressionniste postérieur, qui
procède d'une vision de la nature pareillement chargée d'émotion. Il est aussi
plus attaché au réel, car dans l'élan commun qui semble émaner d'une force
sous-jacente, enveloppant tous les objets, ceux-ci gardent cependant leur
individualité, leur rythme propre. C'est le caractère affirmé de chaque zone
horizontale de cette oeuvre turbulente qui empêche la peinture de sombrer
dans la monotonie du chaos qui si souvent résulte de l'abandon d'un artiste à la
sensation pure. Le nuage visionnaire, avec des striures jaunes et bleues et un
contour ondoyant, vaguement organique - on peut y voir comme un fantôme de
mère et d'enfant - l'âpre et fantastique silhouette de la montagne, avec la
masse rocheuse perforée comme un château en ruine, ce sont là des formes
nouvelles d'une grande puissance. La couleur aussi montre une variation
ordonnée, saisissante dans sa fraîcheur : le nuage clair sur le ciel froid bleu
verdâtre ; au-dessous, les verts clairs plus chauds des oliviers sur le bleu
sombre des montagnes ; et, dans la moitié inférieure de la toile, la houle agitée
de la terre, avec des bandes enroulées d'ombre et de lumière, de jaune, de bleu
et de vert. caractéristiques du graphisme, non seulement la longueur
extraordinaire des lignes sinueuses (van Gogh les comparait à celle des anciens
bois gravés)
mais aussi la profondeur de leurs creux. A première vue écrasant dans son
déferlement incessant, le paysage offre à une méditation poursuivie une
variété surprenante de qualités ; le nuage qui flotte mollement, les rochers
aigus ; l'uniformité de la couleur caressante du ciel, les violents et changeants
contrastes de l'espace en dessous ; la tempête furieuse des coups de pinceaux
dans les arbres, l'ondulation claire et rythmique des montagnes ; la couleur
locale uniforme du ciel, des montagnes et des arbres, ainsi que le pommelage
impétueux de la terre. Et partout une enveloppante luminosité, depuis le
nuage lointain jusqu'à la terre sous les oliviers."
https://www.youtube.com/watch?v=tlDYGlHEskM
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