Hormis ses fameux tournesols, les iris ont attiré l'attention de van Gogh, de
même que les lauriers roses dont il peint ce joli bouquet en Arles au mois
d'août 1888.
"En plaçant un exemplaire de la "Joie de vivre", de Zola, à côté de la cruche
de lauriers épanouis, van Gogh exprime le sens de son amour pour les fleurs.
Elles se dressent et s'étendent dans la largeur de la toile comme les arbres en
fleurs de ses paysages de printemps. Lourdes, généreuses, fécondes, ces fleurs
odorantes sont peintes avec une touche virile, en coups de pinceaux
enveloppants et en épaisses taches parallèles, en contraste des plus aigus avec
les feuilles vertes pointues et enchevêtrées, cernées de noir - messagères
d'une autre vitalité. En opposition et en complément à cette étendue de rouges
et de verts jouent les accords jaunes et violets des livres, de l'ombre de la table
et de la cruche ; entre ces couples de complémentaires, le fond vert jaune sert
de médium, note puissante en harmonie avec les deux groupes. Cette
distribution de la couleur n'est pourtant pas un système décoratif ; dans la riche
variation, le mélande intime et la progression des tons, elle conserve la
vibration et la liberté des paysages de van Gogh. Les tons roses des fleurs sont
proches de la couleur de la table, et leurs blancs, de la tranche du livre. l'anse
pourpre forme une triade avec les fleurs et l'ombre lilas. la bande jaune au col
de la cruche réapparaît en rayures ondulantes dans le bouquet. Le vert des
feuilles se retrouve dans le ton plus froid, rompu de blanc à la base du vase, et
dans les touches brusques à droite de la table, mais parmi les feuilles elles-
mêmes. Les accents les plus appuyés de rouge dans les fleurs sont appliqués
de nouveau avec une grande hardiesse le long de bord de la table - décision
purement artistique, nullement motivée par la nature. Une autre hardiesse,
l'ombre lilas, se justifie par sa place entre le livre jaune, le vase turquoise et
bleu violet et le jaune vert du fond. Pour un oeil moderne le dessin des deux
livres est saisissant ; vus dans une perspective singulière, ils forment une
succession de bandes oblongues et triangulaires, chacune avec son grain
particulier, que l'on trouve à nouveau dans la dernière période cubiste. le
traitement de la table, à côté des feuilles dessinées avec soin, est d'une audace
magnifique, joyeux par sa liberté et par la variété des couleurs et des touches.
Comme beaucoup de natures mortes de van Googh, celle-ci posséde une haute
luminosité qui va de pair avec une fermeté et une réalité étonnantes des
objets."
Je préfère laisser à ces lauriers toute leur prépondérance et revenir sur
l'article précédent avec un "Champ de blé aux cyprès".
On passera aux iris demain.
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/436530
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