La Maison lézardée
Entre 1892 et 0894 - Toile, 65 x 54 cm
'Voici une peinture romantique, ce qu'un ermite voit de la chaleur, de
la solitude, des ruines dans la nature, un lieu pour le saint Antoine de l'imagination
de Cézanne jeune homme. La disposition verticale du tableau, le sol montant,
incliné, sans perspective, créent un monde étrange : tout nous est proche, nous
sommes enfermés par l'intense ciel vide, l'horizon irrégulier, le sol abrupt et
instable, la maison en ruines. C'est un effet d'intimité et d'effort, d'agitation et de
silence. Le thème du mur crevassé se retrouve partout dans le paysage : les
lignes noires des fissures réapparaissent dans les formes des troncs des arbres,
dans un sentier sur le sol et dans les marques sur les rochers. Le seul objet
humain,la maison, posée dans la fourche entre la terre et le rocher, repose sur un
seul point, comme les arbres agités, et répète leurs silhouettes qui se ramifient.
Les lignes de la maison, accentuées par les tuiles rouges, sont ajustées à la pente
du sol. Il y a partout une belle fermeté dans le jeu des horizonstales et des
verticales. la fenêtre noire, fortement installée dans l'hexagone du mur, n'est pas
une figure isolée : elle est relièe au sol par deux rochers massifs qui lui
ressemblent."
https://www.youtube.com/watch?v=FIbcZmEoenM
Portrait de Gustave Geffroy
1895 - Toile, 116 x 89 cm
" Gustave Geffroy fut un des premiers critiques à reconnaître la
grandeur de Cézanne, il écrivit sur lui durant toute l'année 1895.
Ce portrait, de conception si compliquée, fut exécuté pendant une période de trois
mois dans la bibliothèque de Geoffroy. Cézanne désespérait de le finir, bien qu'il
nous semble assez complet et qu'il se révèle un triomphe de composition.
Ce n'est pas une étude révélatrice du visage, mais l'image du bibliophile, de
l'écrivain au milieu de ses objets familiers. Cézanne atténue souvent l'ndividualité
des êtres humains ; il se plait surtout avec des gens comme ses joueurs de cartes,
qui ne s'imposent pas en personne et qui sont parfaitement passifs et réservés, ou
plongés dans leurs travaux. Le portrait devient une gigantesque nature morte. Le
monde des objets absorbe et abaisse l'intensité de la personnalité de l'homme,
mais il le rehausse aussi grâce au cadre riche et multiple. Son activité refoulée se
reporte sur ses livres. Certes, la disposition de ceux-ci; d'abord en commençant
derrière lui, en saillie et en retrait, inclinée différemment d'un rayon à l'autre, puis
dans les volumes ouverts, semble plus humaine que l'homme lui-même qui nous
rappelle un long corps torturé d'un goût classique, comme "l'Esclave de de Michel-
Ange, "au Louvre, oeuvre que Cézanne admirait et dont il exécuta des dessins.
Pour faire contraste, l'homme est palqué avec sysmétrie, les bras étendus et
repliés - s'encadrant dans une pyramide immuable. La chaise et la table entre
lesquelles il se trouve emprisonné composent un autre ensemble de formes
inclinées faisant iune opposition abstraite avec le mur de livres et unies à eux par
des couleurs communes et par des correspondances de lignes surprenantes. Les
livres ouverts, posés sur la table, et les livres fermés, sur les rayons, convergeant
tous vers la tête de Geoffroy, appartiennent à une charpente commune de
directions équilibrées, bien qu'un groupe doive ses inclinaison à la pesanteur et
que l'autre les doive surtout à la perspective. Les différentes nuances d'orangé
dans le rayon et sur la table confirment le contraste des plans verticaux et
horizontaux. Nou pouvons voir le soin que Cézanne a apporté à l'étude des
différentes parties dans les touches chaudes près du sourcil, parallèles au livre
orange oblique près d'elles, séparées par des touches blanches et violettes, et
dans la tache de lumière inclinée qui marque l'épaule droite.
L'ensemble paraît à la fois intensément artificiel et intensément naturel. Nous
passons souvent de l'artifice des formes composées au désordre d'une pièce
encombrée et, de là, nous sommes vite ramenés à l'ordre imposant imaginé par
l'artiste ; le va-et-vient est constant.
Aucune ligne n'est simplement un procédé de dessin ; elle a toujours le
frémissement de la vie dans la lumière et elle est un produit de la touche sensible
et robuste de Cézanne. Si la petite statuette féminine adoucit la sévérité des livres,
elle est aussi, par son axe et son bras plié, une contre-partie de la raideur de
l'homme ; la tulipe dans le vase vbleu est penchée comme son bras ; et sa main
droite, vivante et délicatement peinte, rappelle les livres éloignés au-dessus.
https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres
/notice.html?no_cache=1&nnumid=1471
https://www.youtube.com/watch?v=ktu2TFvKdzs