jeudi 5 décembre 2019

L'automne : suite

et pour quelques jours encore ; je vous avais parlé de chasse, et d'un de mes

 livres de chevet  "La dernière harde " de Maurice Genevoix, illustré par Jacques

 Pecnard. Voyons d'abord cette miniature d'un manuscrit du XV ème siècle.

 ce n'est pas une chasse à courre mais une chasse aux faucons, plus sportive, 

en tout cas plus élégante, même si au lieu des cerfs ce sont des oiseaux  qui
  
 en sont les victimes.


 Il faudrait interroger un ornithologue pour savoir si les oiseaux ont leur chance 

 d'échapper aux griffes de leurs prédateurs en comparaison avec la chasse à 

courre où le cerf a peu de chance d'échapper à la meute hurlante qui le 

poursuit (peut-être savez-vous qu'en France cette pratique est réprouvée

 quoique persistante malgré des opposants de plus en plus nombreux)

Les sangliers aussi sont de plus en plus nombreux.

mais il s'agit sur  cette miniature des Trés Riches Heures du duc de Berry au

 Musée Condé à Chantilly, de porcs,  qui se nourrissent de glands, gaulés par

un personnage au premier plan d'un paysage de chênes : boqueteau qui 

appartient sans doute au suzerain du château voisin..
 
 Le signe  zodiacal du Sagittaire chevauche dans un ciel étoilé



 Venons-en au XXI ème siècle  et suivons quelques instants le "Rouge" 

héros du livre de Genevoix qui nous raconte ses démélés avec les chasseurs.


 "Trois soleils  seulement avaient traversé le ciel, quand les bêtes de la harde

 entendirent sonner le cor. c'était tout près, du côté de la grande allée qui 

sépare les Orfosses du Chêne-Rond. La matinée était douce et dorée, à peine 

duvetée par une de ces brumes d'automne qui se fondent avec la lumière aux

 étés de la Saint-Martin.




 Le cor sonnait drrière les hêtres avec une force souveraine. La harde, deux 

heures auparavant, s'était couchée dans le coeur de l'enceinte, près du ru qui

 descend aux étangs. les fougères étaient drues à cette place, déjà fanées mais

 encore toutes sur pied, hautes et raides, les nervures coupantes. Les bêtes,

 inquiètes, dressèrent la tête. Mais elles ne se mirent point debout.


Quelques secondes s'écoulèrent. On ne voyait au-dessus des fougères que ces 

têtes aux yeux apeurés. Les cors reprirent leur mélopée, l'ébrouement d'un 

cheval s'entendit dans un trou de silence, très distinct malgré l'éloignement.

 Et tout à coup, infiniment plus près, à la distance de quelques bonds, un chien 

de meute parla sous les hêtres.

Les têtes des animaux se rasérent davantage dans l'épaisseur de la fougeraie.

 Ils restèrent désormais immobiles, guettant seulement des yeux au ras des 

hautes palmes roussies. mais ce ne fut pas le chien qu'elles virent venir à leur 

rencontre. Ce fut, tout seul, humant le vent de leur côté, le vieux solitaire des 

Orfosses.

 Le Rouge, en même temps que les autres, avait aperçu sa grande ombre. Elle

 parut fondre sur eux, se matérialiser avec une rapidité fantastique. Forme, 

couleur, haute ramure brune, cela prit corps dans la lumière : et ce fut un 

vieux cerf en alarme dont la peur mouillait déjà le poil, et qui roulait tout en 

courant de gros yeux craintifs et mauvais...."




S'en suit le récit de cette poursuite où le vieux cerf va donner le change et ce 

sera le "Rouge" qui, peut-être pour la suite du récit, va être prisonnier du 

chasseur.

                      Si vous voulez la suite il faudra me le dire .


 
Dans son sens figuré actuel, cette expression date du milieu du XVIIe siècle.
Elle nous vient du monde de la chasse à courre où on retrouve le sens de "mettre sur une fausse piste".

En effet, le 'change' y désigne l'animal qui n'est pas celui qui a été initialement levé (et qui a donc été changé - peut-être parce que, plus rapide que l'autre, il est apparu en premier aux yeux des cavaliers) et que l'on poursuit par erreur.
Du cerf traqué qui parvient à s'échapper parce qu'un autre est pris en chasse à sa place, on disait qu'il avait donné le change.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire