mercredi 10 juin 2015

La sueur de la terre

Promenons-nous encore dans cette rosée magique, le feu, les feux de la St Jean sont connus de tous, et nous les évoquerons plus tard:
       
                                   "Pline écrit que la rosée est "la sueur du ciel".
La rosée du 24 juin, elle, est la sueur de la terre dont elle transmet les pouvoirs et les qualités: elle est naissance et renaissance, génération et régénération, fécondité et fertilité.
Ses vertus sont vivifiantes au sens premier du terme pour l'humain, le végétal et l'animal, réunis en un seul genre, celui qui est enfanté par la Terre-mère.
Peut-être est-ce parce qu'elle s'intégrait parfaitement dans le vieux système cosmogonique pré-chrétien de la Haute Vasconnie que la croyance dans les vertus de la rosée solsticiale a perduré avec vigueur jusqu'à nos jours.
Ce vieux système qui fait de la Terre l'origine de tout.
Même du soleil, dont on ne dit pas, en haut-gascon, qu'il "se lève"  mais qu'il "sort".
La rosée et le soleil sont d'ailleurs réunis dans la même définition.
Ils sont tous deux, dans la mythologie vasconne, principe féminin dispensateur de vie.  
 Notons toutefois que, dans leurs récits et témoignages, les informateurs parlent tous de la rosée de l'aube et non celle de l'aurore. La rosée doit être recueillie avant le lever du soleil si l'on veut que reste intacte l'énergie exsudée par la terre".
  ...............................................................................................................
                                             Marcher dans la rosée

.... "Tout là-haut, à Melles, sur les franges de cet Aran qui meurt en beauté, où grouillent les isards et où, dit-on passe de temps en temps dans les estives, un des derniers sept ou huit ours des Pyrénées, Joseph, (20 ans) et deux de ses copains écoutent avec un intérêt avide la conversation entre Marthe,  Pascal né en 1910 et Suzanne Desplan, née en 1928.
Alors que Suzanne raconte comment:
"Y en avait qui allaient marcher pieds nus, oui, oui ça porte bonheur!
"Que s'calio anar descausit e lavar sus pès.
"Que cau prene era rosada de Sen Joan.  T'en brembas? Oc bè!.............................

 Mais il est une autre coutume très surprenante, qui me servira d'introduction pour en venir au feu,

                                   Le feu solaire et les serpents
               "Maria Tinè (née en 1902) fut la première à me parler d'une coutume que je n'ai recueillie que sur une aire restreinte: celle qui précède le Val d'Aran (Marignac) jouxtée par la basse Pique attenante (Cierp, Gaud).
A Marignac dit Maria "dans la paille du tchar, qu'i botavon serps.Oc.
(dans la paille du brandon, ils y mettaient des serpents, Oui )
Et quand ça brûlait elles sautaient et se tordaient, une dizaine de couleuvres de belle taille si possible.......................................................................................
L'information est tout à fait plausible car la présence  de serpents dans le brasier est signalée en 1869 pour la Haute-Pique.
La crémation des serpents est-elle un geste prophylactique?
Faut-il y voir un rite de répulsion des animaux maléfiques ou faut-il la rattacher aux rites fécondants? N'oublions pas que la symbolique du serpent l'assimile au masculin procréateur en l'associant aux symboles féminins et que le serpent a donc parfaitement sa place dans la cérémonie solsticiale de la Saint-Jean.
On peut donc voir une identité de fonction du serpent entre celle que révèle la coutume et celle qui apparaît dans l'extraordinaire
"femme au serpent" sculpture protohistorique trouvée à Oo, dans le Haut Comminges:
un serpent sort de son sexe pour venir mordre son sein gauche"..............................

http://www.musees-midi-pyrenees.fr/musees/musee-des-augustins-musee-des-beaux-arts-de-toulouse/collections/sculptures-romanes/anonyme/la-femme-au-serpent/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire