"Si le tableau de "la Moisson" a été peint apparemment d'un seul jet, ce
paysage, réalisé l'année suivante, présente un aspect technique totalement
différent. Ici, la toile est recouverte d'une multitude de petites touches formant par
endroits une couche épaisse (semblable en cela à la fameuse "Maison du Pendu"
de Cézanne), peinte en 1873 et produisant par leur densité un effet harmonieux,
https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire/commentaire_id/la-maison-du-pendu-8824.html?no_cache=1
les touches individuelles disparaissant lorsqu'on regarde le tableau à une certaine
distance. En même temps l'accumulation de touches minuscules de couleurs
variées donne au tableau un certain relief et une richesse de gradations qui fait
penser aux émaux anciens.
1877 - Huile sur toile. 54 X 65 cm
https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/peinture /commentaire_id/les-toits-rouges-9869.html?cHash=692eea9998
" Une discussion que Lucien Pissarro (son fils) engagea de longues
années plus tard avec un collectionneur anglais donne quelques indices sur
l'attitude de l'artiste et sur sa façon de procéder. A propos d'un de ses paysages,
Lucien expliquait :" Quand je travaille, je ne considère jamais ou très rarement,
l'exécution et mes meilleures choses ont toujours été entièrement subconscientes.
C'est la couleur et le ton qui m'attirent spécialement. A mes yeux un effet
atmosphérique ne peut être rendu avec vérité par de larges coups de brosse, mais
seulement par des touches subtilement différenciées qui suggèrent la délicate
variété de la nature ."
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Pissarro
" A quoi le collectionneur répondit : "Que voulez-vous dire quand vous
affirmez que vous peignez de façon subconsciente ? Le subconscient est
maintenant un terme très populaire ; il est employé, et, je pense, plutôt mal
employé, avec plus d'une signification. Pour ma part, j'admets ne pas savoir ce
qu'il veut dire, à moins qu'il ne s'agisse d'un mot élégant pout "l'imagination" ou
l'âme". En son for intérieur, un homme doit être complétement conscient de ce
qu'il fait ou alors complètement inconscient, à moins d'être ivre..."
" Je crains, répliqua Lucien Pissarro, de tomber dans un piège en me servant du
mot subconscient à propos de la peinture, mais il décrit un état que je ne saurais
caractériser autrement. Mon père aurait dit qu'il peignait instinctivement et Monet
a même affirmé qu'il peignait comme l'oiseau chante. Votre suggestion d'ivresse
n'est pas tout à fait fausse : intoxication aurait été mieux. "Inconscient " est ici
employé pour "instinct", lequel désigne un processus de raisonnement tellement
rapide que nous n'en avons pas conscience. Lorsqu'en de rares occasions il peut
travailler de cette façon, c'est comme si le peintre plongeait dans son travail sans
être conscient du fait qu'il est en train de peindre."