samedi 9 janvier 2021

Jean de Nassau

 

           Vue d'ensemble du châtau d'Ilstein signée en bas et à droite 

                                             Johan Walter 1636 415 X 296 cm

  ( description de cette planche plus bas)

  Je ne vais peut-être pas rentrer dans les détails du panorama historique dans 

lequel se situe ce prince collectionneur mais le replacer quand même dans le

 contexte historique  qui le fait s'exiler à Metz alors qu'il y avait déjà parfait son

 éducation. L'Allemagne  subit les soubresauts des guerres de religion qui 

secouaient la France et devint terre d'asile pour les huguenots français.

 Mais ne brûlons pas les étapes, à l'exil succédera la prospérité et il ne s'en

 défends pas ! En 1671 dans une lettre adressée au peintre Johann Walter (sans

 doute pour le persuader de se mettre à son service), il expose que son château

 regorge d'oeuvres d'art. Dans ses "cavernes" il conserve une Madone de Michel 

Ange, une peinture de Véronèse, une Fuite en Egypte de Palma, une Réunion de 

joueurs de Manfredi, quatre tableaux de Bassano, une Cléompâtre de Lucas 

 Cranach

 Il n'y a pas lieu d'en douter la pinacothèque d'Ilstein  tenait une place honorable

parmi les collestions allemandes.

              Qui est donc  Jean de Nassau ?


Né le 24 novembre 1603 il est le  onzième enfant et septième fils de Louis II de 

Nassau - Weilburg (1565-1627) héritier en 1605 de toutes les possessions 

walramiennes, époux d'Anne-Marie fille du landgrave Guillaume de Hesse- Cassel.

Johann est avec ses trois autres frères le survivant de cette famille nombreuse ; 

après une période d'indivision,  Jean reçut les terres de Wiesbaden, Idstein, 

Wehen, Sonnenberg et Burgschwalbach.

 Comme tous ses frères il est élevé à Metz et se trouve adolescent quand la guerre

 de Trente Ans éclate, guerre terrible, guerre européenne, dont le Saint-Empire,

 théatre principal sinon exclusif, fut ensanglanté de 1618 à 1648 et qui se 

prolongea entre France et Espagne jusqu'en 1659. Guerre de religion aussi, qui prit

 aussitôt l'aspect d'un conflit entre l'aristocratie protestante et la dynastie 

catholique, qui opposa l'empereur (Charles Qint) aux princes allemands et les 

Habsbourg aux Bourbons. La vie de notre conte, du sortir de l'adolescence à 

l'aube de la guerre, jusqu'au retour de la paix qui coïncide pour lui avec l'âge de la 

maturité, se confond avec celle de son pays martyrisé.

A l'origine, le conflit était localisé dans le Saint Empire, et il avait des motifs

 purement religieux. En 1608, l'électeur palatin unit tous les états protestants en 

une "Union évangélique" , à laquelle le duc de Bavière opposa la Sainte Ligue

 allemande des princes et états catholiques, constitués l'année suivante.

Les deux ligues se dotèrent d'armées puissantes, commandées par de redoutables

 condottieri, Mansfeld et de Thurn pour les protestants, Tilly pour les catholiques.

En 1617, Ferdinand de Styrie, catholique zélé, fut élu à la couronne de Bohême. 

Les protestants redourèrent l'abrogation des "Lettres de Majesté" qui autorisaient

 le culte réformé  et défenestrèrent deux lieutenants de l'empereur Mathias 

(23 mai 1618)

 (comme avait été défenestré chez nous, l'amiral de Coligny lors de la journée sanglante de la St Barthélémy)

puis constituèrent un gouvernement insurrectionnel. Après la mort de Mathias

 (mars 1619) Ferdinand lui succéda. Les Tchèques prononcérent (août 1619) sa

 déchéance et donnèrent la couronne à l'électeur palatin Frédéric V, chef de

 l'Union évangélique.

                                                                                       

 


            
de Frédéric Brentel maître de Walter  " La chasse au sanglier"

 Rejetant cette décision, Ferdinand II, soutenu par les troupes de Bavière que

 commandait Tilly, remporta la victoire de la Montagne-Blanche près de Prague (8 

novembre 1620)

 Une terrible répression s'abattit sur la Bohême et l'empereur fit occuper le 

Palatinat(1621). Pour punir Frédéric V de cet acte de félonie, il donna ses 

possessions et la dignité électorale au duc Maximilien de Bavière. Cette mesure

 d'autorité effraya les protestants allemands (au nombre desquels les Nassau) et

 donna lieu à l'extension du conflit.

Depuis l'élimination du Palatin, Ferdinand II progressait  en Allemagne. Pour

 empêcher la jonction des Habsbourg d'Espagne et d'Autriche, Richelieu occupa la 

Valteline (1625) et favorisa l'intervention du roi de Danemark Christian IV. 

Toutefois celui-ci fut battu par l'armée que Wallenstein veanit de constituer au 

service de l'empereur. Tout puissant, Ferdinand II promulgua l'édit de restitution (6

 mars 1620) contre la sécularisation des terres d'église qu'il voulait ramener à

 l'état de 1552-1555.Puis il tenta de faire élire son fils comme roi des Romains par

la diète de Ratisbonne, mais il échoua en raison de l'action conjointe des électeurs

 allemands et de la diplomatie française menée par le père Joseph du Tremblay, 

l'éminence grise de Richelieu.

 En 1628, Jean de Nassau se rendit à Prague, à la cour impériale, pour des

affaires de famille et pour négocier des allégements fiscaux en faveur des terres

 des Nassau très éprouvées par la guerre. Il avait d'ailleurs déjà rencontré 

Wallenstein à ce sujet dans sa résidence d'été de Giltschin, mais vainement.

 Peu après, en 1629, au cours du partage des biens familiaux, il reçut Idstein et

 Wiesbaden devenant ainsi le jeune fondateur de la jeune branche de Nassau-

Idstein.

      Description de la vue d'ensemble du château d'idstein et de son jardin.

Cette vue d'ensemble, très vraisemblablement peinte d'après nature est fort

 précieuse. Elle nous montre avec une précision quasi photographique le jardin du

 conte, encore tout médiéval dans sa composition, clos sur le monde extérieur, 

oasis de luxe et de raffinement dans un cadre rustique, paradis terrestre dans un

 monde qui n'a pas oublié les désastres de la guerre de Trente ans. IL apparaît

 comme une enceinte supplémentaire dans l'enceinte du château, une sorte de

 donjon fictif. Ce jardin évoque irrésistiblement les 'hortuli" du Moyen Age

  A l'extrème droite  se dresse la tour des sorcières; trois parties dans ce jardin

 trois parterres que séparent deux allées. Les massifs de la partie centrale 

affectent la forme de fruits et notamment le plus prisé de ce moment,  la poire.

 Côté nord et côté ouest, le jardin est ceint d'une énorme barrière en bois  peinte

 en vert dont la forme évoque déjà très fortement l'architecture de l'Europe 

centrale.

 On retrouve à l'époque actuelle la partie droite du château et la tour des sorcières

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire