au sujet d'une toile de Munch qui semble s'inspirer de sa "la Nuit étoilée "
que nous verrons bientôt.
Je vais faire confiance à Meyer Schapiro, ce célèbre critique d'art new-yorkais,
mais je ne serai peut-être pas toujours d'accord avec lui : sa vision "marxiste"
de l'art abstrait, ne sera pas forcèment la mienne ; on en discutera.
Peut-être tout le monde ne connaissait-il pas Munch, mais Van Gogh est
universel,
Rien à voir avec Munch, Vincent s'est suicidé à trente-sept ans désespéré
d'être à la charge de son frère Théo, Edvard est mort à quatre-vingt ans couvert
d'honneurs.
Qu'ont-ils de commun ? l'hopital psychiatrique et pour des raisons différentes
pas tant que cela, en tout cas sentimentales, Van Gogh se mutile à la suite de
ses disputes avec Gauguin, Munch déplore une mésentente avec son amie.
Je voudrais débuter par les autoportraits de Van Gogh puisque nous avons vu
que Munch grâce à la photographie, outre ses peintures, en a fait beaucoup.
J'ai trouvé un certain narcissisme chez lui, il était plutôt "beau gosse" ; les
autoportraits de Van Gogh sont sans concession.
Mais tout d'abord une toile lumineuse, notre horizon rempli de nuages sans
être certains d'une éclaircie, un présent bien bouché, il ne nous reste plus qu'à
nous tourner vers le passé.
Champ de blé aux corbeaux. Juillet 1890 -Huile sur toile 50,5 X 100,5
"Lorsqu'il écrit à propos de ce tableau, peu avant son suicide, van Gogh
témoigne de son atmosphère tragique. Le format de la toile est en rapport avec
le sujet même, un champ qui se déploie depuis l'avant-plan par trois chemins
divergents.
Situation angoissante pour le spectateur, maintenu dans l'équivoque devant ce
grand horizon qu'il ne peut atteindre par aucune des voies qui s'ouvrent devant
lui, car elles s'aveuglent dans les blés ou s'évadent hors des limites du
tableau.
Les lignes perspectives familières de ce large champ sont maintenant inversées
: elles convergent de l'horizon vers le premier plan, comme si l'espace avait
soudain perdu son foyer et que toutes choses se soient retournées
agressivement contre le spectateur. Le ciel bleu et et les champs jaunes se
repoussent mutuellement avec une violence troublante. A travers leur
démarcation, un vol noir de corbeaux s'avance vers un premier plan anarchique.
Et là, dans ce désarroi pathétique, se dessine une puissante réaction de l'artiste.
En contraste avec la turbulence de la touche, l'ensemble de l'espace est d'une
largeur et d'une simplicité primordiales. La fréquence avec laquelle chaque
couleur a été appliquée est liée à l'étendue et à la stabilité des surfaces qu'elle
couvre. L'artiste semble avoir compté : un est le bleu unique du ciel- unité,
ampleur, résolution ultime ; deux est le jaune complémentaire des masses
bifurquées, instables, du blé qui pousse ; trois est le rouge des chemins
divergents qui ne conduisent nulle part ; quatre est le vert complémentaire de
l'herbe en friche qui borde ces routes ; et comme le "n" de la série, il y a la
progression sans fin du zig-zag ds corbeaux, ces figures du destin qui viennent
de l'horizon lointain. De même qu'un homme en détresse compte et énumère
pour se raccrocher solidement aux choses et combattre une impulsion, van
Gogh, au dernier degré de l'angoisse, crée un ordre arithmétique qui lui permet
de résister à la désintrégation. Il fait un effort intense de contrôle et
d'organisation. Les contrastes fondamentaux deviennent les apparences
essentielles ; et, dans cet ordre simple, les zones séparées sont reliées par des
échos de couleur, sans changer les forces plus importantes de l'ensemble. Les
deux nuages verts sont des reflets, très affaiblis, du vert des routes. Et dans le
bleu du ciel est une vague pulsation d'obsurité et de clarté qui résume la
grande inquiétude de la terre au-dessous".
https://www.youtube.com/watch?v=WGIyx11nnfU
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