Quand Max Reinhadrt, fondateur des Berliner Kammerspiele en 1906, inaugure
son théatre en montant "les Revenants" d'Henrik Ibsen, c'est tout
naturellement à Munch qu'il fait appel. Les "études d'atmosphère" que le
peintre réalise pour ses décors s'inscrivent en effet dans la continuité de son
travail.
Les dramaturges, à l'instar d'Auguste Strindberg, s'orientent alors de plus en
plus vers une esthétique de l'intime : la personnalité et l'univers intérieur des
personnages se retrouvent au centre du drame, et l'espace qu'ils occupent
porte la marque de leurs tourments. Qui mieux que Munch pouvait faire jouer
ce rôle dramatique aux objets, aux meubles ? cette collaboration signe une
évolution dans sa peinture. Il représente alors davantage de personnages figés
dans cet espace clos, dont l'étroitesse renforce une sensation d'étouffement, qui
gagne certes le spectateur, mais qui semble aussi paralyser les personnages
hiératiques. On y retrouve un paradoxe propre au théatre intimiste de
Reinhardt : le spectateur se sent introduit dans l'espace des personnages et
donc dans leur intimité ; cependant, l'attitude crispée et distante de ceux-ci
tend à montrer qu'ils cherchent à repousser cette intrusion.
" A la douce jeune fille". 1907
"la mort est amoureuse de la vie et la douleur est l'amie de la joie"
vers 1915-1930
Dans la série intitulée "La Chambre verte" Munch donne à voir une nouvelle
interprétation des thèmes amoureux plus amère encore que dans "La Frise de la
vie". Une pièce au papier peint vert et aux motifs entêtants, dont le plafond
sombre et bas, supplante les paysages élégiaques. Le traitemennt de la
perspective renforce encore l'ambiance oppressante et claustrophobique qui
règne dans ces toiles : il n'est jamais possible de sortir de ces espaces dont
l'unique porte est soit fermée soit occupée par des personnages. une table
ronde au premier plan, souligne le procédé quasi photographique de grand
angle qui alimente le malaise ressenti : le spectateur participe de la scène
comme s'il était assis à celle même table. Ces tableaux témoignent de l'art
introverti d'un Munch toujours à la recherche d'une transcription de ses états
d'âme. Dans cette série qu'il peint au moment où il recontre des difficultés
dans sa relation avec Tulla Larsen, ses amours malheureuses tiennent le
premier rôle.
" Jalousie" 1907
En 1908, mal remis de ses déboires amoureux avec Tulla larsen, affaibli par ses
incessants voyages et ses abus d'alcool, Munch traverse une crise profonde qui
le contraint à se faire hospitaliser dans la clinique psychiatrique du Dr Daniel
Jacobson. Cet épisode semble constituer un véritable tournant dans son
existence.
"La Meurtrière" 1907
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