autour de la matière (transparences, effets de flou, superpositions), ces
préoccupations trouvent également un écho dans ses toiles.
Le rapport entre le sujet et son traitement met souvent en tension de façon
créative une dualité entre matérialité et immatérialité. La lumière, parfois
liquide, éclabousse le spectateur ; les corps, tantôt opaques et comme agrégés
les uns aux autres, tantôt transparents, semblent se diluer. A l'instar de
beaucoup de ses contemporains, Munch refuse l'emploi du vernis ; laissant
ainsi les couleurs à nu, il en maintient la profondeur. Les coups de pinceau sont
apparents, la matière, loin d'être aplanie, participe de la force de l'oeuvre tout
autant que le motif. Il n'hésite pas à appliquer à certaines de ses toiles son
fameux "traitement de cheval", c'est -à- dire à les exposer aux intempéries en
les laissant à l'air libre afin de faire entrer le hasard et la marque d'une
certaine temporalité dans son processus créatif. Création et destruction se
fondent alors dans un geste d'une grande modernité.
Femmes au bain. 1917
"Femmes au bain" illustre parfaitement les recherches du peintre en terme de
transparence. La superposition des corps souligne leur sensualité. Elle donne
l'impression d'une démultiplication des femmes. Le cadrage participe lui aussi
cet effet : certaines sont coupées par la limite de la toile. On ne voit que le
buste de la jeune fille du premier plan, qui semble aller à la rencontre du
spectateur en le fixant droit dans les yeux. Mais, fait plus rare chez Munch, on
aperçoit à l'arriére-plan, non plus des troncs mais des jambes seules. Ce
phénomène, qui évoque davantage la photographie que la peinture, donne
l'impression d'être témoin d'une scène à la dérobée. Il renforce également la
profondeur du champ qui aurait pu être abolie par les superpositions. Munch
applique ici très peu de peinture. La toile, qui reste visible à certains endroits,
fait partie intégrante de la composition. Munch souligne ainsi la matérialité de
la peinture chère à de plus en plus d'artistes de l'époque. La transparence, à la
fois d'ordre optique et tactile, témoigne là encore d'un jeu d'alternance entre
matérialité et immatérialité.
"Certains croient qu'un tableau est terminé quand ils ont mis autant de
détails que possible. Une ligne peut être une oeuvre d'art".(1930)
L'homme à la luge. 1910-1912
Enfants dans la rue 1910-1915
Je ne peux m'empècher de vous dire que ce sont là mes toiles préférées, j'y
trouve un petit quelque chose des oeuvres de Van Gogh.
"Je ferme les yeux dans le noir. Au fond de moi tout luit et étincelle -
les planères brillent - les atomes brillent" (vers 1932)
L'oeuvre de Munch est ponctuée de paysages: s'ils sont la plupart du temps
peuplés de personnages, ils en sont parfois dénués. Dans un cas comme dans
l'autre, ils reflètent les états d'âme du peintre, suivant en cela la tradition
romantique. La nuit porteuse de lyrisme et de mélancolie, est un thème de
prédilection de Munch. Il existe plusieurs versions de "Nuit étoilée", qui est une
vue de sa véranda d'Ekely. Un grand sentiment de solitude se dégage de
l'oeuvre, habitée par l'ombre fantomatique, sans doute celle du peintre, que l'on
aperçoit au premier plan à droite. la clarté des étoiles répond aux lumières
électriques du village. Cet effet, ainsi que la composition, n'est pas sans
rappeler "La Nuit étoilée" (1888).... (ah que je suis heureuse je n'étais pas
allée jusqu'au bout de la lecture et voilà que mon impression est la bonne !!!)
..Arles. de Vincent Van Gogh que Munch a sans doute pu voir au Salon des
indépendants en 1889.
"L'art est le contraire de la nature. Une oeuvre d'art ne vient que du
plus profond de l'être humain. L'art est la forme que prend une image à
travers les nerfs, le coeur, le cerveau, l'oeil de l'être humain."
(1928-1929)
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