Munch ressent une grande instabilité après la mort de son père en 1889,
plus rien ne le retient, il sillonne la Norvège, il part pour la France,
l'Allemagne, la Hollande, la Belgique et bien sûr l'Italie, trois années à Paris
de 1889 à 1892, où il découvre l'art de Van Gogh et fréquente l'atelier de Léon
Bonnat. Il délaisse définitivement le naturalisme pour s'essayer à la technique
de l'impressionisme st du post-impressionisme.
"On ne devrait plus peindre d'intérieurs, plus de gens qui lisent, plus
de femmes qui tricotent. Ce devrait être des personnes vivantes qui
respirent, s'émeuvent, s'ouffrent et aiment".
Sa carrière rend un tournant décisif à Berlin en 1892 lorsque invité par
l'Association des artistes berlinois, il expose une cinquantaine d'ouvres. leur
aspect fragmentaire et inachevé, marques importantes de la modernité et de
l'art du XX ème siècle , déclenche une vive polémique dont les retombées seront
positives aussi bien pour l'art allemnad - puisqu'il est à l'origine de la création
de la Sécession berlinoise - que pour Munch qui, du jour au lendemain, devient
célèbre en Allemagne. Décidé à reter à Berlin il fréquent le cercle littéraire à
la taverne "Au porcelet noir". Il va pouvoir vivre convenablement de son art
grâce à ses mécènes Max Lind et Gustav Schieffer et deux marchands d'art,
Bruno Cassirer à Berlin et Commeter à Hambourg. Il explore alors la
souffrance, l'amour, la douleur et la mort et crée une série d'oeuvres qu'il
organise en cycle et qu'il intitule "La frise de la vie"
Ce ne sont pas les nymphéas qui courent sur les murs comme pour les oeuvres
de Monet mais quatre grandes séries "Eveil de l'amour" Epanouissement et
déclin de l'amour" "Angoisse de vivre" et "Mort". Englobant les toiles les plus
connues, cette frise est une suite mouvante qui évolue et s'enrichit, chaque
oeuvre vendue est remplacée par une nouvelle version.
"Deux êtres s'embrassent ici au sens le plus plein du terme. L'étreinte est si
forte que leurs visages se confondent en une "flaque de chair liquéfiée" selon
les mots de Stanislas Przybyskewski, le premier biographe de Munch. Dans les
bras l'un de l'autre, ces deux amants semblent retirés en eux, loin du reste du
monde, confinés dans un petit triangle de lumière aperçu derrière le rideau.
L'intensité de leur émotion est dépeinte de façon caractéristique chez Munch
avec des volutes qui soulignent la silhouette de la figure qu'ils forment. Ces
lignes ondulantes auréolent le couple, enrobant les deux êtres d'un halo de
vibration émotionnelle qui évoque les courbes de l'Art nouveau. Ce style sera
renforcé dans une toile plus tardive reprenant le même motif :" Le Baiser sur
la plage au clair de lune". Le reflet de la lune glissant sur l'eau, présent dans
de nombreuses oeuvres de Munch, accompagne cette fusion "liquide" du
couple".
"Ses cheveux couleur sang m'avaient enveloppé - ils s'étaient enroulés
autour de moi comme des serpents rouge sang - leurs fils les plus fins
s'étaient emmêlés dans mon coeur."
" Le Cri, Le Baiser, Vampire, Madone... font partie des tableaux majeurs de"
La Frise de la vie". Vampire rassemble trois grands thèmes de la série: l'amour,
l'angoisse, la mort. La femme à la chevelure rouge semble pomper l'énergie
vitale de l'homme qu'elle étreint d'un bras puissant. Ou bien est-ce un
murmure qu'elle glisse à son oreille ? Les deux ne semblent pas s'exclure, mais
être inéluctablement liés, comme l'amour le serait à la douleur.
Amour et douleur fut d'ailleurs le premier titre de ce tableau qui donne à voir la
complexité et l'ambiguité des sentiments. La chevelure féminine revêt chez
Munch, comme chez Charles Baudelaire, une importance particulière.
"La longue chevelure est une sorte de fil téléphonique" selon le peintre, qui
relie en pensée les amants, même lorsqu'ils sont séparés, et reste toujours
associée à la souffrance. "... je continuais à ressentir la douleur dans mon
coeur qui saignait - car ces fils ne pouvaient s'en arracher "
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire