mardi 21 avril 2020

Compulsion

Déclinant à l'envi les thèmes qui lui sont chers, Munch offre de véritables 

exemples de variations au sens musical du terme. Répétition et récurrence 

s'enrichissent chaque fois d'un regard différent qui vient modifier l'ambiance 

d'une oeuvre, son élairage, sa tonalité, de façon tout à fait contrapuntique.

 Munch tente de restituer ses premières impressions d'uns scène en la reprenant

 sans cesse. La réitatération d'un motif touche parfois à l'obsession : les

 déclinaisons, à la différence du phénomène des reprises par lequel Munch 

revient sur un thème des années après sa première réalisation, sont resserrées 

sur une période très courte. De sa rencontre avec le modèle Rosa Meissner en

 1907 naîtront de nombreuses oeuvres. "femme en pleurs" sera réalisé sous 

formes de toiles, mais aussi de dessins de photographies, de lithographies, et 

donnera même naissance à l'une de ses très rares sculptures en bronze.


                                                                    Nu en pleurs. 1907

" On comprendra alors ce qu'il y a de sacré et d'imposant dans le motif 

et l'on  se découvrira devant comme dans une église" '1889)


 Si la femme que l'on peut voir photographiée est élancée et gracieuse, celle qui

 est peinte dans ses toiles, bien qu'immobilisée quasiment dans la même 

position, paraît beaucoup moins à l'aise dans son corps. Munch a réduit des 

seins et gommé ses formes, si bien que l'on peut se demander si la tristesse de

 cette femme à la tête penchée ne renvoie pas aux angoises de la puberté déjà

 traitées dans d'autres toiles. les épaules élégamment rejetées en arrière sur la

 photographie, sont tombantes, abattues qur les toiles, qui rappellent certains 

nus de Pierre Bonnard. Dans la sculpture, qui évoque davantage la manière

 d'Auguste Rodin, les épaules du modèle sont courbées vers l'avant.


  Femme en pleurs 1907


                                                                      Femme en pleurs 1907

 Une fois guéri de la grippe espagnole, Munch se retire dans sa propriété

 d'Ekely. Il y réalise davantage de nus et continuera à y peindre des modèles

 féminins jusqu'à la fi de sa vie. Il est la plupart du temps proche de son sujet. 
 
 Il cherche à déceler les sentiments profonds qui gouvernent les femmes qu'il

 peint pour rendre leurs portraits plus puissants. Dans "L'artiste et son modèle"

les deux protagonistes semblent entretenir des rapports intimes, comme en 

témoigne le lit défait au fond de la pièce qui n'est autre que la chambre à 

coucher de Munch à Ekely . Ici encore, les personnages, parmi lesquels figure le 

peintre, au second plan, font face au spectateur dans une attitude hostile, 

comme s'ils lui reprochaient sa présence.

                                                          L'artiste et son modèle. 1919-1921

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