Déclinant à l'envi les thèmes qui lui sont chers, Munch offre de véritables
exemples de variations au sens musical du terme. Répétition et récurrence
s'enrichissent chaque fois d'un regard différent qui vient modifier l'ambiance
d'une oeuvre, son élairage, sa tonalité, de façon tout à fait contrapuntique.
Munch tente de restituer ses premières impressions d'uns scène en la reprenant
sans cesse. La réitatération d'un motif touche parfois à l'obsession : les
déclinaisons, à la différence du phénomène des reprises par lequel Munch
revient sur un thème des années après sa première réalisation, sont resserrées
sur une période très courte. De sa rencontre avec le modèle Rosa Meissner en
1907 naîtront de nombreuses oeuvres. "femme en pleurs" sera réalisé sous
formes de toiles, mais aussi de dessins de photographies, de lithographies, et
donnera même naissance à l'une de ses très rares sculptures en bronze.
Nu en pleurs. 1907
" On comprendra alors ce qu'il y a de sacré et d'imposant dans le motif
et l'on se découvrira devant comme dans une église" '1889)
Si la femme que l'on peut voir photographiée est élancée et gracieuse, celle qui
est peinte dans ses toiles, bien qu'immobilisée quasiment dans la même
position, paraît beaucoup moins à l'aise dans son corps. Munch a réduit des
seins et gommé ses formes, si bien que l'on peut se demander si la tristesse de
cette femme à la tête penchée ne renvoie pas aux angoises de la puberté déjà
traitées dans d'autres toiles. les épaules élégamment rejetées en arrière sur la
photographie, sont tombantes, abattues qur les toiles, qui rappellent certains
nus de Pierre Bonnard. Dans la sculpture, qui évoque davantage la manière
d'Auguste Rodin, les épaules du modèle sont courbées vers l'avant.
Femme en pleurs 1907
Femme en pleurs 1907
Une fois guéri de la grippe espagnole, Munch se retire dans sa propriété
d'Ekely. Il y réalise davantage de nus et continuera à y peindre des modèles
féminins jusqu'à la fi de sa vie. Il est la plupart du temps proche de son sujet.
Il cherche à déceler les sentiments profonds qui gouvernent les femmes qu'il
peint pour rendre leurs portraits plus puissants. Dans "L'artiste et son modèle"
les deux protagonistes semblent entretenir des rapports intimes, comme en
témoigne le lit défait au fond de la pièce qui n'est autre que la chambre à
coucher de Munch à Ekely . Ici encore, les personnages, parmi lesquels figure le
peintre, au second plan, font face au spectateur dans une attitude hostile,
comme s'ils lui reprochaient sa présence.
L'artiste et son modèle. 1919-1921
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