étudie la dégradation de son corps, se peint dans tous les états qu'il traverse.
En1919, il réalise un autoportrait alors qu'il est atteint de la grippe espagnole.
dans cette toile, dont les tons particulièrement vifs et joyeux contrastent avec
le sujet du tableau. Il se représente sans détour affaibli et décharné. Un même
sentiment de profonde solitude se dégage du "Noctambule". Munch se peint
comme en contre-jour, ses traits sont ainsi dissimulés derrière des ombres.
L'absence de décoration de la pièce et le fait que la scène soit nocturne ne
font qu'accentuer l'isolement du personnage.
Autoportrait avec la grippe espagnole. 1910
Le Noctambule . 1923-1924 ; huile sur toile, 90x68 cm
"Le bonheur est l'ami du chagrin
le printemps est l'annonciateur de l'automne
la mort est la naissance de la vie (1915-1930)
Les autoportraits que Munch peint dans les dix dernières années de sa vie
montrent tous, sans indulgence, un vieillard attendant la mort. Dans
"l'Autoportrait près de la fenêtre", le visage rougi du personnage traduit comme
souvent dans les toiles de Munch, davantage un sentiment de tristesse
intérieure que de colère. Cet effet est renforcé par une bouche tombante. En
contraste avec ce rouge semblant confiné à la partie gauche de la toile, le
paysage paraît peint en noir et blanc tant la froideur de ses tons éteint toute
vie. Le radiateur lui-même est gagné par ce gel. Munch, lui, se tient
inconfortablement entre deux atmosphères, entre la vie, attachée au rouge et
la mort glaciale, du paysage hivernal. Il règne dans cet autoportrait le même
sentiment de solitude et de désolation que dans sa dernière oeuvre, peinte à
près de 80 ans : " Autoportrait Deux heures et quart du matin"
Autoportrait :1940-1943
Autoportrait près de la fenêtre vers 1940
Munch appraît ici, en proie à une grande amertume, les bras pendants,
désoeuvré. il se tient, figé, dans un double entre-deux sinistre : entre
l'horloge et le lit tout d'abord, comme l'indique le titre, c'est-à-dire entre deux
symboles de mort. L'horloge qui n'a même plus d'aiguilles, semble indiquer
que le temps de l'artiste est révolu. Mais l'artiste apparaît aussi entre deux
pièces ; une chambre toute de pénombre et une salle baignée de soleil. Dans
cette dernière, les murs sont couverts de toiles de Munch, évoquant sa vie
passée, maintenant derrière lui. La chambre qui s'ouvre à lui, en contraste, est
peinte dans des tons froids et sombres. Et si un tableau est accroché sur le
mur de droite, il s'agit d'un nu fantomatique, dont la verticalité renvoie à
l'horloge de gauche. Cette composition en croix, entre l'horloge et le lit, entre
la lumière et la pénombre, est enfin renforcée par la croix lugubre qui git aux
pieds du peintre, formée par son ombre, et qui semble le condamner. Plusieurs
artistes contemporains ont été marqués par cet autoportrait. Plus de trente
après sa réalisation, Jasper Johns fonde notamment toute une série de toiles
autour du motif graphique du couvre-lit.
Autoportrait entre l'horloge et le lit : 1940-1943
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