lundi 13 janvier 2014

Magie de la Cocagne

Ce n'est plus une histoire de "ciels"

Mais une histoire de terre, et encore une histoire de couleur. Celle du pastel.

Vous pensez sans doute à ces petits bâtonnets aux dégradés si délicats et  friables..
 Que nenni !  le pastel ou isatis tinctoria L  s'affiche d'abord en jaune, dans les grands champs de sa culture; après l'étape de son séchage en coque, la cocagne, et d'autres supplices, il va bientôt se transformer en bleu.
 Il vous faut aller jusqu'en arctique pour  trouver un autre isatis, ce beau renard blanc ou gris bleu.
 C'est dans la marmite d'un génial sorcier que par magie cette plante jaune va devenir du bleu .
 Qui est ce sorcier botaniste qui eut l'idée de tremper dans ce bouillon de teinture, des kilomètres  de draps qui s'exportaient dans toute l'Europe?

 Sur les terres du Lauragais, de l'Albigeois, leurs commerçants devinrent bientôt de riches marchands qui investirent leurs fortunes dans la construction de somptueux hôtels particuliers et donc pasteliers au cours des XVème et XVIème siècles.

 Mais toutes les histoires ne finissent pas bien, déjà à cette époque, un terrible concurrent venu des Indes, moins cher, va le supplanter et entraîner son déclin, l'indigo, une Fabacée.

Si de nos jours l'innovation cherche à le faire renaître dans quelques hectares sur les mêmes terroirs de culture du Lauragais et jusqu'en Ariège, on est encore bien loin de retremper dans une telle opulence.
 IL trouve dans la recherche et d'autres tissus industriels comme la cosmétique de nouvelles applications.

Sur fond de ciel indigo, voici l'hotel  Mancensal, ancienne propiété d'un Président du Parlement de Toulouse et à son balcon la Belle Paule.


La hauteur de la tour était un signe extérieur de richesse, c'était à celui qui avait la plus haute !!

Ah! la Belle Paule, c'est avec Clémence Isaure une des grandes figures féminines Toulousaines.
C'est François 1er qui donne ce nom à Paule de Vigier lors de sa visite à un très riche marchand qui le reçoit dans son hôtel particulier, Jean de Bernuy.
 Il vient le remercier d'avoir participé au règlement de sa rançon  lorsque Charles Quint le retenait prisonnier.
 La plus belle femme du royaume, titre confirmé par Catherine de Médicis et Charles IX, qui ont aussi rencontré Paule, porte dans le tableau d'Henri Rachou, exposé dans la Salle des Illustres du Capitole de Toulouse, une robe pastel.
Je pense qu'il a voulu peindre là avec pour fond de ce tableau la tour de l'Hôtel d'Assézat, quelques uns  des fleurons de notre ville rose.

 Et pourquoi à son balcon ? les Toulousains ne voulaient pas laisser aux rois le privilège d'admirer sa beauté, ils ont donc exigé qu'elle paraisse deux fois par semaine à son balcon. Sans doute ne portait-t-elle pas toujours une robe pastel.



Gabriel de Minut lui aussi tomba sous le charme de cette beauté et c'est à Lyon, en 1587 qu'il écrit la" Paulégraphie d'une dame Tholosane nommé la Belle Paule".
Le luxe de détails qu'il donne  de ses charmes laisse à penser qu'il l'a admirée de très près mais elle fut deux fois mariée et il n'en dit rien de plus qu'il ne faut.

 Vous voyez bien que Toulouse est un Pays de Cocagne!


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