mardi 28 juillet 2020

De l'Autre Côté du Rêve






  Voici enfin la réouverture de la Fonsation Bemberg, sise, comme vous le savez

déjà peut-être, dans le splendide Hôtel D'Assézat. (Toulouse)

 Après "Même pas peur", et toute une série d'expositions toutes plus belles les

unes que les autres, que vous pouvez retrouver  dans mes archives, voici celle

itinérante de la Fondation des Treilles,  que je vous présente :

http://www.fondation-bemberg.fr/medias/actualites/DP%20FOND.%20BEMBERG-COLLECTION%20DE%20LA%20FONDATION%20DES%20TREILLES_2020.pdf

 Je dois vous dire à quel point la scénographie en est attrayante, dépaysante, qui

vous immerge dans la nature...... j'ai adoré !!! et vous entraîne à ma suite.


                                  Roberto Matta
              
                  Santiago du Chili 1911 - Civitavecchia 2002
 
Après des études d'architecture à Santiago du Chili, Roberto Matta rejoint l'atelier

de le Corbusier, en France, en 1933 puis voyage en Espagne, en Finlande et à

Londres. Adopté par André Breton et le groupe des surréalistes, il participe à la

revue  le Minotaure. Matta peint au chiffon, étalant la couleur sur la toile, qui

dicte alors le dessin aléatoire du pinceau, et devient ainsi le chef de file de cet

"automatisme". Pendant la guerre il retrouve à New-York, Marcel Duchamp et les

surréalistes exilés, expose à la galerie Julien Levy et côtoie les jeunes

expressionnistes abstraits.

 En 1948 Matta retourne au Chili, puis s'installe en Italie. Dés lors, son

engagement politique s'inscrit dans ses toiles, il participe au congrès culturel de

La Havane à Cuba en 1968 ainsi qu' aux ateliers de Mai 1968 à Paris. Après le

coup d'Etat du Général Pinochet au Chili en 1973, Matta se détourne de son pays  

natal.

" Cet exil a déterminé toute ma vie, entre deux cultures. Mon travail est un travail

de séparation entre la réalité er l'imaginaire... où commence la poésie" dira-t-il.

Lorsqu'il reçoit la nationalité française, une rétrospective lui rend hommage au

Musée national d'Art Moderne à Paris. Après sa mort, le Chili décrétera trois jours

de deuil national



                                               Jean Tardieu

Ecrivain et poéte Jean Tardieu nait dans une famille d'artiste, d'un père peintre et

d'une mère harpiste. Ces deux genres se mêleront souvent aux talents littéraires

 de cet inventeur d'une créativité exceptionnelle saluée par le Grand Prix de

littérature de la Société des Gens de Lettres (1986) après le Grand Prix de poésie

de l'Académie française (1972)

Métaphysicien, dramaturge, poéte lyrique, humoriste inventif lié à l"Oulipo" par

son ami Queneau, il est aussi le traducteur de Goethe et de Holderlin. Ses

premiers textes sont publiés en septembre 1927 dans la Nouvelle Revue française.

Poète engagé entre 1941 et 1944, il écrira aussi pour le théatre de courts Poèmes

à jouer. Son oeuvre poétique et théatrale, édité principalement chez Gallimard de

1939 à 1997, est illustré par Picasso, Vieillard, Elie Lascaux, Max Ernst,

Hartung..., mise en musique par Marius Constant, Henri Sauguet...





















jeudi 23 juillet 2020

Claude Monet : Les Quatre Peupliers

Parmi les oeuvres les moins répandues de Monet, (et encore!!) ces quatre

peupliers attirent le regard comme ils ont attiré  celui de l'artiste sans doute pour

leur côté graphique ; ils achèvent ces comparatifs entre les oeuvres de ses

contemporains, que je vous ai proposés ces derniers jours. Dans ceux qui

viennent, je vous entraînerai vers d'autres cieux, d'autres paysages, d'autres

oeuvres : il va falloir sortir du confort des livres et de ma bibliothèque .. .

heureusement le masque ne m'empèchera pas d'y voir !!


          1891 Huile sur toile - 82 X 81,5 cm


    " Lors d'une promenade au voisinage de Giverny, Monet fut attiré par une

magnifique rangée de peupliers dressés en frise régulière sur les bords sinueux de

l'Epte, près de Limetz. Il avait commencé de les peindre lorsqu'il apprit qu'on allait

les couper et les mettre en adjudication, et il ne put obtenir du maire

l'ajournement de la vente. Monet trouva finalement une solution un peu

extravagante, mais d'une originalité caractéristique ; il se mit en quête de

l'acheteur le plus probable et convint de lui rembourser le montant supérieur à la

somme qu'il s'était proposé d'offrir, pourvu qu'il maintienne les enchères et que les

arbres restent debout jusqu'à l'achévement de la série.

https://www.flickr.com/photos/7208148@N02/albums/72157624180199954/

Les Quatre Peupliers occupent une place à part parmi plus de vingt autres toiles

qui constituent la suite. Celle de la Tate Gallery est une esquisse directe et l'on

retrouve un peu de son esprit dans une version plus achevée.

Monet a travaillé d'après les mêmes arbres pour celle qui est reproduite ici, mais

avec un dépouillement radical de la composition il a fait d'une pastorale une étude

de rectangles. L'attention est concentrée sur les sections inférieures de quatre

troncset leurs reflets, qui divisent la surface de la toile en cinq tranches verticales,

et une bande horizontale incluant en une seule zone la rive et son reflet.

 La perspective en zigzags des arbres éloignés est dissoute dans une lumière

opalescente. Avec ses élèments picturaux dramatiquement réduits en nombre,

Monet porte une attention ultra-sensible à leur disposition dans un cadre carré,

s'engageant ainsi lui-même dans une expérience de l'horizontalité et de la

verticalité, semblable, mais sur la nature, à celle qui vingt ans plus tard conduira

Piet Mondrian vers un art abstrait et sans espace.

       http://www.diptyqueparis-memento.com/fr/les-arbres-mondrian/

Les verticales des troncs,  cependant, demeurent organiques ; préfigurant les

paysages de Gustave Klimt, elles hésitent entre les lignes sinueuses de croissance

et la rigidité géométrique, comme si Monet avait cherché à fusionner l'opposition

 aiguë de courbes et de lignes droites qui l'avait préoccupé durant les dix années

antérieures.

https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/peinture/commentaire_id/rosiers-sous-les-arbres-16345.html?cHash=8431426cfc

 La pureté et l'iridescence de la couleur (comprenant à la fois des tons voisins et

des tons complémentaires) peut seulement se distinguer si l'on s'approche de la

surface peinte ; elles se mélangent rapidement, comme une mosaïque à grains

minuscules, dès que l'on s'éloigne du tableau, pour former des tons

atmosphériques d'une subtilité, d'une variété et d'une profondeur étonnantes.

Moins théoriquement, Monet a employé des principes de dessin et de couleur non

différents de ceux de Seurat dont les toiles finales furent peintes la même année

que Les Quatre Peupliers."


https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/georges-seurat_arbres-hiver_huile-sur-bois_1883

                 https://www.youtube.com/watch?v=tLdhSwFpWfQ

mercredi 22 juillet 2020

Champ de coquelicots près de Giverny

 Très champêtres ces études concernant les coquelicots !! c'est de saison.


                                                                        1885 - Huile sur toile , 67 X 83 cm


                     "Octave Mirbeau attribuait justement à Monet le renouvellement de

la peinture au dix neuvième siècle. Deux particularités parmi d'autres, et qui sont

en rapport, le mettaient à même de remplir ce rôle historique : d'abord son

manque d'intérêt pour la tradition de peindre les paysages en atelier sur

d'hypothétiques schèmes colorés, avec une lumière et et une ombre toutes

théoriques ; ensuite la surprenante sensibilité visuelle qui lui faisait voir le monde

dans sa pleine richesse chromatique.

 Dans un essai de 1916, intitulé "L'oeil de Claude Monet", Rémy de Gourmont

observe néammoins qu'il n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler un "coloriste"

parce qu' "il fait la nature grise quand elle est grise". Monet peignait un monde

coloré parce que celui-ci existait et parce qu'l avait la naïveté, la persistance et le

génie de lui conformer sa pensée et sa technique.

 Comme l'ont reconnu ses pairs, il les surpassait dans ce pouvoir qui a

révolutionné la peinture en Occident. Sans codifier ses découvertes, Monet a utilisé

pleinement les oppositions de couleurs spectrales qu'il trouvait dans la nature: bleu

et orange dans "Impression", violet et jaune quand il peint l'ombre et la lumière,

vert et rouge dans les "Coquelicots" et le "Champ de coquelicots près de Giverny".



Impression : Port du havre 1872

Camille  Monet à Chailly 1873 : Les  coquelicots.

             Il est interessant de comparer ces deux peintures d'un motif similaire,

séparées par plus de dix ans. L'atmosphère de la première est celle d'une

bucolique insouciance. L'horizon y est assez bas pour montrer des nuages ouatés,

les menus détails restent flous, la couche de peinture est mince et esquissée et les

contours indécis. Semées à la violée, les fleurs sont des taches liquides, formant

chacune une unité indépendante, sur l'herbe verte estompée. Dans le second

tableau on est dès l'abord saisi par le schème inattendu d'une perspective centrée

en un point - bien qu'elle n'entraîne pas de profondeur du champ (laquelle serait

démentie par le motif uniforme et plat des rouges et des verts) mais apporte le

fondement d'un dessin géométrique et presque symétrique couronné par les

courbes en chaîne de l'arrière-plan renforcé.

 La surface réservée au ciel est petite ; et, au lieu de la surface relaxée de 1873,

l'ordonnance chromatique et la texture rythmique de chaque surface  sont

examinées avec un soin pénétrant et transposées dans un équivalent pictural

clarifié.Cependant, bien que l'atmosphère et la manière soient plus analytiques et

plus conscientes, aucun changement fondamental de principe n'est intervenu.

Comme tant d'autres oeuvres celle-ci est unique, car il ne s'agissait pas pour

Monet d'appliquer les règles ou d'endosser une livrée, mais de porter l'accent sur

les qualités déjà présentes dans le motif.

A tous égards, on peut dire que la date du Champ des coquelicots près de Giverny

inaugure la période des" coloristes" avérés, scientifiques et symbolistes ; Gauguin,

commençant ses paysages de Bretagne, poussera l'interprètation de la nature

comme surface plane, organisation décorative et symbole, et le néo-

Impressionisme développera les théories des complémentaires, du divisionnisme et

du dessin."

                 https://books.openedition.org/puc/10311?lang=fr

lundi 20 juillet 2020

Claude Monet : Cap - Martin

 Pourquoi ce choix ? parce que j'y vois souffler le mistral !!

                    https://www.youtube.com/watch?v=Pe1MVzrpEQA

 

                                                                       1884 - Huile sur toile. 67 X 83 cm


               "En décembre 1883, Monet accompagne Renoir, qui avait déjà peint la

Méditerranée, dans un voyage de deux semaines sur la côte française et italienne.

 Enchantés par ce qu'ils ont vu, ils décident d'y retourner peindre ensemble.

Le 12 janvier, Monet écrit à Durand-Ruel pour lui demander l'argent nécessaire

à un départ immédiat et le prie de garder le secret.

 "J'ai toujours mieux travaillé dans la solitude et d'après mes seules impressions",

explique-t-il, ajoutant que Renoir aurait voulu venir avec lui. D'une pension de

Bordighera il écrit plus tard qu'il avait correspondu avec Renoir et qu'il voulait

être : "Plus libre avec mes impressions", concluant de façon caractéristique :

"C'est toujours mauvais de travailler à deux".

Au début d'avril, après une série spectaculaire de toiles qui annoncent l'Art

nouveau et la facture émotionnelle de van Gogh, il passe plusieurs jours à peindre

les motifs que Renoir et lui avaient découverts à Menton.

 L'un des plus dramatiques est cette vue de la ville depuis le Cap-Martin,  avec les

montagnes coiffées de nuages qui s'élèvent au-dessus d'elle. Nuages et sommets

se mêlent dans une rapide calligraphie de bleu, de blanc et de rose.

Les rochers aux surfaces rugueuses du premier plan tirent leur forme de touches

en fouet couleur crème, de tonalités d'ombre lumineuse et d'accents sombres : au

milieu, des traits orange marquent la courbe d'un chemin, à gauche vers le fond, à

travers une échappée irrégulière entre les pins, dont la silhouette rococo

 (ce n'est pas l'expression que j'aurais employée, lorsque le vent souffle les branches s'incurvent dans un tourbillon incessant))

révèle le penchant nouveau de Monet pour un dessin curviligne.

La mer est de cobalt profond, bordée de vert (complément direct des tons chauds

du rivage inondé de soleil) et s'opposant à la ligne déchiquetée du cap, la côte au

loin est une horizontale effilée qui se prolonge, moins géométriquement, en une

ombre sous les buissons, séparant comme un panneau horizontal la partie

inférieure du tableau.A travers cette division, les diagonales répétées relient le

haut et le bas.

 Une "bravoure "et une brillance nouvelles de la couleur s'annoncent dans cette

toile. Dans son enthousisame, Monet a poussé la tonalité élevée de sa palette

presque au-delà des limtes extrèmes du sujet, de même qu'il a intensifié et

coordonné sa géométrie et ses rythmes. C'est une barrière qu'ont franchie

Matisse et les fauves après 1900, quand ils ont abandonné la conformité ton pour

ton à la nature, pour la joie d'un colorisme sans entraves".


                      https://www.youtube.com/watch?v=isgrtC2Zx-s


Bateaux en hiver, Etretat de Monet

Cette toile est aussi surprenante dans l'idée générale que l'on se fait de Monet !

    Et c'est bien pour cela que je l'ai choisie!




                                                                            1885 - Huile sur toile 65 X 81 cm

                       "Ce tableau a été peint à Etretat dans l'hiver de 1885. Spatialement,

il offre un aspect plus volumétrique que les autres vues de côtes de cette période -

contenu par la caloge et le mur fuyant à droite, approfondi par les toits de chaume

en raccourci au centre et fermé au fond par les quatre bateaux de pêche.

Leurs empreintes distinctes vertes et ocres, impeccablement reliées à des tons

profonds, forment une frise riche. Ce traitement cubique de l'espace rappelle la

série ancienne des Gare Saint Lazare ou la Terrasse au bord de la mer, mais

quelle différence dans l'emploi du pigment !

Au lieu des voiles de lumière et d'ombre qui définissaient l'intérieur de la station

ou du mouchetage complémentaire des massifs de fleurs de Sainte Adresse, le

sable, les détritus et la maçonnerie sont interprétés ici en un brun-violet épais et

toute une variété de roux, de bleus et de roses dont l'effet, dense et pictural,

évoque certains fragments d'Utrillo, de Soutine ou de Kokoschka.

L'organisation contrôlée de la surface, les motifs sombres des caloges et la

juxtaposition savante des zones de couleur s'unissent pour donner un résultat de

massiveté décorative, rare dans l'art de Monet.

Comme les Tournesols et les Oliviers, cette toile montre l'importance de Monet

pour l'art de van Gogh dont l'arrivée à Paris en 1886 correspond au point  

culminant de cette intensité nouvelle qui a commencé après 1880.

 Il n'est guère douteux que van Gogh a vu les oeuvres de Monet à l'Exposition

Internationale, organisée à la Galerie Petit. En 1888, quand Théo s'occupa de

représenter Monet, les lettres de Vincent sont pleines de références à sa peinture.

C'est probablement aux Bateaux en hiver qu'il fait allusion dans une lettre

contenant une esquisse de sa propre toile la Diligence de Tarascon

" Les voitures sont peintes à la Monticelli avec des empâtements. Tu avais dans le

temps un bien beau  Claude Monet représentant quatre barques colorées sur une

plage. Eh bien, c'est ici des voitures, mais la composition est dans le même genre"

 
 Vincent van Gogh  : La diligence de Tarascon - 1885.

dimanche 19 juillet 2020

Le Bloc de Monet

Quelle difficulté de peindre un rocher !! mais c'est une réussite !, ce n'est pas la

Sainte Victoire c'est vraiment un "bloc" et Monet parvient à le rendre vivant  peu

ciel, peu de végétation  ; des mousses des lichens ... de la bruyère ??


                            1889 - Le Bloc. Creuse. Huile sur toile , 72 X 90 cm

            http://www.amopa.asso.fr/pdf/articles/revue209-patin.pdf


                             " Ce monumental tableau d'un rocher a été peint près du

confluent de la grande et de la Petite Creuse, au sud du Berry. Cette ancienne

province aux paysages encore préservés est connue par ses écrivains régionalistes

 dont le plus célèbre, Georges Sand, en a introduit les fermes et les forêts dans ses

romans rustiques.

Ce fut aussi le pays de l'ami de Monet, Maurice Rollinat ( poète de la nature et

musicien, assez ignoré  aujourd'hui hors de sa province natale. En juin 1888, du

bourg isolé de Fresselines, le poète écrivait à Gustave Geffroy, le priant de lui

amener Monet, qu'il était impatient de connaître, "le plus tôt possible".


Béant, je regardais du seuil d'une chaumière
De grands sites muets, mobiles et changeants,
Qui, sous de frais glacis d'ambre, d'or et d'argent,
Vivaient un infini d'espace et de lumière.

C'étaient des fleuves blancs, des montagnes mystiques.
Des rocs pâmés de gloire et de solennité,
Des chaos engendrant de leur obscurité
Des éblouissements de forêts élastiques.

Je contemplais, noyé d'extase, oubliant tout,
Lorsqu'ainsi qu'une rose énorme, tout à coup,
La Lune, y surgissant, fleurit ces paysages.

Un tel charme à ce point m'avait donc captivé
Que j'avais bu des yeux, comme un aspect rêvé,
La simple vision du ciel et des nuages !

                                    
                                                    Maurice Rollinat


La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.

George Sand

        On pense généralement que Monet n'arriva pas avant le mois de Janvier

suivant. Accompagné par Geffroy et d'autres amis, il fit deux visites avant le

printemps, peignant le jour, dormant à l'auberge et passant les soirées à bavarder

et à fumer devant le feu du poète.

Une exposition capitale rassembla en juin 1889 à la Galerie Georges Petit les

oeuvres de Rodin et de Monet. Certaines des vues de la Creuse qui s'y trouvaient

existent en plusieurs versions presque identiques - parmi lesquelles deux vues

panoramiques de la rivière dans une nouvelle gamme sombre de bleu, de brun et

de violet, le Pont de Vervit ( dont une version étrangement daté de 1888), et le

minuscule village de La-Roche-Blonde agrippé au flanc du ravin. Outre ces toiles,

Monet peignit un arbre nu (dont il dut faire enlever les branches quand les

bourgeons vinrent à éclater),  une étude sans précédent de torrent à l'assaut  du

rivage et le Bloc qui fit partie durant longtemps de la collection de Georges

Clémenceau.

Une fois de plus Monet ouvre la voie en matière de composition. Corot, Courbet et

Daubigny avaient représenté des formations rocheuses avec une fidélité et une

monumentalité somptueuse, et Cézanne avait observé de près les surfaces

minérales, mais aucun n'avait fait d'une grande paroi rocheuse un tel

rapprochement télescopique. N'étaient une certaine ouverture de traitement et la

ligne sinueuse du contour supérieur du rocher, Monet semblerait avoir

entièrement perdu sa prédisposition optique. Il modèle la pierre massive de la

falaise en saillie dans un clair obscur pictural qui s'étend des tons orangés de la

terre sous le soleil et de l'argent du roc éclairé à un brun-violet profond.

Par son accentuation de la massivité, Le Bloc occupe une place exceptionnelle dans

l'oeuvre du peintre."


                               https://fr.wikipedia.org/wiki/Berry


samedi 18 juillet 2020

La Meule de Monet

 Autre conception de la "meule" les teintes correspondent à un soleil couchant.

          Une parmi des dizaines : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Meules

     Vous en avez l'explication :

                                Meule au coucher du soleil près de Giverny

                                                          1891 - Huile sur toile 75 X 94 cm

           " On raconte que Monet, se promenant un jour avec sa belle-fille sur les

hauteurs près de sa maison, fut attiré par une meule qui rayonnait presque

blanche, point lumineux dans le soleil éclatant ; mais le temps qu'il revienne avec

son matériel et se mette au travail, l'effet avait déjà changé.

 "Quand j'ai commencé, j'étais comme les autres ; je croyais qu'il suffisait de deux

toiles, une pour "temps gris" une pour "soleil", expliqua-t-il bien des années plus

tard. Il commença aussi deux meules qui "faisaient un groupe magnifique".

 Voyant la lumière changer, il envoya Melle Hoschdé lui chercher une toile neuve à

la maison, mais à peine était-elle de retour qu'il en demandait encore une autre ; il

poursuivit ainsi la série, travaillant à chaque version seulement quand le même

effet se reproduisait, "de façon à obtenir une impression vraie d'un certain aspect

de la nature et pas un tableau composé".

Dans les lettres à Geffroy de l'été 1890, il parle du travail de peindre comme

d'une" continuelle torture" : " C'est à rendre fou furieux quand on cherche à rendre

le temps, l'atmosphère, l'ambiance."

En octobre il se plaint : "Le soleil décline si vite que je ne peux le suivre "

exaspéré de peindre trop lentement pour parvenir à "l'instantanéité" c'est-à-dire

"l'enveloppe" de lunière colorée qui confère à une scène entière l'unité d'un

instant. Mais, malgré le découragement, les échecs et les rhumatismes, Monet

peignit les meules par tous les temps, gris ou ensoleillé, dans le brouillard et

couvertes de neige.

Bien qu'elle soit une des versions les plus simples, Meule au coucher du soleil près

de Giverny illustre de façon magnifique la lutte de Monet pour capter l'éphèmère

spendeur de la lumière. La colline, les arbres, les maisons et les champs, aussi

passifs dans leur ton local que le foin entassé, sont baignés dans des nuances de

couleur impossibles à nommer qui irradient la meule par derrière. Le contour de

son sommet, dissous dans un effluve incandescent, se contorsionne comme s'il

allait fondre et s'enlève dans une pâte de couleur aussi riche que celle de la fin de

Rembrandt.

Quinze Meules de foin furent présentées à l'exposition de Durand-Ruel  en 1891.

Toutes furent vendues dans les trois jours à des prix allant de 3.000 à 4.000

francs. Des critiques de Monet, comme Geffroy, trouvèrent qu'il avait en quelque

sorte concentré la mystérieuse puissance de l'univers sur un seul point - qu'il était

un "poète panthéiste".

 Quatre ans plus tard Wassily Kandinsky devait réagir aussi fortement à la vue de

l'une  des Meules dans une exposition à Moscou. Pour lui elle semblait abstraite,

sans sujet. Elle lui révélait, devait-il écrire plus tard, "la puissance incroyable,

inconnue pour moi d'une palette qui dépassait tous mes rêves". "

                   https://www.youtube.com/watch?v=rmtY6elSLjA