lundi 30 janvier 2017

L'art d'Ifé suite

    "La découverte suvante d'oeuvres d'Ifé eut lieu en 1938.
Un homme qui creusait les fondations d'une maison  dans le site de Wunmonije, à deux cent mêtres environ du Palais de l'Oni d'Ifé, tomba, à soixante centimètres de profondeur, sur un trésor comprenant dix-huit bronzes extraordinaires.


 45. Buste d'un Oni . Fin Xvè début XVI ème.s.
                                 Laiton à eneur en Zinc h. 37 cm.
                  Wunmonije Compound, Ifé Museim of Antiquitées
daté par thermoluminescence
 42. Tête couronnée d'Oni. XII è - XV ème siècle
        Laiton à teneur en zinc ; h 24 cm Wunmonile Compound . Ifé.
                                                                            Museum of Antiquities.
 Les traits particulièrement délicats de cette tête couronnée, plus petite que grandeur nature, ont conduit d'aucuns à émettre l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'une femme Oni.
L'ensemble des fins motifs qui représentent sans doute une scarification sert également à souligner le modelé délicat des traits.
 Le sommet de la couronne a été brisé.



 44.
 Statuette d'un Oni. h 47.cm
 Début du XIV è  - XV ème. s.
Laiton en teneur en zinc Ita Yemoo.     Ifé               MIA

 Cette statue d'un Oni, datée par thermoluminescence, est la seule statue de "bronze" en pied intacte qui ait été trouvée à ce jour à Ifé.
Il porte les insignes royaux traditionnels ; une couronne, un lourd collier de perles autour du cou, un grand collier de perles plus lourd autour du torse, des rangs plus fins sur la poitrine avec au milieu un noeud double qui semble être un insigne de royauté.
Dans la main gauche, il tient une corne de bélier remplie de substances magiques (appelée ashe) et, dans la droite, un sceptre fait de perles et d'étoffes qui symbolisent sion autorité et son pouvoir.
La tête représente le quart de la hauteur totale de la statue, soit  des proportions caractéristiques de la sculpture d'Afrique occidentale







      " A l'époque, nul n'étudia le site, mais l'Oni conserva la plupart des têtes.
Le professeur William Bascom, qui est désormais directeur du Musée Robert H Lowie d'Anthropologie de l'Université de Californie à Berkeley, en acheta deux et un anglais qui travaillait pour un journal appartenant à un groupe britannique du Nigeria, le Daily Times, en acquit une autre. 
Les deux premières finirent par être restituées au Nigeria à l'instigation de l'Inspecteur des Antiquités, Kenneth Murray.
Quant à celle de Mr Bates, elle fut revendue à Sir Kenneth Clark (devenu depuis Lord Clark) qui en fit don au British Museum où on peut encore l'admirer.
A parrtir de 1938, l'Oni d'Ifé manifesta un certain intérêt pour ces oeuvres.
Chaque fois que l'on en trouvait en construisant une maison, en creusant dans une ferme ou en déplaçant de la terre pour une raison quelconque, on les portait au palais pour les placer sous bonne garde.
L'Oni commença à se rendre en personne dans les sanctuaires et les lieux sacrés où l'on conservait normalement les oeuvres et les ramena dans son Palais.

 47.  Tête XII è - XV ème s. Terre cuite  : h. 25cm 
                         Champ d'Iwinrin. Ifé. National Museum Lagos.
 Cette tête provient d'un champ situé en bordure d'ifé et qui recélait, à l'origine, un nombre important de sculptures en terre cuite parmi lesquelles figuraient plusieurs statues en pied grandeur nature mais a été conçue comme une pièce isolée Elle porte un bonnet analogue à celui des numéros 48 et 49.
La tête est en outre entourée d'un bandeau avec trois ornements semblables à des grelots (l'un d'entre eux a disparu) en relief au-dessus des sourcils.

 49. Tête qui représenterait l'usurpateur Lajuwa.
                                                       XIIè - XV ème siècle
 Palais de l'Oni Ifé. Museum of Ifé Antiquities.
Les sculptures en terre cuite d'ifé sont beaucoup plus nombreuses et variées, sur le plan du style et des sujets, que les fontes en métal.
Cette fine tête, conçue comme une pièce isolée, témoigne du soin particulier apporté à la texture des cheveux et au bonnet.
On raconte qu'elle n'a jamais quitté le palais royal et qu'elle représente l'usurpateur Lajuwa qui s'empara du trône à la mort  de l' Oni Aworokolokin.
Elle ressemble de très près aux têtes de Wunmonije Compound et présente les caractères typiques du style d'Ifé ; la paupière supérieure qui recouvre le coin de la paupière inférieure, le bord de la paupière supérieure souligné par une incision : les lèvres bordées d'une ligne en relief ; les commissures marquées en creux et les rainures autour du cou.

 53.
Même desciptif.    National Museum Lagos 
Comme beaucoup de têtes d'Ifé en terre cuite, cette pièce porte un trou dans le bonnet perlé dans lequel on mettait sans doute une crête, ou peut-être une plume d'aigrette.
Elle est dans un état particulièrement bon

 50. Tête de Reine
                           XII- XV ème s.
                                              Terre cuite 
                                   Ita Yemmoo.Ifé. Museum of Ifé Antiquities.
Cette tête, qui faisait initialement partie d'une statue en pied, est la plus raffinée de toutes les têtes en terre cuite qu' l'on ait trouvées jusqu'à présent à Ifé.
La couronne complexe à cinq étages ornée de perles indique qu'elle représente une reine.
Des traces de peinture rouge et blanche subsistent sur la couronne.
Il reste aussi de la peinture rouge sur les colliers, les lèvres, les oreilles et le front.
La couronne comportait une crête qui s'est brisée.

 " Ces oeuvres d'art constituèrent les premières pièces de la collection du Musée d'Ifé pour lequel l'Oni fit don d'un emplacement à l'intérieur même de son Palais.
Les premières fouilles scientifiques d'Ifé furent entreprises à Abiri en 1949.
Les plus fructueuses eurent lieu en 1953, sous la direction de Bernard Shaw et William Fagg et de John Goodwin qui passérent au crible les lieux sacrés d'Osangangan Obmakin, d'Olokun Walode et d'autres sites où ils découvrirent des fragments de sculptures complètes ensevelies avec d'autres objets de facture plus récente.
Cela leur permit de conclure qu'il s'agissait là de sites secondaires.
La principale fouille suivante fut menée en 1957 à Ita Yemoo ou furent mises à jour une série de sculptures cassées dont l'une représente une reine.
 ( ci-dessus) 
La découverte de ce site fut totalement accidentelle : en construisant un baraquement, des ouvriers trouvèrent un groupe de personnages en bronze  (44 et 46 ci-dessus).
 Le Département fédéral des Antiquitées invita Frank Willett à venir effectuer des fouilles scientifiques sur le site. Willett commença ses recherches au cours de la saison 1957-58 et découvrit,  à proximité de l'emplacement où les premiers bronzes avaient été mis à jour, des sculptures en terre cuite
 ( 50 ci-dessus) dans un sanctuaire dont les murs devaient être en torchis et le toit en chaume.
Le tout avait été vraisemblablement  dô être détruit par le feu lors d'hostilités"

                                                                      à suivre
     
         

dimanche 29 janvier 2017

L'art d'Ifé

 Nous avons vu les poteries de Nok, les bronzes de Igbo-Ukwu et nous passons maintenant aux magnifiques têtes en laiton ou en cuivre d'Ifé.



 41.  Masque qui représenterait l'Oni Obalufon. XII è - XV ème siècle.
Cuivre  : (près de 6 kg) h 29,5 cm Palais de l'Oni. Ifé. Museum of Ifé Antiquities
 Malgré son poids ce masque avec des fentes sous les yeux était clairement destiné à être porté. C'est une oeuvre remarquable en cuivre pur, métal particulièrement difficile à fondre  quand il n'est pas mélangé avec d'autres métaux. Pour obtenir une fonte aussi parfaite, on a dû fixer le moule sur le creuset contenant le métal afin que celui-ci puisse s'écouler en ayant le moins de contact possible avec l'air. Selon la yrdition, ce masque représenterait l'Oni Obalufon qui aurait introduit l'art de la fonte à Ifé.


   "Ifé ou plus excactement Ilé-Ifé est depuis des siècles une cité importante pour le peuple Yoruba.
Selon leur tradition d'origine, le grand Dieu Olodumare envoya sur terre seize dieux mineurs pour y amener la vie, dont Oduduwa, qui fonda Ifé et devint son premier roi ou "Oni".
On ne sait pas exactement quand  ce que nous appelons l'art d'Ifé  a commencé à se développer mais la datation par le carbone 14 fixe entre le XI ème et le XV ème siècle le plein essor de cet art.
Il est intéressant de noter qu'on a aussi trouvé sur les sites qui ont permis d'obtenir ces dates des pavés en tessons.
Selon la tradition, une femme Oni nommée Oluwo sortant avec tout ses joyaux pour se promener par un jour pluvieux fut aspergée de boue.
Cela la rendit tellement furieuse qu'elle donna l'ordre de paver de tessons tous les hauts lieux publics et religieux.
On trouve effectivement des pavés à travers tout Ifé.
On en a mis à jour en plusieurs endroits, notamment à Ita Yemoo, Lagofido, dans le pays Olabara et à Woye Asiri.
Il semble cependant qu'ils ne proviennent pas de rues mais plutôt de cours intérieures et de corridors 
Nous ignorons quand a été découverte le tête d'ifé qui se trouve actuellement au Brooklyn Museum.
Tout ce que nous savons, c'est que le British Museum en a reçu le moulage en plâtre en 1910.




                                  copie de la tête d'Olokun

L'histoire de ses pérégrinations entre Ifé et l'Amérique en passant par Londres reste mystérieuse.
Celui que l'on peut l'inventeur de l'art d'Ifé est Léo Frobenius, ethnologue allemand qui dirigera une série d'expéditions en Afrique au début du siècle.
Il avait entendu parler d'une cité ancienne où l'on vénérait la déesse de la mer
.


39.  Tête d'un Oni
Laiton à teneur en zinc Wunmonije Compound Ifé Museum of Ife Antiquities
Etant très féru de la Grèce, où existe le dieu de la mer, Poséidon, et de Rome, où il s'intéressa   donc à cette divinité africaine appelée Olikun.
Il arriva à Ifé en novembre 1910 pour se mettre à la recherche de cette fameuse tête d'Olokun.
La population d'Ifé lui apprit que les têtes sculptées étaient enterrées au pied d'arbres géants d'où on les exhumait quand on  en avait  besoin pour les rites.
Il passa un arrangement avec eux pour se rendre sur palce et faire des fouilles.
Dès qu'il vit la tête en bronze d'Olokun, il proposa de l'acheter pour six livres sterling plus une bouteille de Scotch et un verre. Ce haut fait parvint aux orilles de l'administrateur du district, Charles partridge, qui se rendit à ifé pour l'empêcher de sortir l'oeuvre du pays.
Frobenius la restitua à ses propriétaires et récupéra ses six livres (nul ne se souvient de ce qu'il advint du Scotch et du verre).
Il réussit quand même à quitter le Nigeria vec une quantité de têtes en terre cuite qui appartiennent désormais au für Völkerkunde de Berlin, en République fédérale d'Allemagne.




  40. Tête d'un Oni XIIè XV ème siècle
                                            Laiton à teneur en zinc h.29,5 cm
              Wunmonije Compound. Ifé Museum of Ifé Antiquities
 Ces têtes étaient utilisées lors des cérémonies de la seconde inhumation peu de temps après l'enterrement du roi.
Cette tête portait la couronne du roi défunt et était fixée sur un corps en bois par deux trous pratiqués  sous le cou. Le ruruel était destiné à montrer que, même si le roi était mort, le pouvoir continuait.
Après les avoir utilisées, on les ramenait sur un autel à l'intérieur du palais.
Au début du XIX ème siècle, le palais fut réduit et un complexe qui porte le nom de l'oni Wunmonije fut édifié sur le site.
 
Mais la tête d'Olokun décrite par Frobenius n'est plus représentée que par une copie.
Nul ne sait où se trouve l'original.
Il est possible qu'il se soit arrangé ultérieurement pour la faire remplacer par une copie."

                                                 à suivre
       
http://www.ankhonline.com/ankh_num_18_19_20/ankh_18_19_20_t_obenga_leo%20frobenius%20et%20l'afrique.pdf


samedi 28 janvier 2017

suite de l'art Igbo-Ukwu

 "Le site d'Igbo-Ukwu est celui qui a été étudié avec le plus de soin et qui a donné lieu au plus grand nombre de publications en Afrique.
De nombreuses années ont été consacrées à assembler les preuves en procédant à des anlyses chimiques et spectrographiques approfondies des matériaux.
Le site sur lequel Isiah Anozie avait  découvert ses premières pièces fut prospecté, de même qu'un autre site sur l'habitation de son frère, Richard Anozie, où d'autres bronzes furent dédouverts. En 1964, lorsque Shaw exerça à l'Université d'Ibadan, il ditigea une troisième fouille chez un autre frère Anozie, Jonah.
Les trois sites ont donc été baptisés Igbo Isaiah, Igbo Richard et Igbo Jonah.



  16. Pot sur pied dans un filet IXème-Xème siècle
                     Bronze à teneur en plomb h.32,3 cm
                        Igbo-Isaiah, Igbo-Ukwu. National Museum Lagos .
Cet élégant récipient a été mis à jour dans les vestiges d'un dépot rituel.
Techniquement, c'est la fonte la plus complexe d'Igbo-Ukwu.
Il se compose d'un pot à eau sphérique allongé fondu sur un pied ajouré tous deux recouverts d'un filet à doubles noeuds aux points de jonction.
La présence du pied, comme celle du piedestal du numéro 15, reflète peut-être une tradition qui a continué à se perpétuer  dans cette partie du Nigeria selon laquelle l'eau sacrée ne doit pas toucher la terre avant d'être utilisée dans les cérémonies rituelles.

   "C'est à Igbo-Ukwu qu'on a trouvé  les autres pièces du principal groupe de bronzes.
On voyait qu'initialement elles étaient disposées en rectangle très près de le surface ; on les avait laissées dans une petite construction spécialement destinée à cet effet, peut-être un autel, mais plus vraisemblablement un dépot d'objets rituels (fig4).
Sur le second site, Igbo Richard, on a découvert la chambre mortuaire d'une personnalité de haut rang.
Le corps avait été assis sur un tabouret.
Il portait une couronne, un plastron et des bracelets et tenait un éventail et un chasse-mouche:







 36. Igbo Richard,

 Manche du chasse-mouche retrouvé dans la chambre mortuaire.

 Le cheval et le cavalier ne sont pas rendus de façon naturaliste mais exécutés avec le même souci du détail décoratif que toutes les oeuvres d'Igbo-Ukwu.

Témoins, le costume et le harnachement du cavalier, sa coiffure, sa ceinture, sa bourse et le chasse-mouche qu'il tient dans la main droite, ainsi que l'ensemble des motifs variés qui ornent le cheval et le manche lui-même.


 National Museum de Lagos
















31
Pendentif représentant une tête humaine.
 IX ème-Xème siècle
Igbo Isaiah Igbo-Ukwu
National Museum, Lagos.

Cette petite tête est une des rares représentations humaines trouvées à Igko-Ukwu.
Elle fait partie de la même catégorie d'objets que les pendentifs représentant deux oeufs et des têtes d'animaux (n° 32,34) Les marques scarificatoires en relief ont une disposition que l'on retrouve sur le cavalier du numéro 36







34.- Pendentif représentant une tête d'éléphant

Ce pendentif en forme de tête d'éléphant arbore un motif décoratif losangique marqué par les lignes de granulations en relief.
la trompe et les défenses ont une courbure accentuée.
La comparaison de cette oeuvre  avec la tête d'éléphant de Nok (n° 13) démontre clairemet que les artistes d'Igbo-Ukwu rerésentaient les formes de la nature de manière schématique mais aussi selon une décoration très raffinée.


  " Ses bras avaient été soutenus par des supports métalliques plantés dans le sol. Une canne avec un crâne de léopard au sommet était posée derrière lui.
On a également retrouvé plus de dix mille perles dont certaines avaient dû orner ses vêtements.
Sur le toit de la chambre mortuaire, cinq corps au moins avaient été inhumés en sacrifice.
 Selon toute apparence, le mort était un personnage important.
Les Igbo actuels n'ont généralement pas de chef politique, mais un ou deux notables religieux.
L'un d'eux est le Eze-Nri.
Or, le site d'Igbo-Ukwu  se trouve dans cette région qur laquelle il exerce cette autorité religieuse.
Il est chargé de veiller à ce que le sol soit fertile et d'aider à trancher les conflits, notamment ceux qui concernent le système de transmission des titres.
Shaw ne pense cependant pas que ce soit la tombe d'un Eze Kri car on les enterrait assez simplement.
Il pense plutôt à un Ozo, détenteur d'un haut titre qu'on inhumait en grande pompe.

32-.  Pendentif aux deux oeufs (même descriptif) 
Ce pendentif insolite représente un oiseau posé sur deux gros oeufs réunis par un arc décoré.
Trois mouches sont représentées sur chaque oeuf .
L'oiseau regarde vers le bas d'un air protecteur.
 Ses ailes décrivent une vaste courbe loin du corps et se réunissent sous la queue.
Les yeux vigilants sont particulièrement proéminents.
Sur la face postérieure de chaque oeuf court, sur toute la longueur, une rangée de boucles auxquelles sont attachées des chaînettes de fer avec des perles et des grelots.

    "Le troisième site, Igbo Jonah, est une fosse ancienne dans laquelle on avait placé une poterie très décorative et donc sans doute rituelle, ainsi qu'une fine chaîne en cuivre, plusieurs bracelets, six ornements de bâton de commandements et plusieurs autres objets.
Où et comment les bronzes d'Igbo-Ukwu et leur technique ont pu être introduits dans cette société reste une  des énigmes de l'histoire de l'art nigerian.
Tous les objets retrouvés ont un dessin raffiné et sont réalisés avec une parfaite maîtrise du procédé de fonte à cire perdue.
Bien que ces oeuvres soient faites dans un alliage de cuivre d'étain et de plomb, on les nomme "bronzes" conformément à la tradition qui prévaut en histoire de l'art.
On parle également de "bronzes" pour les oeuvres en alliages de cuivre dans les environs immédiats.
On pense donc que la traite de ce métal était pratiquée depuis  l' Afrique du Nord, à travers le Sahara, et que l'étain provenait du plateau de Jos.
Ou bien alors que le cuivre, l'étain et le plomb étaient fondus en Afrique du Nord ou en Europe et ce bronze vendu par des marchands venus de l'autre côté du Sahara.
Lers perles avaient certainement une grande importance dans cette culture, car on en a  retrouvé plus de soixnte mille sur le seul site d'Igbo Asaiah.
Elles ont été analysées par des experts qui ont établi que leur composition ressemblait à celle des perles d'Ifé et qu'elles provenaient probablement du monde islamique. A l'époque, ces perles devaient valoir très cher ; les gens d'Igbo-Ukwu échangeaient sûrement les matières utilisées pour leur fabrication contre des esclaves, de l'ivoire, du poivre ou d'autres épices de la région forestière.

  On a daté Igbo-Ukwu du IX ème siècle mais l'une des datations indique le XV ème siècle.
Shaw pense que les quatre datations au carbone 14, qui indiquaient le IX ème siècle, se recoupaient et devaient être acceptées.
Cett date a été contestée par Babatunde Lawal qui pense que la citerne Igbo-Ukwu ne peut antérieure au XV ème siècle pour deux raisons : d'une part, à cause de l'état de conservation des textiles retrouvés avec les objets et d'autre part parce que les manilles ou bracelets trouvés sur le site n'ont été introduits comme monnaie en Afrique occidentale, par les Portugais qu'au XV è siècle.
Une tradition raconte néammoins qu'à l'époque, les populations qui vivaient dans le delta du Niger avaient déjà l'habitude de trouver des manilles dans le fleuve et avaient demandé aux Portugis de les copier.
Si la datation du IX è était confirmée, elle nous donnerait une vision tout à fait nouvelle de l'ouverture de l'Afrique sur le monde extérieur.
En effet, on a souvent affirmé que la ceinture forestière de l'Afrique occidentale était impénétrable jusqu'à l'arrivée des Européens.
Or, si la datation du IX ème siècle est fermement  établie, cela signifie que la région était ouverte au commerce avec le monde oriental, d'une part, mais aussi avec l'Europe méridionale de l'autre.


 37 et 38 mêmes lieux,  mêmes dates : médaillon serpentiforme et support de poterie

https://aaa.revues.org/284

 http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF01117219












vendredi 27 janvier 2017

L'Art Igbo-Ukwu

Nous quittons momentanément les poteries de Nok pour découvrir les superbes bronzes  d'Igbo-Ukwu.
L'art  de conter d'Ekpo Eyo fait partie du plaisir du récit :  la découverte, ses circonstances, l'analyse des oeuvres, leur devenir.....

 15. Vase sur piédestal.  IX ème - X ème siècle
                                                    Bronze à teneur en plomb.h 23,cm
             Présumé Igbo- Isaiah, Igbo-ukwu. National Museum .Lagos.
  Les motifs décoratifs du vase sont répétés sur le piédestal : une bande de triangles hachurés et une bande avec des représentations d'insectes (mantes, scarabées et criquets) et des spirales ajourées. La bande plus large, au centre du piédestal, est décorée par un dessin dense de losanges avec des cercles sur un fond granité.
Le récipient à été fondu en deux parties que l'on a assemblées à la bande centrale d'insectes et de spirales, par une nouvelle fonte.

         " Comme toutes les grandes découvertes archéologiques, l'art d'Igbo-Ukwu a été trouvé par hasard.
En 1938, Isaiah Anozie, habitant du village d'Igbo-Ukwu proche d'Akwa, au Nigeria oriental, creuse derrière sa maison une citerne pour collecter les eaux de pluie.
Dans cette région où règne pendant presque toute l'année, une grande sécheresse, on emmagasine souvent l'eau pendant la saison des pluies pour pouvoir l'utiliser plus tard en cas de besoin .
En creusant sa citerne, il tomba sur une série de bronze enfouis à une soixantaine de centimètres de profondeur.


 19. Bol. IX ème-Xème siècle Bronze à teneur en plomb : 26 cm  N M. Lagos
 Ce bronze est de ceux qui furent mis à jour à Igbo-ukwu en 1938.
 L'homme qui l'avait découvert, Isaiah Anozie, l'utilisa pour abreuver ses chèvres jusqu'à son acqusition en 1954, par Kenneth Murray, Directeur du Département fédéral des Antiquités.
Sa décoration, des bandes de motifs quadrilobés, de losanges, de pastilles et de listels, alternant avec des bandes unies, est typique de l'art Igbo-Ukwu.

   "Il ignorait la signification de ces bronzes, ses voisins également, mais ils en prirent tous des exemplaires parce que ils les considéraient comme une "bonne médecine". Encore six mois plus tard, l'administrateur britannique adjoint du district, J.O Field, lui acheta une quarantaine de pièces qu'il montra au Département fédéral des Antiquités.
Le Commissaire du district, F.W Carpenter, se rendit également sur le site et recueillit la plupart des pièces que les voisisns d'Isaiah Anozie s'étaient appopriées.
Carpenter sut reconnaître la valeur de ces bronzes et les envoya à Kenneth Murray qui était à l'époque  Inspecteur des Antiquités de Lagos.
Certaines furent expédiées au British Museum, à Londres, pour y être analysées.
Plus tard Murray se rendit lui-même sur place et récupéra d'autres pièces qu'on peut actuellement admirer dans les muéses nigerians.
Il estimait que le site devait faire l'objet de fouilles scientifiques, mais celles-ci ne commencérent qu'en 1958, sur les instances du Département fédéral des Antiquités, Bernard Fagg qui réussit à convaincre le professeur Thurstan Shaw de venir d'Angleterre pour les diriger.
Shaw travailla de novembre 1959 à février 1960.
 Tous les objets mis à jour sont demeurés la propriété du Département fédéral des Antiquités du Nigeria.

  27. Sommet de hampe.  IXè-Xème s. Bronze à teneur en plomb. 17,5 h

           Présumé Igbo-Ukwu Igbo Isaiah. National Museum de Lagos

Des oiseaux finement détaillés, des petites granulations et des perles de couleurs variées décorent ce grand ornement cylindrique conçu comme partie centrale de la hampe.
Plus de soixante mille perles ont été trouvées dans les fouilles d'Igbo Isaiah
26. Même descriptif
A l'origine, ce sommet de hampe devait être revêtu de perles de différentes couleurs enfilées dans des ouvertures pratiquées dans le métal pour former des lignes soulignant le motif décoratif complexe.
Quatre circonvolutions en forme de serpents tournés vers le haut et vers le bas, en alternance, constituent le détail le plus apparent de ce motif.
Il manque la partie centrale placée au sommet.

                                                                                       à suivre



jeudi 26 janvier 2017

suite de l'art Nok

 Après avoir suivi la lecture du texte d'Ekpo Eyo, je poursuivrai avec les textes de Frank Willett dans la deuxième partie du catalogue ; c'est une vision différente dont Ekpo Yepo nous avait d'ailleurs prévenu.
Je ferai en sorte qu'il n'y ai pas de "redite".
  Vous verrez il y a des récits dramatiques !......

                          Tête d'éléphant : - 500 avant J.C. - 200 ap J C Terre cuite
              Mine Agwazo près de Nassarawa. National Museum, Jos.
L'articulation de cou de cette tête d'éléphant, avec ses grandes oreilles, sa trompe striée et ses yeux stylisés typiquement Nok, suggère qu'elle était rattachée à une colonne vertébrale verticale, ce qui pourrait indiquer que l'animal était aussi assis sur son arrière-train.

    "En ce qui concerne leur religion, nous ne pouvons que nous livrer à des conjonctures.
Divers animaux sont représentés : un éléphant, des serpents, des singes, une tique , etc.
Ces représentations correspondent-elles à une simple description du monde dans lequel ils vivaient ou s'inscrivaient-ils dans un système de croyances ? Le professeur Frank Willett émet dans ce catalogue une hypothése qu'il formule avec uns certaine réserve ! ils avaient peut-être décidé de ne pas figurer les étres humains avec le même réalisme que les animaux parce que ils croyaient à la sorcellerie.
C'est plausible, mais la figuration détaillée des animaux peut également laisser supposer que ceux-ci jouaient un rôle important dans les croyances religieuses de ce peuple, comme c'est le cas pour nombre de civilisations dans le monde.
Le milieu naturel dans lequel cette culture est née n'est à l'heure actuelle pratiquement plus que savane. Il en allait  sans doute de même à l'époque, bien que l'on sache avec certitude que la région forestière du sud s'étendait autrefois beaucoup plus au nord.
Les débris végétaux retrouvés dans les dépôts humidifères permettent de supposer que la région était plus  boisée  qu'à l'heure actuelle ; mais d'autre part les débris végétaux de Nok ayant été trouvés dans les alluvions des lits de fleuves asséchés, on peut également présumer qu'ils provenaient d'arbres qui poussaient sur les rives où vivait ce peuple.

  Nous savons que c'était un peuple d'agriculteurs.
En effet, on a retrouvé plusieurs meules qui servaient à moudre le grain ainsi que deux fragments de terre cuite qui représentent une houe ou une hache placée sur l'épaule d'un cultivateur.
On a également trouvé dans les sédiments de Nok certaines oléagineuses appelées "atili" dans la région. Il est donc possible que les habitants de Nok cultivaient les plantes qui donnaient ces grains pour en extraire de l'huile.
Nous savons en outre que les artisans de ces oeuvres sont les plus anciens fondeurs de fer connus au sud du Sahara.
On a retrouvé des scories de fourneaux et des tuyères en terre prouvant qu'ils maîtrisaient très bien cette technique .
 Les pièces de Nok sont très raffinées.
Le choix et le traitement des personnages et des animaux obéissaient à des critères spéciaux et très complexes.
Les artistes savaient choisir la qualité d'argile appropriée, la mélanger avec les matières qui convenaient et cuire à la perfection les objets avec une solidité qui leur a permis de se conserver plus de deux mille ans.
De plus, ils étaient capables de traduire à la fois leurs concepts et les choses réelles qu'ils voyaient dans la nature en formes concrètes d'une grande puissance et d'une grande beauté.

   12.  Fragment avec personnage : 500 av J.C - 200 ap J C. Terre cuite Kutofo        National Museum Lagos.
  Ce peut-être un fragment cassé d'une poterie  ou un élément décoratif d'une plus grande oeuvre.
Il présente les caractéristiques typiques de l'art de Nok : yeux, narines et oreilles marqués par des trous ; profusion de perles sur les bracelets portés au-dessus du coude, anneaux de cheville et colliers ; coiffure élaborée avec des anneaux au sommet de la tête et des tresses sur les côtés.
La barbe saillante est aussi typisue.
Les colliers sont portés selon le même arrangement et comparés avec la disposition des bijoux sur certaines terres cuites et sur certains personnages en bronze d'Ifé.

 9. Homme agenouillé. 500 avant J.C - 200 apr J.C Terre cuite
                     Bwari près d'Abuja. National Museum. Lagos
En dépit de sa petite taille, ce personnage superbement détaillé illustre l'importance des bijoux dans la culture Nok.
 L'homme agenouillé semble littéralement ployer sous le poids de ses bracelets, de ses anneaux de cheville, de la lourde ceinture qu'il porte autour de la taille, du lourd collier qu'il a autour du cou et des multiples rangs raffinés de perles drapés sur sa poitrine et son dos.
La coiffure se compose de six petites coques et tresses en bas de la nuque.
Le trou percé de bout en bout près de la tête et de la taille suggère que ce personnage peut avoir été porté comme pendentif.

   "Le peuple qui a produit ces oeuvres aimait les ornements. Trois personnages en pied (9.10 et 12) montrent avec quelle profusion les perles étaient utilisées, tout comme à Ifé, plus tard.
Ils accordaient beaucoup de soin aux coiffures; le bandeau strié et les coques en sont de bons exemples.
Ils se paraient aussi abondamment de perles, on en a retrouvé des centaines en quartz, avec le matériel utilisé pour les fabriquer.
Ils employaient une technique très ingénieuse qui consistait à les meuler en forme de cylindres dans des rainures pratiquées dans la pierre et à percer les trous avec des outils en fer.
 Les oeuvres de Nok présentées dans cette exposition datent de 500 av J.C.
Cette datation ne doit pas être considérée comme absolue, dans la mesure où deux dates au moins ont montré que cette culture aurait pu avoir commencé dès l'an 900 avant J.C.
Si cette dernière datation n'est pas unanimement acceptée, c'est pout la simple raison qu'elle a été obtenue à partir de sculptures en terre cuite.
Or le style de ces sculptures est tellement raffiné qu'elles ont nécessité une longue maturation.
A mon avis, la quetion de savoir si la culture Nok peut être plus ancienne qu'on a tendance à le croire reste en suspens.







10. Femme portant une capuche
Milieu du V è siècle avant J
Terre cuite : provenance inconnue National Museum. Lagos.
 Autre statuette en pied, comme le numéro 9, d'un personnage féminin monté sur une base représentant une composition de deux visages, Janus, motif qu'on retrouve sur d'autres pieces Nok.
Le visage a des traits tout à fait Yoruba.
L'ensemble de la pièce a une ressemblance générale avec un masque "epa" utilisé à l'heure actuelle par les Yoruba d'Ekiti.

La femme dont les mains et les avant-bras ont disparu, portait un enfant contre la poitrine et la taille.

Sa tête est couverte d'une capuche qui devait être en peau d'animal et qui tombe dans le dos et est surmontée d'un petit bonnet.
Cette pièce a été datée par thermoluminescence environ du milieu du V è siècle av J.C.

Le professeur Willett insiste sur le rapport existant entre l'art Nok et celui d'Ifé sur lequel nous reviendrons ultérieurement.
Il pense que l'art d'ifé est dérivé de l'art de Nok par le biais d'un culture apparente ou par une autre origine commune, car tous deux produisaient des oeuvres en terre cuite, et en bronze pour Ifé, presque grandeur nature.
Il souligne également qu'il existe des ressemblances de style entre ces deux expressions artistiques.
Il est vrai que certaines oeuvres Nok sont, comme celles d'Ifé, assez naturalistes.
Quoi qu'il en soit, la plupart des objets, et ils sont nombreux, sont très stylisés.
S'il est difficile d'accepter la théorie de la filiation directe de l'art d'Ifé avec celui de Nok, c'est à cause de la distance qui les sépare tant dans l'espace que dans le temps.
Il me semble qu'il manque un maillon entre ces deux cultures sur lequel nous ignorons encore presque tout." 
                                                      Ekpo  Eyo

mercredi 25 janvier 2017

La culture de Nok

 Les dernières phrases de Colette Noll étaient une parfaite introduction à la première partie de l'exposition de 1984 "Trésors de l'Ancien Nigeria" : deux mille ans d'histoire pour cette culture  de Nok que Ekpo Eyo raconte .
Comment les choses ont-elles évoluées depuis 30 ans ?
Jean Devisse professeur d'Histoire  de l'Afrique à l'Université de Paris I, écrivait dans sa préface :
 "De belles expositions attendent nos descendants si le monde n'est pas saisi de folie".
Nous allons successivement voir la culture Nok suivi de celle d'Owo puis Igbo-Ukwu et Ifé puis revenir sur celle de Bénin au travers de cette exposition.
Reste à savoir  si d'autres fouilles sont en cours, si d'autres découvertes ont été faites, si Mr Ekpo Eyo est toujours Directeur des Musées Nationaux du Nigeria ?
Toujours est-il que si j'avais été fascinée par cet art, je redécouvre avec vous  ces oeuvres  en comprenant pourquoi j'avais été séduite  à cette époque.

J'espère qu'il en est de même pour vous, bien que je ne puisse vous restituer que des fragments de ce catalogue.

 En ce qui concerne les Crédits photos :


I. Tête : 500 ans avant J C -200 ap J C. Terre cuite h.36 cm
                 Rafin Kura, Nok. National Museum Lagos.
Les terres cuites de Nok sont les plus anciennes sculptures connues du Nigeria.
Elles datent au moins du milieu du 1er millénaire av J C.
Cette tête est la plus grande de Nok connue à l'heure actuelle.
Elle est presque grandeur nature et faisait partie d'une statue en pied.
Les yeux, les narines, la bouche et les oreilles percés sont typiques de la sculpture Nok.
Autre trait caractéristique : la forme triangulaire des yeux où le sourcil contrebalance la courbure de la paupière inférieure.
La coiffure élaborée se compose de plusieurs coques avec des trous dans lesquels était sans doute insérée une plume, et de trois rangs de perles, de fibres tressées ou peut-être d'une chaînette de fer, placés sur le haut du front.

                                                La culture de Nok.

       "Des estimations prudentes la date entre 500 av J C et 200 ap <J C
Elle a produit les premières sculptures en terre cuite connues d'Afrique sud-saharienne.
En fait, on ne parle de "culture de Nok" que depuis 1943, année où un administrateur civil stagiaire, Bernard Fagg, archéologue de formation et de goût,  se vit présenter une tête dont il comprit immédiatement l'importance archéologique
Cette tête avait été mise à jour par un ouvrier dans une mine d'étain qui l'avait emportée chez lui pour l'utiliser comme épouvantail.
Elle resta un an dans son champ d'ignames, jusqu'à ce que le directeur de la mine, F.H.Townsend, la remarque, l'achète et l'emporte à Jos.
En la regardant, Fagg décela une similitude de style avc une tête de singe qui avait été découverte à soixante-kilomètres de là en 1938 par le co-propriétaire d'une exploitation des mines d'étain de la région de Nok, le colonel J.Dent Young.
Young avait déposé cette pièce au musée des mines de Jos où elle était restée.
Presque aussitôt après avoir vu la seconde pièce, Fagg informa tous les mineurs qui travaillaient dans la région du plateau de Jos de la valeur historique de ces objets et leur demanda de le prévenir en cas de découvertes.
La première pièce ayant été trouvée près du petit village de Nok, qui ne figure d'ailleurs pas sur une carte courante du Nigeria, et puisqu'il est d'usage en archéologie, d'attribuer à une culture le nom du site où a été découvert le premier témoignage, Bernard Fagg donna à la culture qui avait profuit ces terres cuites, le nom de "culture Nok".

 Depuis 1943, plus de cent cinquante oeuvres de Nok ont été retrouvées, le plus souvent accidentellement, par des ouvriers qui travaillaient dans les mines d'étain de la vallée de Nok, à l'ouest du plateau de Jos (voir la carte), entourée de roches dont l'étain a été mis à nu et concentré sous l'action de l'eau dans les dépôts d'alluvions. Des fouilles conduites par Bernard et Angela Fagg et Robert Soper ont également permis d'exhumer d'autres oeuvres.
Même si l'essentiel reste enc ore inconnu, nous pouvons donc tout de même déjà assembler et recouper quelques données sur cette culture. Première constation: la culture et l'art qui li est associé ne représentent apparemment pas le début d'une tradition.
En effet, cet art est si complexe et si raffiné qu'il ne peut avoir été produit au tout début d'une culture naissante.
Il s'agit donc d'un art en pleine évolution.
Où et comment a-t-il pris naissance ? Nous l'ignorons. Un jour peut-être, la culture ancienne qui a donné naissance à celle de Nok pourra-t-elle être découverte. Les oeuvres de Nok présentent une série de caractéristiques communes dont les plus frappantes sont le traitement des yeux et les perforations des narines et des oreilles. Par ailleurs, elles ont été trouvées sur une très vaste surface : elles étaient réparties à travers une superficie de quatre cent quatre-vingts kilomètres sur cent soixante, au nord du confluent de la rivière Bénoué et du fleuve Niger.
Tout cela permt de supposer que ce peuple vivait en une société hiérarchiquement structurée avec un pouvoir politique ou religieux central.
Nous ne savons pas grand-chose sur les institutions politiques de cette civilisation et l'absence de traditions orales limite d'autant les suppositions.
Bernard Fagg a cependant émis l'hypothèse qu'ils auraient pu être les porte-paroles des proto-Bantous (tels qu'ils ont été définis par Joseph Greenberg) qui se sont ultérieurement disséminés à travers toute l'Afrique du Centre et du Sud.
Cette région du centre du Nigeria est actuellement occupée par une variété de groupes dont certains sont très restreints et d'autres très importants..............

                                                                           à suivre
 la Tête ci-dessus :
5. Fin du IV ème siècle avant J.C. Jemaa-Kafanchan Road. National Museum Lagos
Cette élégante tête cylindrique a été datée par thermoluminescence de la fin du IV ème siècle a J C.
Au sommet il reste une partie de la main gauche tenant un objet.
Le dos de cette sculpture n'est pas travaillé, ce qui indique qu'elle devait être fixée sur un bâtiment ou un autel.

 https://books.google.fr/books?id=sdjfwGxt0e0C&pg=PA167&lpg=PA167&dq=proto+bantous+joseph+Greenberg&source=bl&ots=LVMJFu8uRs&sig=xSB29CREUov2r2P3STeoxyz3vUU&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjn2-aBkt3RAhWJ2xoKHcHRB_IQ6AEINjAD#v=onepage&q=proto%20bantous%20joseph%20Greenberg&f=false

mardi 24 janvier 2017

suite de l'Art de Bénin















Manche de Chasse-Mouches. XVIII ème s

Ivoire. 34,5cm de long : larg,5,5cm

ancienne collection Louis Carré.

Le chasse -mouches est l'un des attributs de dignité de l'Oba.

Ce manche est surmonté de la figure de l'Oba en pied en tenue de cérémonie avec la coiffure perlée aux filets latéraux terminés par des glands de grosses perles et au sautoir de perles, croisé sur la poitrine.

La partie inférieure, évidée jusqu'à la hauteur des pieds de l'Oba, est percée de trous aménagés pour la fixation des crins du chasse-mouches.


( on parle maintenant de la trompe en ivoire de l'article précédent )

       "Celle-ci, l'une des pièces africaines les plus anciennement entrées dans les collections françaises, puisqu'elle faisait partie des Cabinets royaux ou Collections de la Couronne au XVII ème siècle, appartient à la série des ivoires sculptés au XVI ème siècle par des artistes Bini sur la commande de notables portugais : sa forme et son décor sont cependant les plus africains parmi ces ivoires "afro-portugais".
Elle témoigne des relatios peu connues d'ailleurs, qui pouvaient exister au siècle de Louis XIV entre la cour de France et celle de Bénin, ainsi que des royaumes d'Assinie et du Congo.
Cette oeuvre rappelle donc le caractère essentiellement historique de l'art de Bénin qu'a pu occulter en France, une vision esthétique transcendentale jointe au faible nombre d'objets collectés.
C'est en effet par l'art de Bénin, qui n'était pourtant qu'un aboutissement, que l'on commença en Europe, à prendre conscience d'une histoire africaine : des oeuvres pouvaient enfin être datées ou tout au moins faire référence à des événements historiques.


V. Défense d'autel Royal : XVII ème s

 Ivoire ;156 cm sur 13 cm à sa base.

 ancienne collection J Epstein.

Véritable historiographie sculptée,  l'ensemble des figures relate, de manière allusive, à la fois la généalogie et les faits qui ont marqué la dynastie des Oba, ainsi que leurs emblèmes ; le léopard, l'épée cérémonielle, haches de pierre polie ou "pierres de foudre".
L'un des Oba du XIV ème. s, aux membres inférieurs paralysés que l'on disait être l'incarnation d'Olokun, y est figuré avec les jambes en forme de dipneuste ou poisson de vase.
L'on y voit également représenté nombre de dignitaires, cavaliers ou soldats portugais dont l'un tient des manilles.
La base est cerclée d'un large entrelac.
Cette défense, de dimensions exceptionnelles, ne devait sans doute pas être insérée dans une tête royale, mais déposée sur l'autel, à côté d'elle, pour témoigner de la munificence de l'Oba et du talent des sculpteurs à son service.

   "C'est cependant l'un des paradoxes de l'art de Bénin qu'en dépit d'un riche corpus connu au tout début du XXème siècle, cette connaissance ne pouvait reposer sur des bases historiques et archéologiques.
Les circonstances même de la diffusion de cet art, à partir d'une déportation massive vers l'Europe, jointes à des techniques scientifiques de datation et d'analyses inexistantes ou à leur début, laissaient ouverts bien des problèmes le concernant ainsi que viennent de l'évoquer MM. Eyo et Frank Willet.
L'un des plus importants est celui de l'introduction à Bénin de la technique de fonte du bronze / laiton  et des premiers modèles."

  I. Plaque à la tête de crocodile.  Fin XVIème - XYII ème s . Bénin.
        h  : 46cm, large29 cm. Bronze
                               ancienne collection Fr. Wolff-Kniz.

Sur cette plaque que l'on peut mettre en parallèle avec celle du Musée de Lagos la tête du crocodile et seule représentée, coupée au ras du cou, sur un fond identique de rosaces et pointillé : le sommet et l'arête médiane sont soulignés de grosses écailles figurées en relief ovoïde.
Le crocodile qui figure sur les masques pendentifs de ceinture portés par les chefs est la victime propitiatoire par excellence sacrifiée à Olokun, dieu de la Mer et de la Prospérité.
Il symbolisait également le pouvoir du Roi-Dieu.

 http://www.africa.com/countries/nigeria/museum-guide/


   " Il n'est plus aussi certain qu'à Bénin n'aient pas existé, en même temps qu'à Ilé-Ifé, certaines formes d'art.
Problème de chronologie également.
Celle-ci reposait jusqu'ici il faut bien le dire, davantage sur la tradition orale et des repères stylistiques comparatifs que sur des découvertes archéologiques "in situ" qui n'en sont guère qu'à leur début et dont Graham Connah a établi un premier bilan en 1975.
La chronologie théorique, s'appuyait sur une analyse stylistique mais également scientifique des alliages employés.
Sur la base d'analyses effectuées il y a plus de 50 ans, il avait tout d'abord été admis (W.Fagg, F. Willet, 1963-1964) que les oeuvres anciennes de Bénin étaient en laiton, aors que les plus récentes étaient en bronze contenant de l'étain.

  IX.  Clochette-pendentif fin XVII ème- XVIII ème siècle. Bénin.

                   Laiton avec 22 à 24% de zinc h 16,6 cm larg. 9,5 cm
La clochette quadrangulaire, évasée à la base, était l'attribut non pas de l'Oba mais des guerriers de sa suite, ou plutôt qui le précédaient, armés du glaive, de la lance et du bouclier, pour annoncer son arrivée.
Elle est représentée sur nombre de plaques personnages sculptés sur les défenses d'ivoire.
Le motif du crocodile happant un poisson, traité dans un style identique figure sur une plaque du Museum of Mankind, à Londres.

https://www.britishmuseum.org/about_us/departments/africa,_oceania,_americas/history_of_the_collection.aspx

    "De nouvelles analyses portant sur 30 spécimens du Musée de l'Université et 35 du Musée de Bénin, ont été menées depuis à l'Université de Cambridge. 
Sur ces 65 pièces, seules deux qui, selon la chonologie précédente, auraient été de la période "tardive"  ou "moyenne" sont en bronze, toutes les autres sont en laiton .
Au surplus, des objets, manilles et bracelets, récoltés sur les sites de Bénin ( Clerk's Quarter) et datés du XV ème ciècle, sont tous en bronze.
La question reste donc ouverte qui ourra être partiellement résolue par la poursuite des fouilles "in situ" à Bénin .
Mais aussi par tout apport au corpus des anlyses des oeuvres, dans la mesure où certains caractères stylistiques ne peuvent laisser de doute quant à leur datation limite. Tel est le cas de têtes commémoratives d'Oba, où l'on sait que certains détails appendiciels ont été introduits à des dates précises.
Aussi avons-nous souhaité, dans le cadre modeste de notre participation à cette brillante exposition, faire oeuvre utile en ce domaine  en associant à nos recherches le Laboratoire des Musées de france qui a procédé à l'analyse, par spectrométrie d'émission dans l'ultra-violet, de quatre des oeuvres présentées (numéros III.IV.VIII. IX ), datées en principe du XVIII ème et du XIX ème siècle.
Sans entrer dans les détails de cette étude qui fera l'objet d'une publication ultérieure, les analyses effetuées ont montré que les quatre pièces sont des laitons relativement purs, où le plomb n'entre que dans une proportion allant de 1,70 à 2;90 %  et l'étain de 0,012 à0,4 %


 XI. Figure d'Onile. Laiton
Période indéterminée ; anc.colle, R Rasmussen

  Beaucoup plus petite que l'Onile du Musée de Lagos, cette figure de femme agenouillée représente de même l'Esprit de la terre à laquelle les membres de la Société Ogboni vouent un culte.

La fugurine porte sur le front deux demi-cercles opposés, marque distinctive de cette société.

L'anneau au sommet de la tête laisse supposer que la figurine était portée en pendentif par l'un des membres éminents de cette société très fermée qui jouit, entre autres, d'un pouvoir de juridiction.
Les yeux saillants et prismatiques sont l'un des caractères propres aux sculptures exécutées pour la société Ogboni.

Les figures d'Onile sont en nombre relativement restreint, dans quelques collections privées ; certaines peuvent dater du XYIII ème siècle



" Notre propos était, par ce bref historique des collections françaises de Bénin, d'intégrer dans le cadre d'une exposition où l'histoire de l'art africain se développe sur plus de deux mille ans, des oeuvres qui, considérées à l'origine en France selon une vision synchronique, très eurocentriste, doivent au contraire être actuellement des points de repères qui serviront et enrichiront la connaissance de l'histoire de l'Afrique et de ses arts."
                                                                                           Colette Noll