Manche de Chasse-Mouches. XVIII ème s
Ivoire. 34,5cm de long : larg,5,5cm
ancienne collection Louis Carré.
Le chasse -mouches est l'un des attributs de dignité de l'Oba.
Ce manche est surmonté de la figure de l'Oba en pied en tenue de cérémonie avec la coiffure perlée aux filets latéraux terminés par des glands de grosses perles et au sautoir de perles, croisé sur la poitrine.
La partie inférieure, évidée jusqu'à la hauteur des pieds de l'Oba, est percée de trous aménagés pour la fixation des crins du chasse-mouches.
( on parle maintenant de la trompe en ivoire de l'article précédent )
"Celle-ci, l'une des pièces africaines les plus anciennement entrées dans les collections françaises, puisqu'elle faisait partie des Cabinets royaux ou Collections de la Couronne au XVII ème siècle, appartient à la série des ivoires sculptés au XVI ème siècle par des artistes Bini sur la commande de notables portugais : sa forme et son décor sont cependant les plus africains parmi ces ivoires "afro-portugais".
Elle témoigne des relatios peu connues d'ailleurs, qui pouvaient exister au siècle de Louis XIV entre la cour de France et celle de Bénin, ainsi que des royaumes d'Assinie et du Congo.
Cette oeuvre rappelle donc le caractère essentiellement historique de l'art de Bénin qu'a pu occulter en France, une vision esthétique transcendentale jointe au faible nombre d'objets collectés.
C'est en effet par l'art de Bénin, qui n'était pourtant qu'un aboutissement, que l'on commença en Europe, à prendre conscience d'une histoire africaine : des oeuvres pouvaient enfin être datées ou tout au moins faire référence à des événements historiques.
V. Défense d'autel Royal : XVII ème s
Ivoire ;156 cm sur 13 cm à sa base.
ancienne collection J Epstein.
Véritable historiographie sculptée, l'ensemble des figures relate, de manière allusive, à la fois la généalogie et les faits qui ont marqué la dynastie des Oba, ainsi que leurs emblèmes ; le léopard, l'épée cérémonielle, haches de pierre polie ou "pierres de foudre".
L'un des Oba du XIV ème. s, aux membres inférieurs paralysés que l'on disait être l'incarnation d'Olokun, y est figuré avec les jambes en forme de dipneuste ou poisson de vase.
L'on y voit également représenté nombre de dignitaires, cavaliers ou soldats portugais dont l'un tient des manilles.
La base est cerclée d'un large entrelac.
Cette défense, de dimensions exceptionnelles, ne devait sans doute pas être insérée dans une tête royale, mais déposée sur l'autel, à côté d'elle, pour témoigner de la munificence de l'Oba et du talent des sculpteurs à son service.
"C'est cependant l'un des paradoxes de l'art de Bénin qu'en dépit d'un riche corpus connu au tout début du XXème siècle, cette connaissance ne pouvait reposer sur des bases historiques et archéologiques.
Les circonstances même de la diffusion de cet art, à partir d'une déportation massive vers l'Europe, jointes à des techniques scientifiques de datation et d'analyses inexistantes ou à leur début, laissaient ouverts bien des problèmes le concernant ainsi que viennent de l'évoquer MM. Eyo et Frank Willet.
L'un des plus importants est celui de l'introduction à Bénin de la technique de fonte du bronze / laiton et des premiers modèles."
I. Plaque à la tête de crocodile. Fin XVIème - XYII ème s . Bénin.
h : 46cm, large29 cm. Bronze
ancienne collection Fr. Wolff-Kniz.
Sur cette plaque que l'on peut mettre en parallèle avec celle du Musée de Lagos la tête du crocodile et seule représentée, coupée au ras du cou, sur un fond identique de rosaces et pointillé : le sommet et l'arête médiane sont soulignés de grosses écailles figurées en relief ovoïde.
Le crocodile qui figure sur les masques pendentifs de ceinture portés par les chefs est la victime propitiatoire par excellence sacrifiée à Olokun, dieu de la Mer et de la Prospérité.
Il symbolisait également le pouvoir du Roi-Dieu.
http://www.africa.com/countries/nigeria/museum-guide/
" Il n'est plus aussi certain qu'à Bénin n'aient pas existé, en même temps qu'à Ilé-Ifé, certaines formes d'art.
Problème de chronologie également.
Celle-ci reposait jusqu'ici il faut bien le dire, davantage sur la tradition orale et des repères stylistiques comparatifs que sur des découvertes archéologiques "in situ" qui n'en sont guère qu'à leur début et dont Graham Connah a établi un premier bilan en 1975.
La chronologie théorique, s'appuyait sur une analyse stylistique mais également scientifique des alliages employés.
Sur la base d'analyses effectuées il y a plus de 50 ans, il avait tout d'abord été admis (W.Fagg, F. Willet, 1963-1964) que les oeuvres anciennes de Bénin étaient en laiton, aors que les plus récentes étaient en bronze contenant de l'étain.
IX. Clochette-pendentif fin XVII ème- XVIII ème siècle. Bénin.
Laiton avec 22 à 24% de zinc h 16,6 cm larg. 9,5 cm
La clochette quadrangulaire, évasée à la base, était l'attribut non pas de l'Oba mais des guerriers de sa suite, ou plutôt qui le précédaient, armés du glaive, de la lance et du bouclier, pour annoncer son arrivée.
Elle est représentée sur nombre de plaques personnages sculptés sur les défenses d'ivoire.
Le motif du crocodile happant un poisson, traité dans un style identique figure sur une plaque du Museum of Mankind, à Londres.
https://www.britishmuseum.org/about_us/departments/africa,_oceania,_americas/history_of_the_collection.aspx
"De nouvelles analyses portant sur 30 spécimens du Musée de l'Université et 35 du Musée de Bénin, ont été menées depuis à l'Université de Cambridge.
Sur ces 65 pièces, seules deux qui, selon la chonologie précédente, auraient été de la période "tardive" ou "moyenne" sont en bronze, toutes les autres sont en laiton .
Au surplus, des objets, manilles et bracelets, récoltés sur les sites de Bénin ( Clerk's Quarter) et datés du XV ème ciècle, sont tous en bronze.
La question reste donc ouverte qui ourra être partiellement résolue par la poursuite des fouilles "in situ" à Bénin .
Mais aussi par tout apport au corpus des anlyses des oeuvres, dans la mesure où certains caractères stylistiques ne peuvent laisser de doute quant à leur datation limite. Tel est le cas de têtes commémoratives d'Oba, où l'on sait que certains détails appendiciels ont été introduits à des dates précises.
Aussi avons-nous souhaité, dans le cadre modeste de notre participation à cette brillante exposition, faire oeuvre utile en ce domaine en associant à nos recherches le Laboratoire des Musées de france qui a procédé à l'analyse, par spectrométrie d'émission dans l'ultra-violet, de quatre des oeuvres présentées (numéros III.IV.VIII. IX ), datées en principe du XVIII ème et du XIX ème siècle.
Sans entrer dans les détails de cette étude qui fera l'objet d'une publication ultérieure, les analyses effetuées ont montré que les quatre pièces sont des laitons relativement purs, où le plomb n'entre que dans une proportion allant de 1,70 à 2;90 % et l'étain de 0,012 à0,4 %
XI. Figure d'Onile. Laiton
Période indéterminée ; anc.colle, R Rasmussen
Beaucoup plus petite que l'Onile du Musée de Lagos, cette figure de femme agenouillée représente de même l'Esprit de la terre à laquelle les membres de la Société Ogboni vouent un culte.
La fugurine porte sur le front deux demi-cercles opposés, marque distinctive de cette société.
L'anneau au sommet de la tête laisse supposer que la figurine était portée en pendentif par l'un des membres éminents de cette société très fermée qui jouit, entre autres, d'un pouvoir de juridiction.
Les yeux saillants et prismatiques sont l'un des caractères propres aux sculptures exécutées pour la société Ogboni.
Les figures d'Onile sont en nombre relativement restreint, dans quelques collections privées ; certaines peuvent dater du XYIII ème siècle
" Notre propos était, par ce bref historique des collections françaises de Bénin, d'intégrer dans le cadre d'une exposition où l'histoire de l'art africain se développe sur plus de deux mille ans, des oeuvres qui, considérées à l'origine en France selon une vision synchronique, très eurocentriste, doivent au contraire être actuellement des points de repères qui serviront et enrichiront la connaissance de l'histoire de l'Afrique et de ses arts."
Colette Noll
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