jeudi 26 janvier 2017

suite de l'art Nok

 Après avoir suivi la lecture du texte d'Ekpo Eyo, je poursuivrai avec les textes de Frank Willett dans la deuxième partie du catalogue ; c'est une vision différente dont Ekpo Yepo nous avait d'ailleurs prévenu.
Je ferai en sorte qu'il n'y ai pas de "redite".
  Vous verrez il y a des récits dramatiques !......

                          Tête d'éléphant : - 500 avant J.C. - 200 ap J C Terre cuite
              Mine Agwazo près de Nassarawa. National Museum, Jos.
L'articulation de cou de cette tête d'éléphant, avec ses grandes oreilles, sa trompe striée et ses yeux stylisés typiquement Nok, suggère qu'elle était rattachée à une colonne vertébrale verticale, ce qui pourrait indiquer que l'animal était aussi assis sur son arrière-train.

    "En ce qui concerne leur religion, nous ne pouvons que nous livrer à des conjonctures.
Divers animaux sont représentés : un éléphant, des serpents, des singes, une tique , etc.
Ces représentations correspondent-elles à une simple description du monde dans lequel ils vivaient ou s'inscrivaient-ils dans un système de croyances ? Le professeur Frank Willett émet dans ce catalogue une hypothése qu'il formule avec uns certaine réserve ! ils avaient peut-être décidé de ne pas figurer les étres humains avec le même réalisme que les animaux parce que ils croyaient à la sorcellerie.
C'est plausible, mais la figuration détaillée des animaux peut également laisser supposer que ceux-ci jouaient un rôle important dans les croyances religieuses de ce peuple, comme c'est le cas pour nombre de civilisations dans le monde.
Le milieu naturel dans lequel cette culture est née n'est à l'heure actuelle pratiquement plus que savane. Il en allait  sans doute de même à l'époque, bien que l'on sache avec certitude que la région forestière du sud s'étendait autrefois beaucoup plus au nord.
Les débris végétaux retrouvés dans les dépôts humidifères permettent de supposer que la région était plus  boisée  qu'à l'heure actuelle ; mais d'autre part les débris végétaux de Nok ayant été trouvés dans les alluvions des lits de fleuves asséchés, on peut également présumer qu'ils provenaient d'arbres qui poussaient sur les rives où vivait ce peuple.

  Nous savons que c'était un peuple d'agriculteurs.
En effet, on a retrouvé plusieurs meules qui servaient à moudre le grain ainsi que deux fragments de terre cuite qui représentent une houe ou une hache placée sur l'épaule d'un cultivateur.
On a également trouvé dans les sédiments de Nok certaines oléagineuses appelées "atili" dans la région. Il est donc possible que les habitants de Nok cultivaient les plantes qui donnaient ces grains pour en extraire de l'huile.
Nous savons en outre que les artisans de ces oeuvres sont les plus anciens fondeurs de fer connus au sud du Sahara.
On a retrouvé des scories de fourneaux et des tuyères en terre prouvant qu'ils maîtrisaient très bien cette technique .
 Les pièces de Nok sont très raffinées.
Le choix et le traitement des personnages et des animaux obéissaient à des critères spéciaux et très complexes.
Les artistes savaient choisir la qualité d'argile appropriée, la mélanger avec les matières qui convenaient et cuire à la perfection les objets avec une solidité qui leur a permis de se conserver plus de deux mille ans.
De plus, ils étaient capables de traduire à la fois leurs concepts et les choses réelles qu'ils voyaient dans la nature en formes concrètes d'une grande puissance et d'une grande beauté.

   12.  Fragment avec personnage : 500 av J.C - 200 ap J C. Terre cuite Kutofo        National Museum Lagos.
  Ce peut-être un fragment cassé d'une poterie  ou un élément décoratif d'une plus grande oeuvre.
Il présente les caractéristiques typiques de l'art de Nok : yeux, narines et oreilles marqués par des trous ; profusion de perles sur les bracelets portés au-dessus du coude, anneaux de cheville et colliers ; coiffure élaborée avec des anneaux au sommet de la tête et des tresses sur les côtés.
La barbe saillante est aussi typisue.
Les colliers sont portés selon le même arrangement et comparés avec la disposition des bijoux sur certaines terres cuites et sur certains personnages en bronze d'Ifé.

 9. Homme agenouillé. 500 avant J.C - 200 apr J.C Terre cuite
                     Bwari près d'Abuja. National Museum. Lagos
En dépit de sa petite taille, ce personnage superbement détaillé illustre l'importance des bijoux dans la culture Nok.
 L'homme agenouillé semble littéralement ployer sous le poids de ses bracelets, de ses anneaux de cheville, de la lourde ceinture qu'il porte autour de la taille, du lourd collier qu'il a autour du cou et des multiples rangs raffinés de perles drapés sur sa poitrine et son dos.
La coiffure se compose de six petites coques et tresses en bas de la nuque.
Le trou percé de bout en bout près de la tête et de la taille suggère que ce personnage peut avoir été porté comme pendentif.

   "Le peuple qui a produit ces oeuvres aimait les ornements. Trois personnages en pied (9.10 et 12) montrent avec quelle profusion les perles étaient utilisées, tout comme à Ifé, plus tard.
Ils accordaient beaucoup de soin aux coiffures; le bandeau strié et les coques en sont de bons exemples.
Ils se paraient aussi abondamment de perles, on en a retrouvé des centaines en quartz, avec le matériel utilisé pour les fabriquer.
Ils employaient une technique très ingénieuse qui consistait à les meuler en forme de cylindres dans des rainures pratiquées dans la pierre et à percer les trous avec des outils en fer.
 Les oeuvres de Nok présentées dans cette exposition datent de 500 av J.C.
Cette datation ne doit pas être considérée comme absolue, dans la mesure où deux dates au moins ont montré que cette culture aurait pu avoir commencé dès l'an 900 avant J.C.
Si cette dernière datation n'est pas unanimement acceptée, c'est pout la simple raison qu'elle a été obtenue à partir de sculptures en terre cuite.
Or le style de ces sculptures est tellement raffiné qu'elles ont nécessité une longue maturation.
A mon avis, la quetion de savoir si la culture Nok peut être plus ancienne qu'on a tendance à le croire reste en suspens.







10. Femme portant une capuche
Milieu du V è siècle avant J
Terre cuite : provenance inconnue National Museum. Lagos.
 Autre statuette en pied, comme le numéro 9, d'un personnage féminin monté sur une base représentant une composition de deux visages, Janus, motif qu'on retrouve sur d'autres pieces Nok.
Le visage a des traits tout à fait Yoruba.
L'ensemble de la pièce a une ressemblance générale avec un masque "epa" utilisé à l'heure actuelle par les Yoruba d'Ekiti.

La femme dont les mains et les avant-bras ont disparu, portait un enfant contre la poitrine et la taille.

Sa tête est couverte d'une capuche qui devait être en peau d'animal et qui tombe dans le dos et est surmontée d'un petit bonnet.
Cette pièce a été datée par thermoluminescence environ du milieu du V è siècle av J.C.

Le professeur Willett insiste sur le rapport existant entre l'art Nok et celui d'Ifé sur lequel nous reviendrons ultérieurement.
Il pense que l'art d'ifé est dérivé de l'art de Nok par le biais d'un culture apparente ou par une autre origine commune, car tous deux produisaient des oeuvres en terre cuite, et en bronze pour Ifé, presque grandeur nature.
Il souligne également qu'il existe des ressemblances de style entre ces deux expressions artistiques.
Il est vrai que certaines oeuvres Nok sont, comme celles d'Ifé, assez naturalistes.
Quoi qu'il en soit, la plupart des objets, et ils sont nombreux, sont très stylisés.
S'il est difficile d'accepter la théorie de la filiation directe de l'art d'Ifé avec celui de Nok, c'est à cause de la distance qui les sépare tant dans l'espace que dans le temps.
Il me semble qu'il manque un maillon entre ces deux cultures sur lequel nous ignorons encore presque tout." 
                                                      Ekpo  Eyo

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