lundi 23 janvier 2017

suite de l'Art de Benin

J'en termine avec cette plaquette car le catalogue de cette fameuse exposition du Grand Palais nous entraînera vers d'autres cultures, comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous.



 ....  " Il leur rappelait trop le naturalisme académique contre lequel ils voulaient réagir.
Cart Einstein en 1922 dans "Afrikanische Plastik" met en évidence cet aspect ; "cet art est celui qui nous est le plus accessible ; l'Européen de culture moyenne y trouve un naturalisme assez puissant et il éprouve un certain plaisir à en admirer la technique et l'habileté d'exécution"
Selon Jean Laude "les bronzes du Bénin, qui avaient suscité en 1898, l'étonnement de l'Europe et avait fait l'objet d'une abondante littérature, ne semblent pas avoir conquis, au moins immédiatement l'estime des artistes".
Ainsi l'exposition "Arts primitifs dans les ateliers d'artistes" qui eut lieu en 1987 au Musée de l' Homme ne comprenait qu'une seule oeuvre de Bénin, d'époque tardive, ayant appartenu à André Derain
Celui-ci fut un des rares artistes à posséder de nombreuses oeuvres de Bénin, et n'acquit d'ailleurs sa collection de "bronzes" qu'à partir de 1933, lorsqu'il "épura" son Musée imaginaire, qui comprit alors cette seconde série dont parle Jean Laude, série qui comporte "douze bronzes : plaques et animaux et statues du Bénin, kuduo ashanti, un bracelet de cheville du Gabon et des petites cires perdues de la Côte d'Ivoire .

VIII. Masque de ceinture. Probablement fin XVII ème siècle - XVIII ème siècle.
Laiton avec 20% de zinc ; ancienne collection Derain.
 A la différence des oeuvres précédentes et du masque en ivoire, le masque de ceinture en laiton n'est pas réservé à l'Oba, mais peut être porté par ses vassaux, chefs locaux qui lui rendent tribut.
Il représente le plus souvent la tête d'un ennemi vaincu ou celle d'un léopard, animal royal dont le porteur s'assimile la force.
Ce masque figure un notable portugais coiffé du casque-morion à arête centrale et bords relevés, portant une barbe en collier.
L'oeuvre est empreinte de raffinement et d'une certaine élégance dans sa stylisation.
Sur les personnages de nombreuses plaques, ou défenses sculptées, l'on peut voir de tels masques portés à la ceinture. (revoir la figure II, article précédent)
Sur ce masque, seul l'anneau supérieur est en bronze (avec 7 % de plomb) et il a été coulé à part.

    "Il ne semble pas que Picasso ait particulièrement sollicité, à l'époque des "Demoiselles d'Avignon" et même plus tard, la solution offerte par l'art de Bénin à ses recherches de nouveaux agencements formels, mais plutôt celle offerte par certains masques de Guinée, du Gabon ou des statues Fang.
La tête d'Oba présentée ici (photo IV article précédent) ne fut acquise par Picasso à Louis Carré qu'à la fin  de la dernière guerre, et l'on ignore sous quel angle de vision il la considérait. C'est une oeuvre tardive, surchargée, baroque, d'un dessin peu ferme et presque hésitant.
Mais ce sont peut-être ces exagérations mêmes du style de Bénin qui ont retenu son attention ; à la hauteur du collier où la tête est enfoncée jusqu'à la bouche, les prolongements de files de perles devant le visage aux traits figés, aux yeux exhorbités, la surcharge des ailettes de la coiffure.

Les provenances des collections présentées ici confirment l'optique résolument esthétique qui présida à leur collecte.
L'on y retrouve, avec ceux de Derain et Picasso, les noms de Louis Carré, René Rasmussen, Charles Ratton, Jacob Epstein.
Seules trois oeuvres ont été acheminées plus ou moins directement du Nigeria dans des musées : un brassard en ivoire au British Museum (ci-dessous), une tête d'Oba ( Fig III article précédent) qui la reversa aux Antiquités Nationales et une trompe en ivoire" .(ci-dessous)
 Brassard ivoire XVII ème ; comporte un cylindre ; il  faisait partie du trésor royal de Bénin  qui se trouvait dans un coffre de la chambre de l'Oba.
Il était porté par l'Oba lors de la cérémonie annuelle Igue , pendant laquelle la personne de l'Oba est sacralisée et considérée comme divine.
Le dessin qui se développe dans le sens longitudinal comporte deux cavaliers portugais tête-bêche,  des oiseaux et des léopards.


 Trompe traversière XVI ème siècle- XVII ème siècle.
Cette trompe à embouchure latérale, comme la plupart des trompes africaines, est simplement ornée à son extrémité d'une tête de crocodile stylisée.
Parmi les ivoires raffinés exécutés dès le XVI ème siècle en Afrique pour le compte de notables européens, portugais au premier chef et que, pour cette raison, W. Fagg a nommés "ivoires afro-portugais" , deux styles et deux écoles se dégagent : l'une des Sherbo, de Sierra Leone, l'autre des Bini au Nigeria, où les éléments iconographiques européens sont plus nombreux.
Les trompes Bini étaient l'oeuvre des Igbesamwam, artistes ivoiriers du royaume de Bénin.
La plupart des trompes Bini que renferment depuis le XVII ème siècle de nombreuses collections royales européennes, présentent un décor beaucoup plus chargé de scènes de chasse et d'un bestiaire  empruntés visiblement à des ouvrages sur la chasse ou l'héraldique européennes.
Cette trompe-ci est, par contre, de forme et de décor plus spécifiquement africains.
                                                                                       à suivre

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