"Le site d'Igbo-Ukwu est celui qui a été étudié avec le plus de soin et qui a donné lieu au plus grand nombre de publications en Afrique.
De nombreuses années ont été consacrées à assembler les preuves en procédant à des anlyses chimiques et spectrographiques approfondies des matériaux.
Le site sur lequel Isiah Anozie avait découvert ses premières pièces fut prospecté, de même qu'un autre site sur l'habitation de son frère, Richard Anozie, où d'autres bronzes furent dédouverts. En 1964, lorsque Shaw exerça à l'Université d'Ibadan, il ditigea une troisième fouille chez un autre frère Anozie, Jonah.
Les trois sites ont donc été baptisés Igbo Isaiah, Igbo Richard et Igbo Jonah.
16. Pot sur pied dans un filet IXème-Xème siècle
Bronze à teneur en plomb h.32,3 cm
Igbo-Isaiah, Igbo-Ukwu. National Museum Lagos .
Cet élégant récipient a été mis à jour dans les vestiges d'un dépot rituel.
Techniquement, c'est la fonte la plus complexe d'Igbo-Ukwu.
Il se compose d'un pot à eau sphérique allongé fondu sur un pied ajouré tous deux recouverts d'un filet à doubles noeuds aux points de jonction.
La présence du pied, comme celle du piedestal du numéro 15, reflète peut-être une tradition qui a continué à se perpétuer dans cette partie du Nigeria selon laquelle l'eau sacrée ne doit pas toucher la terre avant d'être utilisée dans les cérémonies rituelles.
"C'est à Igbo-Ukwu qu'on a trouvé les autres pièces du principal groupe de bronzes.
On voyait qu'initialement elles étaient disposées en rectangle très près de le surface ; on les avait laissées dans une petite construction spécialement destinée à cet effet, peut-être un autel, mais plus vraisemblablement un dépot d'objets rituels (fig4).
Sur le second site, Igbo Richard, on a découvert la chambre mortuaire d'une personnalité de haut rang.
Le corps avait été assis sur un tabouret.
Il portait une couronne, un plastron et des bracelets et tenait un éventail et un chasse-mouche:
36. Igbo Richard,
Manche du chasse-mouche retrouvé dans la chambre mortuaire.
Le cheval et le cavalier ne sont pas rendus de façon naturaliste mais exécutés avec le même souci du détail décoratif que toutes les oeuvres d'Igbo-Ukwu.
Témoins, le costume et le harnachement du cavalier, sa coiffure, sa ceinture, sa bourse et le chasse-mouche qu'il tient dans la main droite, ainsi que l'ensemble des motifs variés qui ornent le cheval et le manche lui-même.
National Museum de Lagos
31
Pendentif représentant une tête humaine.
IX ème-Xème siècle
Igbo Isaiah Igbo-Ukwu
National Museum, Lagos.
Cette petite tête est une des rares représentations humaines trouvées à Igko-Ukwu.
Elle fait partie de la même catégorie d'objets que les pendentifs représentant deux oeufs et des têtes d'animaux (n° 32,34) Les marques scarificatoires en relief ont une disposition que l'on retrouve sur le cavalier du numéro 36
34.- Pendentif représentant une tête d'éléphant
Ce pendentif en forme de tête d'éléphant arbore un motif décoratif losangique marqué par les lignes de granulations en relief.
la trompe et les défenses ont une courbure accentuée.
La comparaison de cette oeuvre avec la tête d'éléphant de Nok (n° 13) démontre clairemet que les artistes d'Igbo-Ukwu rerésentaient les formes de la nature de manière schématique mais aussi selon une décoration très raffinée.
" Ses bras avaient été soutenus par des supports métalliques plantés dans le sol. Une canne avec un crâne de léopard au sommet était posée derrière lui.
On a également retrouvé plus de dix mille perles dont certaines avaient dû orner ses vêtements.
Sur le toit de la chambre mortuaire, cinq corps au moins avaient été inhumés en sacrifice.
Selon toute apparence, le mort était un personnage important.
Les Igbo actuels n'ont généralement pas de chef politique, mais un ou deux notables religieux.
L'un d'eux est le Eze-Nri.
Or, le site d'Igbo-Ukwu se trouve dans cette région qur laquelle il exerce cette autorité religieuse.
Il est chargé de veiller à ce que le sol soit fertile et d'aider à trancher les conflits, notamment ceux qui concernent le système de transmission des titres.
Shaw ne pense cependant pas que ce soit la tombe d'un Eze Kri car on les enterrait assez simplement.
Il pense plutôt à un Ozo, détenteur d'un haut titre qu'on inhumait en grande pompe.
32-. Pendentif aux deux oeufs (même descriptif)
Ce pendentif insolite représente un oiseau posé sur deux gros oeufs réunis par un arc décoré.
Trois mouches sont représentées sur chaque oeuf .
L'oiseau regarde vers le bas d'un air protecteur.
Ses ailes décrivent une vaste courbe loin du corps et se réunissent sous la queue.
Les yeux vigilants sont particulièrement proéminents.
Sur la face postérieure de chaque oeuf court, sur toute la longueur, une rangée de boucles auxquelles sont attachées des chaînettes de fer avec des perles et des grelots.
"Le troisième site, Igbo Jonah, est une fosse ancienne dans laquelle on avait placé une poterie très décorative et donc sans doute rituelle, ainsi qu'une fine chaîne en cuivre, plusieurs bracelets, six ornements de bâton de commandements et plusieurs autres objets.
Où et comment les bronzes d'Igbo-Ukwu et leur technique ont pu être introduits dans cette société reste une des énigmes de l'histoire de l'art nigerian.
Tous les objets retrouvés ont un dessin raffiné et sont réalisés avec une parfaite maîtrise du procédé de fonte à cire perdue.
Bien que ces oeuvres soient faites dans un alliage de cuivre d'étain et de plomb, on les nomme "bronzes" conformément à la tradition qui prévaut en histoire de l'art.
On parle également de "bronzes" pour les oeuvres en alliages de cuivre dans les environs immédiats.
On pense donc que la traite de ce métal était pratiquée depuis l' Afrique du Nord, à travers le Sahara, et que l'étain provenait du plateau de Jos.
Ou bien alors que le cuivre, l'étain et le plomb étaient fondus en Afrique du Nord ou en Europe et ce bronze vendu par des marchands venus de l'autre côté du Sahara.
Lers perles avaient certainement une grande importance dans cette culture, car on en a retrouvé plus de soixnte mille sur le seul site d'Igbo Asaiah.
Elles ont été analysées par des experts qui ont établi que leur composition ressemblait à celle des perles d'Ifé et qu'elles provenaient probablement du monde islamique. A l'époque, ces perles devaient valoir très cher ; les gens d'Igbo-Ukwu échangeaient sûrement les matières utilisées pour leur fabrication contre des esclaves, de l'ivoire, du poivre ou d'autres épices de la région forestière.
On a daté Igbo-Ukwu du IX ème siècle mais l'une des datations indique le XV ème siècle.
Shaw pense que les quatre datations au carbone 14, qui indiquaient le IX ème siècle, se recoupaient et devaient être acceptées.
Cett date a été contestée par Babatunde Lawal qui pense que la citerne Igbo-Ukwu ne peut antérieure au XV ème siècle pour deux raisons : d'une part, à cause de l'état de conservation des textiles retrouvés avec les objets et d'autre part parce que les manilles ou bracelets trouvés sur le site n'ont été introduits comme monnaie en Afrique occidentale, par les Portugais qu'au XV è siècle.
Une tradition raconte néammoins qu'à l'époque, les populations qui vivaient dans le delta du Niger avaient déjà l'habitude de trouver des manilles dans le fleuve et avaient demandé aux Portugis de les copier.
Si la datation du IX è était confirmée, elle nous donnerait une vision tout à fait nouvelle de l'ouverture de l'Afrique sur le monde extérieur.
En effet, on a souvent affirmé que la ceinture forestière de l'Afrique occidentale était impénétrable jusqu'à l'arrivée des Européens.
Or, si la datation du IX ème siècle est fermement établie, cela signifie que la région était ouverte au commerce avec le monde oriental, d'une part, mais aussi avec l'Europe méridionale de l'autre.
37 et 38 mêmes lieux, mêmes dates : médaillon serpentiforme et support de poterie
https://aaa.revues.org/284
http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF01117219
http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF01117219
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